Doit-on mettre son enfant au régime?

Les enfants sont plus inactifs que jamais et l’obésité est devenue un réel problème pour les jeunes canadiens. Mais les experts ne croient pas qu’un régime alimentaire soit une solution appropriée pour les enfants.

Doit-on mettre son enfant au régime?

«Qu’est-ce qu’on mange ce soir?» Une question toute simple’à laquelle les parents ont de plus en plus de difficulté à répondre à cause du nombre grandissant d’enfants obèses au Canada.

Et on a raison de se préoccuper de ce que les enfants mangent. Au cours du dernier quart de siècle, le nombre d’enfants obèses a triplé au Canada. On estime actuellement que 26% des enfants de deux à 17 ans sont obèses ou ont un surplus de poids.

L’excès de poids chez un enfant est définitivement un problème. Mais le régime représente-t-il la solution?

Certainement pas répondent les experts.

«Jamais un parent ne devrait regarder son enfant en lui disant: il faut te mettre au régime», affirme Tom Warshawski, pédiatre et président de la Fondation pour les enfants obèses.

«Les régimes sont rarement efficaces pour les adultes, poursuit-il, et ils sont totalement inappropriée pour les enfants. Au cours de leur croissance, ces derniers ont besoin de consommer une variété de fruits et légumes et des aliments riches en vitamines et en minéraux et contenant une quantité suffisante de protéines, de fer, de glucides et certaines matières grasses.»

Un régime faible en calories causera plus de tort que de bien à un enfant, qu’il soit obèse ou non, explique Tracey Bridger, endocrinologue pédiatrique au Centre Janeway de santé et de réhabilitation des enfants à St-John, Terre-Neuve. Certaines recherches démontrent que si vous vous concentrez sur le poids de l’enfant en lui disant, «Tu devrais manger moins», l’enfant prend davantage de poids.

Pourquoi les régimes sont inefficaces pour les enfants

Les régimes ne fonctionnent pas, d’abord pour une raison physiologique. Les régimes pauvres en calories ont tendance à faire diminuer le métabolisme et lorsque l’enfant reprend son régime régulier, il reprend souvent tout le poids perdu. Il y a aussi une autre raison d’ordre psychologique. En se concentrant sur le poids de l’enfant, les parents lui renvoient une image négative de lui-même; un enfant sensible pourra trouver du réconfort dans la nourriture, précise madame Bridger.

Elle avertit aussi les parents de ne pas résumer la situation uniquement à la nourriture. Même si personne ne conteste la relation entre l’alimentation et l’obésité, ce n’est pas le seul facteur qui affecte le poids.

«Ce qui influence notre forme corporelle est un mécanisme très compliqué, poursuit madame Bridger. On a déboulonné l’équation «calorie = poids ou énergie» et le calcul des calories est chose du passé.»

Les chercheurs arrivent à la conclusion que l’obésité est le résultat de nombreux facteurs, dont la génétique, l’environnement et le statut socio-économique.

Une alternative au régime pour l’enfant

L’enfant opposera toujours un non catégorique à un régime sévère et les parents peuvent faires d’autres changements significatifs qui auront un impact positif sur la santé de l’enfant à long terme.

La première chose que les parents peuvent faire est de s’engager à donner une alimentation saine à la famille. Un enfant vit et mange au sein d’un groupe, il fait partie d’une culture familiale; donc, tout changement visant à améliorer les habitudes alimentaires d’un enfant doit provenir de l’ensemble du groupe, affirme madame Warshawski.

Au plan de la santé, la formule des repas doit primer sur la perte de poids. Elle doit comprendre beaucoup de fruits et légumes, de fibres et peu d’aliments blancs comme le riz, le pain blanc, les pommes de terre; optez pour des portions raisonnables de viande et de certaines matières grasses, poursuit madame Warshawski. Elle recommande aux parents qui veulent de plus amples renseignements, de consulter un médecin ou le Guide alimentaire canadien.

Manger sainement ne signifie pas qu’il faut éliminer les petites gâteries occasionnelles. Il ne faut pas bannir les biscuits à tout jamais. Mais apprenez à dire non, et sachez lorsqu’une portion dépasse les bornes.

Avec le temps, ces changements aux habitudes alimentaires de la famille produiront des résultats, sans que l’enfant ne se sente puni ou coupable. Et de plus, ces bonnes habitudes aideront les jeunes à se doter de comportements qui les suivront au cours de l’adolescence et de la vie adulte.

Des changements simples à mettre en pratique dès aujourd’hui

N’achetez plus de boissons sucrées et diminuez le risque d’embonpoint pour les enfants. De nombreuses études établissent une relation entre la consommation de boissons sucrées et l’augmentation de poids chez les enfants et les adolescents, et d’ailleurs aussi chez les adultes. Les boissons gazeuses, les boissons énergétiques et même certains jus consommés au cours de la journée ont une valeur faible ou inexistante pour la santé. Madame Warshawski conseille de réduire drastiquement ou d’éliminer complètement la consommation des boissons qui contiennent du sucre.

Veillez à ce que votre enfant dorme suffisamment. De mauvaises habitudes de sommeil peuvent amener les enfants à avoir faim. Madame Warshawski affirme qu’il existe une forte relation entre le manque de sommeil et le surplus de poids chez les enfants, les adolescents et les adultes. Une mauvaise nuit de sommeil incite à trop manger parce qu’elle provoque la production de ghréline, une hormone qui stimule l’appétit et fait diminuer la production de leptine, qui contribue à la sensation de satiété. Les enfants ont besoin d’un minimum de neuf heures de sommeil pour être prêts à affronter leur journée.

Diminuez progressivement la durée des périodes passées devant l’écran. Les chercheurs prétendent que plus les enfants passent de temps devant l’écran, plus ils ont de chances de devenir obèses ou d’avoir un excès de poids. Au cours des 30 dernières années, le temps passé devant l’écran s’est accru de façon phénoménale chez les enfants; les enfants commencent à écouter la télévision de plus en plus jeunes. Dans les années 70, l’âge moyen pour commencer à écouter la télévision était de quatre ans. Cet âge est aujourd’hui de quatre mois, malgré les avertissements de ne pas écouter la télévision avant l’âge de deux ans et de ne pas excéder une heure par jour pour les enfants de deux à cinq ans. Mesdames Bridger et Warshawski recommandent toutes les deux de limiter de façon stricte l’écoute de la télévision et l’usage des jeux ou de l’ordinateur. Ne dépassez pas une ou deux heures par jour, recommandent-elles.

Incitez les jeunes à être actifs. Activité ne signifie pas des exercices formels; les jeunes ont simplement besoin de bouger au moins 60 minutes par jour, explique madame Bridger. Il est suffisant de jouer au Lego dans le salon ou d’aller se balancer au parc, explique madame Warshawski. Les activités n’ont pas à être structurées; les enfants ont simplement besoin d’être stimulés et d’avoir du plaisir. Allez au parc et laissez-les courir.

N’oubliez pas l’aspect émotif de la santé. Un régime alimentaire sain et une vie active sont les bases d’une enfance sans maladies; mais les petits bonheurs quotidiens et la confiance en soi y font aussi pour beaucoup. Ne laissez pas de côté toutes ces petites choses qui vous rendent heureux et vous font du bien. C’est parfois aussi simple qu’aider son enfant à découvrir dans quoi il est bon et l’encourager à s’y adonner.