Vivre avec des allergies saisonnières

Un Canadien sur quatre souffre d’allergies saisonnières… et les changements climatiques ne feront qu’aggraver les choses.

Allergies saisonnières: illustration d'une femme maladie qui voit son reflet dans la fenêtre.Illustration de Kate Traynor

Ah, les premiers signes du printemps… L’apparition des bourgeons sur les arbres et la chaleur des rayons du soleil en sont de bonnes indications, mais aussi vos éternuements et vos yeux rouges irrités. C’est la saison des allergies saisonnières!

Plus de 9 millions de Canadiens souffrent d’allergies saisonnières, qui peuvent commencer dès février sur la côte Ouest et s’étirer jusqu’à l’été. Elles peuvent être déclenchées par le pollen de l’herbe, des mauvaises herbes et des bourgeons des arbres comme le bouleau et l’érable.

«Je souffre d’allergies depuis 10 ans, mais elles se sont aggravées dernièrement», raconte Patrick Boyd. Le trentenaire, qui vit à Toronto, n’est pas le seul à connaître une augmentation des symptômes de rhinite allergique: nez qui coule en permanence, yeux larmoyants qui brûlent et qui piquent, gorge irritée. Partout au pays, les allergies saisonnières sont en hausse: les mois où l’indice de pollen est élevé commencent plus tôt, durent plus longtemps et s’intensifient. En fait, en 2023, Toronto a connu sa pire saison des allergies des cinq dernières années.

«Nous avons vu les niveaux de pollen augmenter au Canada, déclare Daniel Coates des Aerobiology Research Laboratories, une entreprise canadienne de surveillance des allergènes aériens. Il y a des cycles en hausse et en baisse, mais si on établit une tendance entre toutes les années de données, on voit les niveaux de pollen augmenter», explique-t-il.

Les experts croient que les changements climatiques pourraient être à blâmer. «Ce qui chamboule tout est le fait que nos hivers durent plus longtemps et que nous nous retrouvions ensuite plongés dans des températures pratiquement estivales», dit la Dre Anne Ellis, directrice de la Division d’allergie et d’immunologie du département de médecine de l’Université Queen’s, en Ontario.

Ce changement soudain des températures amène les arbres à paniquer et à nous «bombarder» de pollen au lieu de bourgeonner et de fleurir lentement, selon elle. Et depuis que les arbres libèrent du pollen beaucoup plus tard dans de nombreuses régions du pays, ces allergies coïncident maintenant avec la saison de pollinisation des graminées. «Les personnes qui sont allergiques aux deux vivent un double coup dur», explique la Dre Ellis.

La rhinite allergique est aggravée par la cause même des changements climatiques: la pollution atmosphérique. Les recherches menées par son laboratoire ont démontré que les gaz d’échappement des moteurs diesel empiraient les symptômes d’allergie à l’herbe à poux.

«Si vous vivez dans une ville où la pollution est liée à la circulation automobile, la situation est susceptible d’amplifier vos symptômes», ajoute-t-elle. (De nombreuses villes ne font qu’accentuer le problème de la qualité de l’air en plantant trop d’arbres mâles – qui libèrent de grandes quantités de pollen – car ils ne produisent pas de fruits juteux ou de fleurs.)

Consultez notre calendrier des allergies saisonnières pour la saison à venir!

Peut-on réduire les symptômes d’allergies?

Vous pouvez réduire votre exposition les jours où l’indice de pollen est élevé en suivant les prévisions sur votre chaîne météo locale. Lorsque certains pollens sont à leur apogée (habituellement entre la fin du printemps et le milieu de l’été selon l’endroit où vous habitez), adoptez de saines habitudes pour combattre les allergies en n’étendant pas votre lessive dehors pour la faire sécher, en gardant les fenêtres fermées et en installant un filtre HEPA sur votre chaudière. S’entraîner à l’intérieur, déléguer les tâches d’entretien de la pelouse et du jardin qui libèrent des allergènes ainsi que se doucher après avoir passé du temps dehors sont des gestes qui permettent de réduire son exposition.

Allergies saisonnières: des personnes avec des allergies.Illustration de Kate Traynor

En dépit ou peut-être en partie à cause de la façon dont les allergies printanières courantes ont évolué, nous avons tendance à n’y voir guère plus que des reniflements qui viennent avec le printemps. Cela ne rend cependant pas service aux personnes qui souffrent de ces symptômes au quotidien, parfois pendant des mois, de dire la Dre Ellis. «Personne ne meurt du rhume des foins, mais il peut avoir un énorme impact sur la qualité de vie.»

Patrick Boyd dit se sentir souvent irritable en raison de l’inconfort engendré par ses yeux larmoyants et son nez qui coule. «Les allergies me donnent aussi des maux de tête», explique-t-il. Comme approximativement 75 à 80% des gens qui ont une rhinite allergique, il n’a jamais consulté de médecin à ce sujet mais songe à prendre un rendez-vous tellement ses allergies se sont aggravées.

«Si aucun des antihistaminiques en vente libre ne fonctionne dans votre cas, il est temps de consulter votre médecin», conseille la Dre Ellis. Il pourra vous prescrire de meilleurs antihistaminiques, des stéroïdes par voie nasale, des gouttes pour les yeux et, au besoin, vous adresser à un allergologue qui pourra déterminer si vous êtes un bon candidat pour l’immunothérapie. Le traitement consiste en des comprimés sublinguaux ou en une désensibilisation qui minimisera lentement la réaction de votre corps à l’allergène et réduira ainsi vos symptômes. «Le plus important est de ne pas souffrir en silence», conclut-elle.

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Contenu original Selection du Reader’s Digest