Symptômes de troubles alimentaires (qui n’ont rien à voir avec le poids)

On a tendance à lier les troubles alimentaires à la forme du corps. Les experts recherchent plutôt des signes subtils qui peuvent annoncer une relation conflictuelle avec la nourriture.

Trouble Alimentaire Fourchette HerbeGettyImages

Les troubles alimentaires défient l’égalité des chances: leur taux grimpe invariablement, sans égard à l’âge, l’origine ou le sexe. Une étude de Statistique Canada révèle qu’environ 1 million de Canadiens ont reçu un diagnostic de trouble alimentaire en 2016. Aux États-Unis, près de 30 millions de personnes (9% de la population) y seront confrontées au cours de leur vie, selon la National Association of Anorexia Nervosa and Associated Disorders (ANAD). L’anorexie mentale, la boulimie nerveuse, l’hyperphagie boulimique et l’exercice compulsif font partie des troubles alimentaires. Il existe cependant de nombreuses idées fausses sur ces troubles, prévient Nancy Zucker, professeure agrégée en psychiatrie et sciences du comportement de l’école de médecine de l’Université Duke, et directrice du Centre pour les troubles alimentaires de Durham, en Caroline du Nord.

«Le mythe dominant est que les troubles de l’alimentation reposent sur un souci d’apparence. Mais il s’agit, en fait, d’un trouble d’estime de soi.» Ces états servent souvent à contrôler un environnement qui semble échapper aux personnes qui en souffrent. Il y a également une certaine confusion touchant l’apparence de quelqu’un qui a un trouble alimentaire. Selon l’ANAD, moins de 6% de ceux qui en sont atteints présentent une insuffisance pondérale. Cela veut dire que tout le monde, quelle que soit sa corpulence, peut y faire face.

Les troubles alimentaires présentent un risque pour la vie ou ont des conséquences à long terme sur la santé, selon le National Institute of Mental Health. Par exemple, l’anorexie peut causer de l’anémie, de la malnutrition ou de l’hypotension artérielle. De son côté, l’hyperphagie boulimique peut éroder l’estime de soi, tout en haussant le risque de prise de poids et de maladie cardiaque, de sentiment de honte, de repas pris en cachette et de régimes fréquents. Il est important de souligner que ce ne sont pas tous les troubles alimentaires qui mènent à une perte ou une prise de poids extrêmes. Voici comment détecter des symptômes de troubles de l’alimentation qui ne sont pas liés au poids.

Inflexibilité avec des types d’aliments

La suppression d’un nombre croissant de groupes alimentaires (tous les sucres, glucides, produits laitiers, viandes et produits d’origine animale) peut annoncer un trouble de l’alimentation, explique Nancy Zucker. Cela s’appelle l’orthorexie. L’industrie alimentaire encouragerait, selon elle, une approche rigide en privilégiant un type d’aliment plutôt qu’un autre. «Les glucides sont déclarés mauvais, puis c’est au tour des lipides.» Les régimes d’élimination peuvent compliquer la vie de ceux qui souffrent de troubles alimentaires. «Ces régimes peuvent éliminer jusqu’à 85% des aliments autorisés.»

Les parents doivent se montrer très vigilants face aux signes précurseurs de troubles alimentaires chez l’enfant, un trouble qui affecte de plus en plus de jeunes.

Ignorance des signaux envoyés par le corps

En s’imposant des règles alimentaires rigides, les gens commencent à ignorer les signaux corporels de faim et de satiété, souligne Nancy Zucker. Une recherche de 2016, publiée dans Biological Psychiatry, a fait l’étude de la fonction cérébrale d’un échantillon de 23 femmes ex-anorexiques, et de 17 femmes en bonne santé jamais affectées. Les chercheurs ont découvert que les anorexiques, même convalescentes, réagissaient différemment aux signaux de faim que celles en bonne santé. Leur réponse plus faible révélait moins d’intérêt à s’alimenter.

Le trouble dysmorphique corporel peut provoquer de l’anxiété, de la honte et de la dépression. Le bon côté des choses, c’est qu’il est traitable. Connaissez-vous les signes silencieux du trouble dysmorphique corporel?

Alimentation en isolement

Il est normal que les amis et la famille se préoccupent de ceux qui font des choix nocifs pour leur santé. C’est ce qui explique la volonté des gens souffrant d’un trouble alimentaire à s’isoler, surtout lors des repas. «Le fait d’éliminer des groupes alimentaires entiers complique énormément les repas au restaurant ou chez les autres, et la justification des habitudes alimentaires de la personne, ajoute Nancy Zucker. Il en résulte une forte pression sociale, et un malaise.»

Imaginez souffrir d’un trouble méconnu qui vous pousse à vous empiffrer pendant votre sommeil. Eh bien, c’est le cas de Dave, un Montréalais d’une cinquantaine d’année. Apprenez-en plus sur la parasomnie alimentaire et sur l’histoire de Dave.

Exercices compulsifs

Une femme fait des exercices excessifs.TERO VESALAINEN/GETTY IMAGES

Selon la National Eating Disorders Association aux États-Unis, l’exercice compulsif ou excessif se décèle notamment lorsque l’entraînement prend la priorité sur des activités importantes. Également, que les exercices sont programmés à des heures ou dans des contextes indus et qu’ils sont exécutés malgré des blessures ou autres problèmes médicaux.

«L’entraînement peut être très efficace pour traiter la dépression et les troubles de l’humeur et entretenir la santé cardiovasculaire», ajoute Nancy Zucker. Mais pour ceux qui ont des troubles alimentaires, la volonté d’en faire toujours plus peut prendre le dessus et régenter leur existence.

À ce propos, savez-vous comment identifier et contrer l’anorexie chez un proche?

Perception jusqu’au-boutiste de l’exercice

Il s’agit à nouveau de l’ignorance des signaux que vous envoie votre corps, précise Nancy Zucker. L’incapacité de manquer un entraînement ou de s’accorder une pause pourrait être annonciatrice d’un trouble. «Une telle inflexibilité peut entraver d’autres éléments importants dans votre vie. Il y a des jours où votre corps exige carrément du repos, mais la rigidité et les règles autour de l’exercice prédominent. Vous n’arrivez plus à vous dire: je dois écouter mon corps; aujourd’hui, ça va être jour de repos.»

Comme l’anorexie, la boulimie finit par détruire à petit feu le psychisme, voire l’organisme. Elle se définit, pour sa part, par des épisodes récurrents de frénésie alimentaire à raison de deux fois par semaine, sur une période d’au moins 3 mois. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur la boulimie; ses symptômes et ses causes.

Règles strictes pour tout nouvel aliment

Une personne atteinte d’un trouble alimentaire peut peiner à modifier son alimentation, et à expérimenter tout ce qui sort de sa routine. «Il s’agit du même blocage, en termes de réticence, dans la volonté de goûter quelque chose de nouveau, ou de prendre une bouchée de dessert, explique Nancy Zucker. Une rigueur absolue entoure le régime alimentaire. Il est tellement strict, que ces personnes se sentent menacées et effrayées par de telles déviances.»

L’hyperphagie boulimique, qui se distingue de la boulimie, se définit par des épisodes récurrents de crises de boulimie qui ne sont pas associés à des comportements compensatoires et qui occasionnent donc un surpoids. Voici ce que vous devez savoir sur les symptômes et les traitements pour vaincre l’hyperplasie boulimique.

Se priver des repas familiaux

Voici comment passer du temps de qualité en familleéDrazen Zigic/SHUTTERSTOCK

Avec les horaires chargés de chacun, il est courant que tous les membres d’une famille en arrivent à manger seuls dans la cuisine ou dans la voiture, se privant ainsi d’un repas autour de la table familiale. Mais sauter des repas peut cacher un trouble alimentaire, souligne Nancy Zucker. «Selon moi, un des moyens pour éviter les troubles alimentaires, ou en repérer un dès le départ, est de manger à des heures régulières, dans le cadre des rituels et des routines familiales». La recherche a également souligné l’impact sur les enfants (et surtout les filles) des discussions des parents touchant les régimes ou la perte de poids, qui peuvent les prédisposer à de futurs troubles alimentaires.

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