En cas de catastrophe : 5 choses à ne pas faire

Selon les estimations d’un spécialiste, 80% à 90% d’entre nous ne parviendraient pas à réagir adéquatement lors d’une situation de survie. Et vous, en cas de catastrophe, sauriez-vous comment réagir? Voici les comportements à proscrire.

1 / 7
En cas de catastrophe, les gens restent paralysés de peur.
Andrey_Popov/Shutterstock

S’immobiliser

Une des réactions communes face au danger est l’inaction. Lors d’une attaque au couteau à Londres l’an dernier, un policier au repos qui a affronté les agresseurs a rapporté que les passants semblaient paralysés « comme des chevreuils dans le faisceau des phares ».

La menace déclenche trois types de réactions bien connues des psychologues : l’affrontement, la fuite ou l’immobilité. Pendant que différents neurotransmetteurs se répandent dans nos tissus et que nos muscles se bandent, notre cerveau reptilien, à la base du crâne, produit un signal qui nous cloue sur place.

On observe une réaction identique chez les animaux, des rats aux lapins, qui s’immobilisent pour échapper au regard du prédateur. Mais pour sortir vivant d’une catastrophe, il faut à tout prix dominer ce réflexe.

Savoir comment réagir en cas d’urgence pourrait vous être utile si vous réalisez l’un des 12 voyages les plus dangereux au monde.

2 / 7
En cas de catastrophe, il vaut mieux réfléchir avant d'agir trop vite.
flysnowfly/Shutterstock

Ne pas prendre le temps de réfléchir

Pendant la guerre du Golfe, craignant une attaque au gaz toxique de l’Irak, le gouvernement israélien avait distribué des masques et des doses d’antidote à toute sa population. Si l’alarme était donnée, les gens devaient s’enfermer dans un abri – une pièce de survie hermétique – et enfiler leur masque.

Du 18 janvier au 28 février 2018, Israël a subi 39 bombardements, pour la plupart dirigés contre Tel Aviv. Les missiles ne portaient pas d’armes chimiques, mais plus d’un millier de personnes ont été blessées. Pas comme on pourrait l’imaginer.

D’après les registres des hôpitaux, seulement 22 % des victimes ont été blessées par une explosion. Les autres, plus de 800 personnes, l’ont été indirectement, par l’affolement qu’avait provoqué l’alarme elle-même.

Sept d’entre elles sont mortes parce qu’elles avaient mis leur masque mais oublié d’ouvrir le filtre, 230 se sont injecté l’antidote alors qu’elles n’avaient pas inhalé de gaz toxique, 40 se sont fait une entorse, une fracture ou une lésion quelconque en courant vers l’abri.

3 / 7
En cas de catastrophe, il faut réagir rapidement.
begalphoto/Shutterstock

Tarder à réagir

Le cerveau humain est étonnamment lent – et les catastrophes surviennent rapidement. Les avionneurs doivent prouver qu’il est possible d’évacuer leurs appareils en 90 secondes, car passé ce délai, le risque que la cabine s’enflamme croît brutalement. Mais à ce moment fatidique, la plupart des passagers n’ont pas fini de détacher leur ceinture.

« La capacité du cerveau à traiter une nouvelle information est très limitée », explique Sarita Robinson, psychologue à l’Université du Lancashire central, en Angleterre.

Durant une catastrophe, notre vitesse de réaction diminue dramatiquement. « Dans une situation très stressante, l’organisme sécrète toutes sortes d’hormones, dont du cortisol, de l’adrénaline, de la norépinéphrine et de la dopamine », poursuit la psychologue. Ce cocktail altère le fonctionnement du cortex préfrontal, la partie du cerveau qui gère certaines facultés supérieures comme la mémoire de travail. Au moment où nous avons besoin de toute notre présence d’esprit, nous perdons nos moyens et sommes plus susceptibles de prendre de mauvaises décisions.
Persévérer dans l’erreur

C’est rassurant de croire qu’en cas de crise nous allons faire preuve d’imagination et trouver une solution originale au problème, mais – vous l’avez deviné – il n’en est rien. De fait, nous avons tendance à « persévérer » – à faire et refaire la même chose, peu importe le résultat.

Les ceintures de sécurité des petits avions deviennent souvent des pièges parce qu’elles s’attachent à l’épaule et que les passagers, qui les cherchent instinctivement à la taille, paniquent quand ils ne les trouvent pas. Lors d’autres incidents, il s’est avéré que les pilotes avaient fixé toute leur attention sur un seul instrument ou remède possible.

Fait curieux, cette dangereuse persévérance s’observe aussi chez ceux dont le cortex préfrontal a subi une lésion irréversible. Il se pourrait donc que la réaction du cerveau au stress paralyse cette région et nous prive de notre flexibilité d’esprit durant une crise.

Assurez-vous de connaitre les 19 dangers cachés des machines les plus populaires des salles de sport.

4 / 7
En cas catastrophe, les gens ont tendance à faire comme d'habitude.
KANOWA/Shutterstock

Faire comme d’habitude

À première vue, rien de plus fou ou stupide que de rentrer dans une maison en flammes pour récupérer un portefeuille. Et pourtant cela arrive si souvent que les psychologues lui ont donné un nom au phénomène: « comportement stéréotypé ». Voici comment prévenir les principales causes d’incendie à la maison.

« En sortant de chez vous, vous prenez votre portefeuille. Sans même y penser. C’est un automatisme », dit James Goff, spécialiste de la gestion des catastrophes et urgences à l’Université de Nouvelle-Galles-du-Sud, en Australie.

Après l’écrasement du vol 521 -d’Emirates à l’aéroport international de Dubaï en 2016, des passagers ont couru autour de l’avion pour essayer de récupérer leurs bagages. Par chance, aucun n’a été tué.

Mais pourquoi sommes-nous incapables de résister à ces réflexes ? Notre cerveau aime la routine. Dans des circonstances normales, l’habitude de récupérer nos bagages machinalement nous permet de nous concentrer sur ce que nous ignorons – les tours et détours d’un aéroport inconnu, par exemple. « Nous agissons dans le présent, mais pensons à l’avenir », dit John Leach.

En cas d’urgence, notre cerveau peut être dépassé par la situation et refuser d’y faire face.

5 / 7
En cas de catastrophe, les gens nient la réalité du danger.
Denis Belitsky/Shutterstock

Nier la réalité

Dans le pire des cas, cela peut aller jusqu’à nier complètement le péril. « C’est ce que font invariablement plus de 50 % des gens; ils descendent sur la plage pour voir arriver le tsunami », note James Goff, qui sensibilise les populations des zones les plus exposées à ces vagues monstrueuses.

Il y a deux causes possibles à cette réaction de déni, selon Sarita Robinson : on ne mesure pas le danger ou on ne veut pas y penser. La seconde est très fréquente lors d’un incendie de forêt, car l’évacuation signifie souvent l’abandon de la maison aux flammes.

« Les gens attendent de voir la fumée – et il est souvent trop tard », dit Andrew Gissing, spécialiste de la gestion des risques en situation d’urgence au cabinet de conseil australien Risk Frontiers.

Quand l’enjeu est important, notre cerveau a tendance à repousser les idées angoissantes. C’est peut-être pour cela que, comme l’a révélé une étude récente, les personnes atteintes de cancer attendent en moyenne quatre mois après l’apparition des symptômes avant de consulter un médecin.

Ces 10 catastrophes pourraient vous arriver lors de votre prochain voyage.

6 / 7
En cas de catastrophe, ayez les bons réflexes.
Phonix_a Pk.sarote/Shutterstock

Que faire, alors, en cas de catastrophe?

Pour James Goff, il est vital d’être préparé. «Si vous savez comment agir et que vous partez tôt, vous avez une bonne chance d’échapper à un tsunami, dit-il. Même si c’est de justesse.»

John Leach a passé des années à entraîner des militaires à survivre à des situations terrifiantes, d’une prise d’otages à l’écrasement d’un hélicoptère en mer. La meilleure façon de surmonter le vide mental selon lui consiste à remplacer les réactions aussi automatiques qu’inutiles par des actes susceptibles de vous sauver la vie. «Vous devez élaborer des comportements de survie adaptés qui constitueront votre première réaction en cas d’urgence», affirme-t-il. Souvent, il suffit d’une seule crise pour acquérir et ancrer ce genre de réflexe.

George Larson, le survivant du vol 440 d’Indian Airlines, a couru plus de risques après l’écrasement que pendant. Il s’en est sorti avec des brûlures au premier et au second degré, une fracture au bassin, un bras «explosé» et une lésion vésicale.

Craignant d’autres dommages internes, des médecins en Inde ont procédé à une intervention chirurgicale exploratoire. Après plusieurs semaines, la plaie ne cicatrisant pas, son orthopédiste a retiré les points. Avec des pinces, «il a extrait un rouleau de gaze qui moisissait là depuis un mois», dit son patient. Heureuse découverte : ses chances de survie auraient été minces si la gaze était restée là.

Survivre à une catastrophe repose parfois sur notre préparation, notre vitesse de réaction, notre aptitude à ne pas céder aux habitudes ou au déni. Mais nous avons aussi parfois besoin d’un bon coup de chance.

Voici 14 actes médicaux comportant des risques pour la santé.

7 / 7
En cas de catastrophe, il faut faire preuve de bon sens.
muratart/Shutterstock

Survivre nécessite plus de bon sens que d’héroïsme

Je n’oublierai jamais le bruit du métal qui se déchire », dit George Larson, un des passagers du vol 440 d’Indian Airlines entre Chennai et New Delhi en 1973. Il était 22 h 30, l’appareil allait se poser quand il a touché des lignes à haute tension et s’est écrasé. George Larson a été projeté hors de son siège ; et dans un concert de hurlements, le fuselage a commencé à se briser en deux.

Quand il a repris ses esprits, il gisait sur des débris. Une explosion s’est produite peu après : les réservoirs d’essence avaient pris feu. Sous une pluie de ferraille, l’homme s’est dégagé et a roulé à terre. Guidé par son instinct de survie, il a rampé le plus loin possible des flammes. Il était l’un des 17 survivants parmi les 65 personnes à bord.

C’est étonnant, nombreux sont ceux qui, pris dans une situation dramatique, ne réagissent pas assez vite pour leur survie. Des images prises dans un supermarché lors du séisme de 2011 au Japon montrent des clients risquant leur vie pour empêcher des bouteilles d’alcool de tomber des rayons. Et quand un avion s’est posé -à Denver en 2017, un réacteur en flammes, des passagers en sont sortis et sont restés tout près de l’appareil… pour prendre des photos.

« L’entraînement à la survie ne se limite pas à former quelqu’un à réagir adéquatement – il faut aussi l’exercer à combattre ses réactions habituelles », dit John Leach, psychologue spécialiste des techniques de survie à l’Université de Portsmouth, en Angleterre. D’après ses estimations, de 80 % à 90 % d’entre nous n’y parviennent pas.

Découvrez comment des égoportraits causent la mort.

Contenu original Selection du Reader’s Digest

Newsletter Unit