L’impact du stress sur votre santé physique

Voici 8 raisons pour lesquelles votre corps réclame une réduction du stress que vous lui infligez.

Stress sur la santé physique: illustration d'une silhouette d'une femme.Illustration de Kumé Pather

Ma mâchoire me fait mal. Pas grave, n’est-ce pas? Pas grave… Au début, énervée par une échéance imminente ou une dispute avec mon conjoint, je serre les dents, et la douleur s’installe. Elle m’empêche de mordre dans un sandwich croustillant, ma glycémie chute, et la migraine est alors inévitable. Je devrai peut-être renoncer à m’entraîner ou à voir une amie: mon humeur se dégrade à vitesse grand V. Une bonne nuit de sommeil est exclue. Je me retournerai sans arrêt dans mon lit, les dents toujours bien serrées, puis tout recommencera demain. Le plus petit germe de stress peut vite enfler au point de vous rendre malade, même au niveau de la santé physique.

Pas anxieuse, irritable ou mélancolique (même si ça peut aussi arriver), mais malade physiquement, de la tête aux pieds – des cheveux qui grisonnent parce que les cellules souches meurent jusqu’aux orteils qui picotent par manque de sang (c’est fréquent avant et après une crise de panique). S’il vous faut une bonne raison pour faire une promenade ou une séance de méditation, en voici huit qui sont peut-être en train de miner votre organisme en ce moment.

Assurez-vous de connaître ces 8 signes que le stress vous rend malade.

L’impact du stress sur le cerveau

D’abord, définissons le stress. «C’est un état d’inquiétude induit par un facteur externe, dit Krystal Lewis, psychologue clinicienne à l’Institut national de la santé mentale du Maryland. Il peut être aigu, mais passager (vous foncez pour être à l’heure au travail) ou encore, chronique (en raison d’une carrière bien remplie, point final). Dans le meilleur des cas, il est aigu, mais vous en revenez rapidement. En réalité, comme les trois Américains sur quatre qui s’en plaignent, le vôtre est sans doute chronique.

Dans les deux cas, l’amygdale du cerveau s’alarme et pousse l’hypothalamus à stimuler le système nerveux sympathique afin de sécréter un flot de cortisol, d’adrénaline et de norépinéphrine. Il y a des centaines de milliers d’années, ça vous aurait peut-être aidé à échapper aux dents de sabre d’un tigre, mais, en 2024, c’est franchement excessif pour éviter d’être en retard à une réunion. «Quelle que soit la raison, quand vous vous trouvez dans une situation que vous ne maîtrisez pas, votre cerveau sécrète un flot d’hormones pour vous aider à l’affronter», explique la psychologue. Ces hormones peuvent détruire des neurones, en particulier ceux récemment formés, provoquant une atrophie cérébrale, une contraction ou une lésion du cortex préfrontal qui joue un rôle crucial dans la cognition, la concentration et la mémoire.

Apprenez ensuite à contrôler votre stress pour diminuer ses effets négatifs.

L’impact du stress sur la tête, la mâchoire et les épaules

C’est souvent dans ce «triangle» que le stress se manifeste au départ. «Quand vous êtes stressé, que votre corps se prépare à combattre ou à fuir, vos muscles se tendent afin d’être prêts à vous défendre», explique Krystal Lewis. Si vous restez dans cet état, vous allez ressentir de la fatigue et de la tension musculaire, comme si vous faisiez longtemps la planche au gymnase. Serrer les dents inconsciemment peut déclencher ou aggraver des troubles comme le bruxisme (grincement des dents), le dysfonctionnement temporo-mandibulaire ou le globe hystérique (nom effrayant donné à la sensation d’avoir une boule dans la gorge qui gêne la déglutition).

À propos, avez-vous déjà souffert d’un malencontreux mal de tête le vendredi soir après une dure semaine? Cela est dû à la diminution de vos hormones de stress, trop élevées pendant toute la semaine, ce qui provoque une dilatation des vaisseaux sanguins (la vasodilatation est un déclencheur connu de la migraine). Vous serez en danger tant que votre tension nerveuse ne se sera pas dissipée.

Vous souffrez peut-être de l’une de ces 25 sources de stress inutiles.

L’impact du stress sur l’intestin

Le stress vous «retourne l’estomac» ou vous «tord les boyaux» parce que le cerveau et l’intestin sont si intimement liés que les chercheurs qualifient cette connexion d’«axe cerveau-intestin», soulignant ainsi l’activité des millions de nerfs et de neurones qui communiquent par l’entremise du nerf vague (un «câble épais» reliant ces deux organes). «Toutes les émotions que vous éprouvez, l’intestin les perçoit et les ressent, affirme le Dr Emeran Mayer, gastro-entérologue et auteur de The Mind-Gut Connection. L’intestin est un habitat microbien, et ce qui modifie cet habitat force les microbes à s’adapter.» L’activité et, même, la composition du microbiote intestinal changent en conséquence.

Le stress peut aussi altérer les sécrétions de fluides, la durée du transit et la perméabilité de l’intestin, qui laisse alors passer dans le sang des molécules toxiques issues d’aliments non digérés. Le système immunitaire réagit à ces fuites intestinales comme à tout autre corps étranger, explique le Dr Mayer, par une légère inflammation du système immunitaire.

Parallèlement, le stress augmente la sécrétion d’acide et ralentit la vidange gastrique, deux causes de reflux gastrique (brûlures d’estomac) et du syndrome du côlon irritable (SCI). Si vous souffrez de douleurs gastriques, elles seront plus vives: «La tension nerveuse rend les nerfs sensoriels plus sensibles», avertit le Dr Mayer.

L’impact du stress sur le cœur

S’agissant du cœur, c’est le stress passager qui monopolise l’attention. Les crises cardiaques sont causées par un blocage de la circulation sanguine dans une artère coronarienne. Et en termes dramatiques dignes du film Les pages de notre amour, le «syndrome du cœur brisé» (plus prosaïquement appelé «cardiomyopathie de stress» par la médecine) réduit la circulation sanguine dans ces artères et peut même être mortel dans de rares cas. «Vous aurez des palpitations, ferez de l’hyperventilation, perdrez connaissance si vous êtes en trop grand manque d’oxygène», précise Patrice Lindsay, directeur de la Fondation des maladies du cœur du Canada.

Stress santé physique: illustration d'un cœur humain.Kumé Pather

Si les effets du stress passager sont immédiats et perceptibles, c’est le plus furtif stress chronique qui est qualifié de «tueur silencieux», et ce, pour une bonne raison. «Le stress abîme le cœur de toute sorte de manières», dit M. Lindsay. Il le fait battre plus vite ou irrégulièrement (arythmie cardiaque), provoque un rétrécissement excessif des vaisseaux sanguins (vasoconstriction plutôt que vasodilatation) qui cause les fameux picotements des orteils. Mais l’effet le plus grave du stress constant sur le cœur, c’est l’augmentation de la tension artérielle. Principal facteur de risque des maladies cardiaques et ACV, l’hypertension affecte un adulte sur quatre dans le monde. Elle durcit les artères, réduit l’apport de sang et d’oxygène aux tissus et accroît le risque de formation de caillots sanguins.

Connaissiez-vous l’un de ces 8 symptômes peu communs du stress?

L’impact du stress sur les poumons

Vous attrapez une douzaine de rhumes chaque hiver? Plus que les microbes, la source de votre problème est sans doute le stress débridé qui monopolise vos moyens de défense. «L’excès de cortisol freine le système immunitaire, qui devient moins efficace contre les microbes, provoquant ainsi rhumes et grippes», explique la physiologiste Laura Ginesi, chargée de recherche auprès de l’Association internationale pour la gestion du stress du Royaume-Uni. Entre autres interactions complexes entre le stress et le système immunitaire, il y a ce cercle vicieux: le stress diminue le nombre de lymphocytes, ces globules blancs qu’on appelle souvent «cellules tueuses naturelles», et ceux qui survivent doivent, en plus, faire face à toute inflammation chronique qui épuise déjà le système immunitaire.

L’impact du stress sur la peau

Si vous avez déjà rougi de honte ou sué pendant un examen, vous savez que la peau, votre plus grand organe, réagit presque instantanément au cortisol. «Le stress passager, comme la nervosité ressentie avant un exposé, peut provoquer des réactions problématiques, telles que rougeurs, démangeaisons, transpiration», dit Alia Ahmed, psychodermatologue britannique spécialiste des interactions entre le cerveau et l’épiderme. Le cortisol stimule aussi la sécrétion de sébum (huile), ce qui peut expliquer les points noirs qui peuvent apparaître la veille de votre mariage. Tout ça finit par passer, heureusement. D’autres réactions cutanées perdurent.

«Le stress induit une réaction inflammatoire qui tend à aggraver des problèmes comme l’eczéma, le psoriasis et la rosacée», poursuit-elle. En proie au stress, même une peau de pêche peut s’assécher, s’écailler et démanger. L’augmentation du niveau de cortisol s’accompagne d’une diminution du collagène, d’où «des plis, des rides, des taches, des signes de vieillissement prématuré et une peau terne». Ajoutons que les sujets stressés dorment moins bien, mangent plus mal et sont souvent déshydratés, toutes choses qui se reflètent immédiatement sur la peau.

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L’impact du stress sur l’appareil reproducteur

Il vous est arrivé de rentrer d’humeur romantique après une journée pénible au bureau ? Probablement pas. «Imaginez-vous tenir votre poing serré toute la journée et ne l’ouvrir qu’à huit heures du soir pour prendre une fourchette, suggère Uchenna Ossai, physiothérapeute et éducatrice sexuelle à Austin. Votre main sera ankylosée, et c’est pareil pour le corps.»

Un niveau chroniquement élevé de cortisol a des effets attestés sur les hormones sexuelles. Chez les femmes, l’hypothalamus est trop mobilisé par la gestion du cortisol pour amener l’hypophyse à libérer l’estrogène et la progestérone déclenchant les règles. D’où des menstruations irrégulières ou nulles, une réduction des ovulations, une fécondité diminuée. Chez les hommes, le stress chronique intense inhibe la production de testostérone, ce qui peut diminuer celle des spermatozoïdes, provoquer une dysfonction érectile et rendre impuissant.

L’impact du stress sur les muscles et les articulations

Les douleurs lombaires sont classiques, mais le stress peut aussi affecter les bras, les jambes, les mains et les pieds. Explication scientifique: «le sang afflue dans la zone enflammée pour la nettoyer», dit Laura Ginesi. Quand le cerveau perçoit une douleur, parce que vous vous êtes entaillé un doigt ou que vous serrez les dents obstinément, il essaie de réparer les dommages. «Le stress surexcite les neutrophiles – globules blancs impliqués dans la réaction inflammatoire – pour accélérer la guérison des tissus.» Et ça peut provoquer des signaux nerveux qui font mal, comme un pouce qui saigne. «L’inflammation est cause de rougeur, de sensibilité, d’enflure et de douleur», précise-t-elle.

L’inflammation chronique peut ressembler aux raideurs articulaires, à la tendinite et aux courbatures. Si elle n’est pas soignée, elle risque de contribuer à la formation irréversible d’une quantité anormalement abondante de tissu cicatriciel (fibrose), de léser l’ADN et, comme elle affecte la croissance et la division cellulaires, de provoquer des mutations potentiellement cancéreuses.

La pensée que le stress peut tuer est terrifiante, à moins de savoir comment retourner la situation. «Vous pouvez conjurer tout cela en appliquant quelques trucs simples pour vous déstresser», dit Laura Ginesi. Dans mon cas, ça prend la forme de cours de yoga, d’une séance de méditation de 10 minutes par jour et d’un massage mensuel. Pour vous, ça peut être pareil ou même plus simple: des études ont montré qu’il suffit de fermer les yeux et de respirer profondément pour réduire et régulariser le niveau de cortisol, et ce, où qu’on se trouve, sur-le-champ et sans frais.

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Contenu original Selection du Reader’s Digest