Le ménage de la mort, c’est quoi et comment faut-il s’y prendre?

Le ménage de la mort, une technique suédoise initiée à la base pour alléger la vie des proches du défunt, peut aussi devenir saine habitude de vie. Découvrez comment pratiquer cette technique, qui touche tout le monde sur la planète.

Ménage de la mort: une pièce remplie de sable.Marie Hickman/getty images

L’idée de se préparer à la mort n’est pas la plus séduisante pour la plupart d’entre nous. Pourtant, Katarina Blom affirme qu’elle a trouvé une nouvelle source de joie et de sérénité grâce au «Swedish death cleaning», ou encore le ménage de la mort suédois.

Mme Blom est une psychologue et co-animatrice de l’émission The Gentle Art of Swedish Death Cleaning, diffusée sur la plateforme de NBC Peacock et produite par Amy Poehler. Selon elle, purger votre maison de tout encombrement vous permettra de vivre une vie plus épanouie.

Mme Blom a récemment collaboré avec la National Funeral Directors Association afin de promouvoir l’idée selon laquelle tout le monde devrait organiser et évaluer l’importance de ses possessions. Si vous ne faites pas un grand ménage de votre vivant, avance-t-elle, quelqu’un d’autre devra le faire pour vous un jour.

Le ménage de la mort est une approche différente sur la mode du désencombrement popularisée dans les dernières années, mais se rapproche du principe scandinave du «hygge». Selon cette philosophie, le minimalisme permet de vivre une vie plus riche et confortable. Selon Mme Blom, le ménage de la mort en diffère légèrement, mais mène à des résultats tout aussi intéressants.

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Reader’s Digest: Premièrement, pourquoi pensez-vous que votre approche par rapport à la mort fait autant jaser?

Katarina Blom: Je crois que cette approche est tout à fait logique. En tant qu’humains, nous haïssons la douleur et l’inconfort. L’évolution nous a équipés d’une aversion pour le risque, ce qui signifie que nous voulons éviter tout ce qui pourrait être un danger pour nous ou nous infliger de la douleur. Nous croyons aussi que la mort est très douloureuse.

Aussi, il existe une myriade de façons de vivre le deuil.

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Reader’s Digest: Vous êtes une psychologue spécialisée sur le bonheur. Pourquoi pensez-vous que l’idée du bonheur s’accorde aussi facilement avec celle de la mort?

Katarina Blom: Sans la mort, il n’y a pas de vie. C’est la chose la plus importante. Sans la maladie, nous ne pourrions pas être heureux d’être en bonne santé. Nous avons besoin d’une variété d’émotions et d’événements pour nous sentir en vie et avoir l’impression d’apprendre et de croître.

Reader’s Digest: En plus de la peur de la mort, peut-être avons-nous aussi peur de ce que nous laissons derrière nous. En quoi consiste le ménage de la mort, pour les gens qui n’en ont jamais entendu parler?

Katarina Blom: Cela consiste à s’assurer que vous êtes entouré d’objets qui ont une signification pour vous dans le moment présent. Par exemple, un objet peut vous ramener à vos années à l’université et vous souvenir de personnes avec qui vous avez été liées. Cet objet doit toutefois être placé à cet endroit pour une raison précise. Vous pouvez posséder une maison maximaliste et conserver beaucoup d’objets, mais si chacun de ces items est gardé selon une intention précise, il s’agit de votre version du ménage de la mort.

Ainsi, cette philosophie ne peut pas être réduite au minimalisme. Elle consiste davantage en une réflexion sur notre identité, la signification de notre vie et à quoi veut-on que notre maison ressemble pour le reste du temps qu’il nous reste.

Reader’s Digest: À quel moment quelqu’un devrait se commettre à sa propre version du ménage de la mort?

Katarina Blom: C’est tellement facile de penser à la mort quand nous sommes plus vieux, mais je pourrais mourir demain. Alors, c’est une démarche continue. À chaque fois qu’il y aura du changement dans votre vie, vous devriez faire un peu de ménage de la mort. À un certain point dans votre vie, vous vivrez certains changements plus importants, que ce soit un déménagement, un divorce, une rencontre significative ou la naissance d’un enfant. Ces moments permettent d’avoir une plus grande emprise sur votre domicile. Peu importe, il n’est jamais trop tôt pour adopter cette philosophie.

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Ménage de la mort: une femme assise sur une chaise.LeoPatrizi/Getty Images

Reader’s Digest: Comment le ménage de la mort se différencie-t-il du désencombrement traditionnel?

Katarina Blom: C’est beaucoup plus axé sur l’intention des objets, qui doivent être utiles ou significatifs pour vous. Je crois que votre maison devrait être le reflet de vos besoins et un rappel que vous n’êtes pas immortels. Avez-vous vraiment, vraiment besoin de tel ou tel objet? Les Américains que nous avons rencontrés avaient tellement d’objets en double. En Suède, en contrepartie, les gens ont souvent seulement un service de vaisselle blanche et quelques serviettes de table saisonnières. Essayez de vous départir des doublons qui ne sont pas nécessaires.

Reader’s Digest: L’objectif est-il de ne pas imposer à ses êtres chers la tâche pénible de trier une immense pile d’objets lorsque vous mourrez?

Katarina Blom: Le ménage de la mort permet d’effectuer une remise en ordre dans votre vie. Il permet aussi de préserver l’héritage de votre famille en léguant certains objets et en partageant des histoires. Ma grand-mère, par exemple, avait apposé des petites feuilles de papier autoadhésives sur les meubles et items importants qu’elle a légués afin que l’on comprenne d’où venait chaque objet et à qui était-il destiné.

Reader’s Digest: Pouvez-vous partager avec nous certains conseils pratiques?

Katarina Blom: Une bonne stratégie est d’avoir deux boîtes. Dans l’une d’entre elles, vous pouvez conserver tout ce que vous avez dans votre maison qui n’a pas grande signification pour les autres, mais auxquels vous tenez. Lorsque vous rendrez l’âme, vos proches sauront qu’ils pourront se débarrasser de cette boîte puisqu’elle contenait des items qui n’étaient de valeur pour personne d’autre que vous.

L’autre boîte est celle des dilemmes. Vous pouvez déposer dans celle-ci des objets dont vous hésitez à vous départir. Un mois après avoir fait cette boîte, lors d’une date déterminée d’avance, essayez d’identifier chacun des objets que vous avez placés dans celle-ci. Si vous ne vous en souvenez pas, c’est probablement parce que vous n’en avez pas besoin.

Reader’s Digest: Je conserve des sacs qui appartenaient à ma grand-mère et je ne peux pas me faire à l’idée de m’en débarrasser. Peut-être me dirait-elle: «Pourquoi as-tu gardé cet horrible sac à main?», mais je ne sais pas quels objets avaient une réelle valeur pour elle.

Katarina Blom: Ce que vous dites, en ce moment, c’est qu’on garde beaucoup d’objets par culpabilité et nous ne savons pas vraiment pourquoi.

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Reader’s Digest: J’ai eu deux problèmes de santé en tant que jeune mère et il était vraiment important pour moi de donner des instructions claires à mon mari par rapport à certains objets que je lèguerai à nos enfants. Depuis, je veux souvent parler d’enjeux testamentaires. Mon mari, toutefois, ne veut pas vraiment en parler et me dit: «Tu n’es pas morte. Tu vas bien. Nous n’allons pas mourir».

Je suis curieuse d’entendre votre point de vue en tant que psychologue qui s’est souvent penchée sur la question de la mort. Comment discuter de ces sujets? Même les membres d’un même couple ont une approche différente par rapport à la mort!

Katarina Blom: Définitivement. Je crois qu’il est important de respecter que vos volontés soient aux antipodes dans cette discussion. C’est très compréhensible, parce que vous avez eu des expériences très différentes avec la mort, même si votre mari a aussi craint de vous perdre. Il est naturel de vouloir approcher les choses différemment. Tout n’est pas noir ou blanc. L’important est de tenir une discussion nuancée. Les gens aiment toujours se sentir validés et entendus.

La meilleure chose serait d’établir clairement vos besoins et de valider les sentiments de l’un et de l’autre. Il serait peut-être judicieux de commencer en reconnaissant son point de vue pour qu’il soit plus à l’aise de parler de ce sujet. Vous pouvez lui dire: «Je ne veux pas te forcer à discuter d’un sujet qui t’effraie, mais j’ai besoin de faire un plan pour nos enfants et moi-même. C’est très important pour moi.»

Établir vos besoins et votre volonté, tout en validant ceux de votre partenaire, est la meilleure avenue. Vous pouvez aussi lui demander quelle est la signification de cette conversation pour lui et pourquoi il cherche à l’éviter.

Reader’s Digest: Ces conseils sont superbes.

Katarina Blom: J’aimerais simplement que plus de personnes soulèvent ces enjeux parce que ces questions affectent tout le monde. Il n’y a pas une seule personne sur la planète qui n’est pas touchée par ces questions.

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