Le gros problème de Phil le chat

Pour le dire en termes charitables, mon chat Jean-Philippe est du type «bien découplé». Il est vrai que sa tête et sa queue sont, elles, plutôt raisonnables, mais entre les deux, il y a ce bide… énorme et flasque.

Phil le chatDiego Blanco

L’an dernier, il frôlait les 11 kilos. Aujourd’hui, à 9,5 kilos, il est plus svelte, mais il y a encore du boulot.

Selon votre âge et vos goûts culturels, il viendra à votre esprit l’image de Winston Churchill en chat ou celle du rappeur Notorious B.I.G. en chaton. Pour ma part, je me contente de l’appeler Phil le Gros. Et je l’aime. C’est un pain de viande avec des poils. Il est adorable, mais pas vraiment en santé. Et comme j’entends profiter de sa compagnie le plus longtemps possible, il a bien fallu me résoudre à retoucher son régime – que cela lui plaise ou non.

Sans chercher à excuser Phil, il importe de brosser de lui un portrait plus complet. Je l’ai adopté quand il avait environ six mois. Auparavant, il vivait avec d’autres chatons dans une bouche d’égout. Selon les gens qui l’ont secouru, il a réussi à survivre en chassant des lézards et en mangeant les surplus généreux qu’on lui filait à la boulangerie du quartier. Entre les reptiles et le pain rassis, l’alimentation ne pouvait que s’améliorer.

Comme bien des bêtes sauvages qui franchissent la porte de la civilisation, Phil se comportait comme s’il mourait de faim. Il engloutissait sa pâtée et miaulait ensuite pour en avoir plus. Au début, parce qu’il entrait et sortait de la maison à sa guise, il avait son compte d’exercices. Le monde extérieur n’est pas sans danger pour un chat – voitures, maladies, prédateurs –, mais l’expansion de la taille n’est pas considérée comme un risque important.

Tout cela a changé quand j’ai emménagé avec Phil et Tufa, sa sœur adoptive (pas sauvage et pas grosse), dans un appartement au troisième étage, à San Diego, en Californie. L’animal s’est alors transformé en gourmet d’intérieur à temps plein et, fatalement, est vite devenu rondouillet.

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Régime choc

Bon, je regrette, oui, de ne pas avoir organisé un petit paradis extérieur dans l’arrière-cour où j’aurais pu l’envoyer faire de l’exercice. Je suis l’« ouvreuse de boîtes », je ne peux donc m’en prendre qu’à moi-même. Mais, diable, il m’était impossible de résister. Ce pauvre chat privé de son buffet de lézards m’attristait. Je dois également avouer que jai fait la même erreur quand j’ai voulu moi-même perdre quelques kilos. Bah, un peu plus de nourriture ne peut pas faire de mal… J’étais clairement dans le déni.
J’ai finalement compris que je ne maîtrisais plus la situation quand j’ai dû acheter pour le chat une cage de transport pour chien de taille moyenne parce qu’il n’entrait plus dans la sienne.

Avec insistance, la vétérinaire a recommandé un régime. Les chats courent des risques semblables à ceux qui menacent les humains obèses – les radiographies de Phil montraient d’ailleurs qu’il souffrait déjà d’arthrite aux pattes antérieures. Et l’enjeu était d’autant plus important pour lui qu’on avait retiré une tumeur dans une de ses pattes arrière menacée d’amputation en cas de récidive. Un chat à trois pattes vit généralement bien avec ce handicap, disent les vétérinaires, mais pas s’il traîne le double de son poids.

S’il ne restait à Phil le Gros qu’à se transformer en Phil le Mince, ou en Phil-un-peu-moins, perdre du poids trop vite n’est pas sans danger. Les régimes chocs sont à l’origine d’une maladie potentiellement mortelle, la lipidose hépatique. Plutôt que de diviser le poids de Phil par deux, la vétérinaire a préféré fixer l’objectif à huit kilos. Il devait quand même perdre 25 %  de sa masse corporelle. Elle m’a recommandé un site qui calcule les calories quotidiennes dont le chat a besoin pour perdre du poids à un rythme normal. C’était donc possible.

Mais pas gagné, car je me suis heurtée à ce préalable auquel je n’avais pas pensé : maîtriser l’algèbre avancée pour compter les calories dans les aliments pour chat.

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Phil le chapardeur

Le régime de Phil est généralement constitué d’aliments crus ou lyophilisés et de pâtée en boîte. Il a commencé le sien à 270 calories par jour. Vous êtes-vous déjà amusé à calculer le nombre de calories que contient la marque préférée de nourriture de votre chat ? Certains fabricants ne jugent pas utile de marquer cette information sur l’étiquette. D’autres l’impriment en caractères pratiquement illisibles. Et elle est déclinée en termes qui vous obligent à faire un petit calcul : si 450 g de bouchées de poulet lyophilisé contiennent 125 calories et qu’un verre rempli en contient environ 700 g et qu’il faut 50 bouchées pour remplir un verre, alors chaque bouchée équivaut à… attendez, comment c’est la règle de 3 déjà…

À ce point, il importe de me répéter que, aux dires des vétérinaires, c’est le meilleur régime pour félins. Et d’avoir à portée de main, avec la nourriture pour chats, une petite balance et une calculatrice.

Mais j’ai également pris conscience des énormes différences qui existent entre les aliments destinés à nos animaux de compagnie. Les calories d’un petit sachet de la marque préféré de Phil varient ainsi de 50 à 100. J’ai dû concocter un heureux mélange de saveurs qu’il préfère, qui remplit son estomac et ne dépasse pas les calories permises.
Victoire ! Après plus d’un an, mon chat a perdu un kilo et demi et sa consommation quotidienne est passée à 250 calories. Mais le combat est permanent. Phil est un chapardeur de première. Je nourris sa sœur à un endroit surélevé qu’il ne peut atteindre, mais il considère la table de la salle à manger comme un terrain de chasse parfaitement normal. Ce matin encore, après avoir avalé son petit-déjeuner, profitant de ma distraction, il a chipé du saumon fumé dans mon assiette.

Il est doué pour les cajoleries et sait se faire insistant. Il commence à réclamer son dîner vers 13 h et se dresse parfois sur ses pattes arrière pour me tapoter l’épaule quand je suis assise devant l’ordinateur. S’il avait une montre, il pointerait la patte dessus. Je dois mobiliser tout mon sang-froid pour résister à ses supplications. Mais je tiens bon. Et bientôt, sa corpulence de chien fera place au profil d’un simple grand chat.

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Contenu original Selection du Reader’s Digest