Une alimentation végane entraînerait une meilleure capacité cardiovasculaire

Une nouvelle étude démontre pour la première fois un lien entre le végétalisme, les capacités cardiovasculaires et l’endurance.

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La meilleure recette végétarienne de sauté de tofu.
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Antony Karelis, professeur au département des sciences de l’activité physique de l’UQAM, signe l’étude publiée en avril dans la revue internationale European Journal of Clinical Nutrition. Le chercheur est d’avis que de tels résultats inciteront davantage les gens à réduire leur consommation de viande. Cette étude est la première qui cible spécifiquement les liens entre l’alimentation végétalienne, l’endurance, la force musculaire et la consommation maximale d’oxygène (VO₂max, pour le volume d’oxygène maximal que l’organisme peut consommer).

C’est en enseignant le cours Activité physique, alimentation et santé que Antony Karelis – professeur et chercheur au département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal – dit avoir trouvé la motivation de mener cette étude.

Le professeur confie que de nombreux étudiants lui demandaient si la performance physique des personnes végétaliennes était différente de celles des omnivores. «En voulant répondre à leur questionnement, j’ai réalisé qu’il n’y avait aucune étude sur le sujet. Certaines études abordaient l’alimentation végétarienne, mais pas végane.»

À l’aide des trois autres membres de son équipe, Antony Karelis a comparé les performances physiques de 28 femmes végétaliennes à celles de 28 femmes omnivores. Les critères de sélection étaient très spécifiques pour s’assurer que les 56 candidates avaient un mode de vie semblable. Les femmes étaient toutes âgées de 18 à 35 ans et possédaient des caractéristiques similaires — de l’indice de masse corporelle, du poids, du pourcentage de gras, du niveau d’activité hebdomadaire et des habitudes de vie.

Le professeur est conscient que cette étude était limitée à une tranche prédéfinie de la population. «Nous avons ciblé les jeunes femmes parce qu’elles sont plus enclines à être végétaliennes. Aussi, nous devions avoir une population de candidats homogène afin d’obtenir des conclusions concrètes», explique le professeur.

La sélection des candidates a donc été ardue et s’est échelonnée sur près d’un an. «Trouver les bons candidats est toujours le plus gros défi, spécialement quand on a beaucoup de critères», soutient Karelis. «Les étudiantes connaissaient des adeptes du véganisme, qui, à leur tour, nous ont mises en contact avec leur réseau et ça a fait boule de neige.»

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Pendant un orage, ne restez pas en groupe.
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Étude 2.0

Le chercheur souhaite élargir l’étude aux hommes ou aux femmes de plus de 35 ans, bien qu’il n’existe aucune raison de croire que les résultats seraient différents pour ces groupes, si leur physiologie est similaire. «Une telle étude est encore à prévoir avec les étudiants intéressés, mais, comme il n’y a pas d’essais cliniques à cause de la COVID-19, il est difficile de prévoir une telle étude pour le moment.» Néanmoins, le professeur dit observer avec intérêts les différentes méthodes et conclusions d’autres laboratoires, afin de voir si les résultats obtenus seront similaires ou différents.

Monsieur Karelis souhaite également mener une troisième étude sur les régimes végétaliens et omnivores concernant leur influence sur la récupération musculaire. «Le but est de voir à quel point le muscle se récupère – donc se renforcit – en termes de glycogène et en termes de protéines synthétiques», ajoute-t-il.

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Ostéoporose : La fumée de la cigarette réduit la densité osseuse.
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Les fumeurs exclus

Il était bien important que les candidates ne soient pas fumeuses. En effet, chez les fumeurs, l’inflammation est augmentée et le profil inflammatoire pourrait influencer les résultats et fausser les données. «Évidemment, on parle d’une inflammation de faible intensité, rien à voir avec une enflure due à une blessure ou une entorse! C’est un profil inflammatoire très subtil, mais, à long terme, il peut causer des problèmes de santé. Notons que l’obésité est également associée à l’inflammation.»

Il existe plusieurs marqueurs à un tel type de profil inflammatoire. Grâce à une prise de sang, il est possible de distinguer certains facteurs communs, par exemple le taux de protéine C-réactive synthétisée principalement par le foie et par le tissu adipeux. «Comme dans le cas d’une blessure, les protéines sont dégagées, mais en quantité beaucoup plus minime. On ne peut aucunement savoir si on est en réaction inflammatoire ou pas.»

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Pour garder un cœur en santé.
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Moins de maladies cardiovasculaires et de diabète

Les résultats de l’étude ont démontré que les végétaliennes ont une capacité cardiovasculaire maximale et une endurance — la capacité de maintenir dans le temps un certain niveau d’intensité exigée — plus élevée que les omnivores. Pour tirer de telles conclusions, les 56 candidates ont subi un test d’endurance maximale sur vélo stationnaire, programmé à une intensité de 70% de leur consommation maximale d’oxygène (VO₂max). Ainsi, les candidates végétaliennes ont majoritairement atteint l’épuisement après les candidates omnivores.

Quant à la force musculaire, les chercheurs n’ont pas noté de différence significative, que ce soit au niveau des jambes ou du haut du corps, car, comme l’explique le chercheur, les candidates retenues consommaient toutes une quantité suffisante de protéines. «La recommandation quotidienne pour la population générale se situe entre 0,8 g et 1 g de protéines par kg de poids. Si les candidates végétaliennes avaient toutes été au seuil minimal de 0,8 g, les résultats auraient en effet peut-être été différents», explique Antony Karelis.

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Pour perdre du poids, mangez une poignée de noix en collation.
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Alimentation: glycogène et antioxydants

Si ces résultats vont à l’encontre de la croyance populaire et du mythe de l’athlète carnivore, ils peuvent s’expliquer par la composition des aliments consommés par les végétaliens, estime le chercheur. «Les personnes végétaliennes mangent généralement plus de glucides que les omnivores, ce qui augmente le glycogène musculaire, et par conséquent l’endurance.»

En effet, le glycogène agit comme un interrupteur. Le glucose qui n’est pas utilisé est accumulé dans le foie, les reins et les muscles. En cas de besoin, notamment lors d’une activité physique, le glycogène est rapidement dégradé pour fournir de l’énergie aux cellules de l’organisme.

Puisque les choix alimentaires d’un régime végétalien sont limités, les options restantes sont souvent fortes en glucides comme les légumineuses, les pâtes et les céréales. Ces aliments d’origine non animale sont, par défaut, plus consommés par les personnes végétaliennes. Même chose du côté des antioxydants naturels présents dans les fruits, les noix et certaines épices par exemple, qui réduiront l’inflammation.

«Pour l’instant nous ne savons pas s’il y a une autre composition d’aliments qui a un impact sur les résultats obtenus, mais l’hypothèse n’est pas exclue. Je dirais que les glucides sont probablement responsables de la performance, mais on ne devrait pas exclure la possibilité qu’il y ait quelque chose d’autre dans l’alimentation végétalienne qui a cet effet», admet Antony Karelis.

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Une recette de salade au tofu pour les lundis sans viande
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Carences alimentaires? Un autre mythe

On associe souvent le régime végétalien à des carences en protéines, en fer, en calcium et en vitamine B12 et D. Selon le professeur, l’important est d’avoir une alimentation variée et de qualité: «Tant que l’ensemble des nutriments sont présents dans le régime adopté, les personnes végétaliennes ne sont pas désavantagées sur le plan de la performance. Il faut simplement y investir un peu plus de temps et c’est un défi à relever. Mais si elle est bien gérée, l’alimentation végétalienne peut être complète. Je crois que les personnes végétaliennes peuvent avoir tous les nutriments dont elles ont besoin dans leur alimentation afin de ne pas avoir de carences.»

«En termes de protéines, il y a une gamme considérable de produits végétaux qui contiennent les sources d’acides aminés essentielles. Ce sont elles qui sont nécessaires quand on parle de protéines.» Alors que certains produits végétaux n’en contiennent pas suffisamment, d’autres offrent une source non négligeable de bonnes protéines notamment le tofu, le soya, le houmous, les pois chiches, le quinoa… Il suffira de faire une petite recherche pour diversifier son menu, recommande Antony Karelis.

De manière générale, les végétaliens mangent davantage de protéines que les omnivores, ayant moins de choix d’aliments. Par contre, le professeur précise que les protéines végétaliennes ne sont pas aussi bien absorbées que les protéines animales.

Enfin, les candidates végétaliennes retenues — malgré la prise de suppléments vitaminés pour certaines — avaient en effet des quantités de vitamine B12 inférieures dans le sang que les omnivores.

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Résultats probables en 24 mois

Pour l’étude, seules les jeunes femmes végétaliennes depuis au moins deux ans étaient retenues –pour s’assurer que les candidates et leurs corps étaient adaptés à un tel régime. Il est donc difficile de dire en combien de temps une personne omnivore nouvellement végane atteindra les performances des végétaliens aguerris. Selon la physiologie de la personne et son mode de vie, elle devra éviter de consommer de la chair animale ou des produits laitiers, des œufs ou du poisson pendant une période moyenne de 24 mois.

Antony Karelis se décrit lui-même comme un flexitarien — une personne qui réduit sa consommation de viande sans l’abandonner complètement. Il avoue ne pas savoir s’il fera un jour la transition totale au régime végétalien, bien que les résultats de son étude soient encourageants. Par contre, réduire sa consommation de viande est quelque chose que tout le monde devrait commencer à faire dès maintenant, répète-t-il.

Le végétalisme est bénéfique à bien des niveaux: bon pour la santé et pour l’environnement, c’est un mode de vie qui évite le gaspillage alimentaire et qui protège les animaux. Si en plus ce régime est bon pour la performance physique, le professeur estime que toutes ces raisons justifient l’adoption –partielle ou complète – de ce mode de vie!

Voici ce que mangent vraiment les végétaliens.

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