Des âmes consolées

Dévastée par la fugue de sa sœur aînée, Clara qui souffre de son absence se verra forcée de grandir très vite. Un très beau livre sur le récit du passage à l’âge adulte sur fond de mystère.

Le livre Des âmes consolées de Mary Lawson.Belfond

De quoi ça parle

En 1972, dans une région rurale du nord de l’Ontario, Clara, sept ans, est dévastée par la fugue de sa sœur aînée Rose. La disparition de Rose suscite un climat d’hypervigilance et de méfiance dans le village de Solace, et Clara passe des heures à guetter le retour de sa sœur à la fenêtre. Or, un trentenaire inconnu arrive dans la maison de sa voisine, Mme Orchard – on apprend qu’il a passé une partie de son enfance avec les Orchard, et que la vieille dame lui a légué sa demeure. Pendant des semaines, les chemins de cet homme, Liam Kane, et de Clara s’entrecroisent; tous les deux souffrent de l’absence d’une personne qu’ils ne connaissaient pas vraiment. Peu à peu, la lumière se fait sur la disparition de Rose et les dernières volontés de Mme Orchard. Clara se voit forcée de grandir très vite, tandis que Liam est confronté à des secrets d’enfance qu’il avait depuis longtemps oubliés.

Pourquoi vous aimerez ça

Les révélations inattendues, grandes et petites, abondent dans ce récit de passage à l’âge adulte sur fond de mystère. Elles émergent au fil des souvenirs de Liam et du monologue que Mme Orchard adresse à son mari décédé – incluant un chagrin si profond qu’il pousse un personnage à commettre l’impensable.

Au centre de tout cela se trouve Clara: une petite fille à la fois méfiante, affectueuse et impulsive, déterminée à déchiffrer les problèmes de la vie adulte. Elle s’inscrit dans une lignée de jeunes héroïnes courageuses… on pense à la protagoniste du classique Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee. Sa relation avec le chat de Mme Orchard est particulièrement touchante… attendez-vous à verser quelques larmes !

Qui l’a écrit

Dès son premier roman, Le choix des Morrison (2003), qui suivait les tribulations de quatre enfants après le décès accidentel de leurs parents, la prose de Mary Lawson a fait parler d’elle.

Le suspense y est parfaitement dosé; les personnages sont à la fois vulnérables et endurcis par la rudesse du nord de l’Ontario, où l’autrice a puisé l’inspiration de ses quatre romans. Paru presque huit ans après le précédent, Des âmes consolées est un cadeau offert aux admirateurs impatients.

Extrait

Les cartons étaient au nombre de quatre. Quatre gros cartons. Il devait y avoir beaucoup d’affaires dedans parce qu’ils étaient lourds, cela se voyait à la manière dont l’homme marchait avec le dos voûté, les genoux pliés. Ce premier soir, il les porta dans le salon de Mme Orchard, la voisine de Clara, et les laissa par terre. Cela voulait dire qu’ils ne contenaient pas des choses très utiles, des choses dont il avait besoin tout de suite, comme un pyjama, sinon il les aurait déballés.

La position des cartons au centre de la pièce rendait Clara nerveuse. Chaque fois que l’homme passait à cet endroit, il était obligé de les contourner. Les ranger contre un mur lui aurait évité d’avoir à faire ça, et le salon aurait eu l’air plus ordonné. (…)

Il avait débarqué dans une grosse voiture bleue juste quand la nuit commençait à tomber. Cela faisait exactement douze jours que Rose s’était enfuie. Douze jours, soit une semaine et cinq jours. Postée comme d’habitude derrière la fenêtre du salon, Clara essayait de ne pas écouter sa mère, qui discutait au téléphone avec le sergent Barnes. (…)

— Seize ans! Rose a seize ans, au cas où vous l’auriez oublié. C’est une enfant! (p. 9-10)

Des âmes consolées, de Mary Lawson (traduit par Valérie Bourgeois), 32,95$, Belfond

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Contenu original Selection du Reader’s Digest