Un diffuseur d’huiles essentielles responsable de ses allergies

Une patiente découvre enfin la source de ses allergies: un diffuseur d’huiles essentielles serait à l’origine de ses éruptions cutanées.

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Un diffuseur d'huiles essentielles lui provoque une allergie.
MargaPl/Shutterstock

La patiente: Janice Brisco, employée d’une entreprise de pompes funèbres
Les symptômes: visage et paupières très gonflés, éruptions cutanées
Le médecin: DreSandy Skotnicki, dermatologue à la faculté de médecine de l’université de Toronto

En 2016, Janice Brisco, de Thornhill, en Ontario, âgée d’une soixantaine d’années, commence à avoir des boutons au visage. Ils apparaissent le plus souvent le soir, en petites grappes ou isolés et de couleur rose évoquant une piqûre d’insecte. Le matin, ils sont généralement gonflés, rouges et source de démangeaisons, mais ils finissent par s’estomper après quelques jours. «J’ai d’abord pensé à des punaises de lit, se souvient-elle. Mais je n’en voyais pas.»

Malgré de nombreux lavages des draps et du protège-matelas à température élevée, les éruptions continuent. Les épisodes sont rares, peut-être une fois tous les deux mois, mais semblent s’aggraver. Un matin, Janice se réveille le visage rouge et gonflé. Puis, fin 2017, il y a plus grave: la peau de son visage est tendue, violacée et douloureuse. Ses paupières, encore plus atteintes, sont si gonflées qu’elle peut à peine entrouvrir les yeux.

«Mon mari m’a dit que j’avais la tête de Rocky après un combat difficile! plaisante-t-elle. En plus de la douleur, je n’étais pas rassurée parce que j’avais du mal à voir.» Consulté en urgence, son médecin est lui aussi très inquiet. Craignant une allergie, il prescrit un antihistaminique et adresse sa patiente à un allergologue pour des examens plus approfondis. Après deux ou trois jours, la peau de Janice reprend une apparence normale.

Voici ce qu’il faut savoir sur les allergies d’après les allergologues.

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De nouveaux traitements pour soulager les allergies saisonnières.
LIGHTFIELDSTUDIOS/GETTY IMAGES

Le test de la piqûre

En janvier 2018, l’allergologue lui fait subir le test de la piqûre, qui consiste à déposer d’infimes quantités d’allergènes sur la peau et de les faire pénétrer à l’aide d’une aiguille. Janice réagit modérément à certaines substances, notamment pour les chats et l’ambroisie, mais rien de comparable aux crises qu’elle a connues auparavant. «Bref, on ne savait pas ce qui causait ces éruptions», soupire-t-elle.

Janice profite d’un rendez-vous chez son dermatologue pour lui parler de ces épisodes et lui montrer quelques photos. Intrigué, le médecin recommande une consultation avec la Dre Sandy Skotnicki, une dermatologue à la faculté de médecine de l’université de Toronto et spécialiste des dermatites de contact, une réaction cutanée induite par l’exposition à un allergène ou à un irritant – différente de l’allergie à une substance ingérée ou respirée que le test de la piqûre permet d’identifier. Il y a de plus en plus de personnes allergiques: quelles sont les dernières nouvelles du côté des allergies?

Après des mois d’attente, Janice obtient enfin un rendez-vous, qui confirme un diagnostic de dermatite de contact. «Janice m’a montré des photos impressionnantes de son visage enflé et de ses yeux larmoyants», se souvient la Dre Skotnicki. Souvent, ce sont les crèmes de visage qui causent des dermatites de contact, d’autant qu’elles sont appliquées régulièrement sur la peau. Mais ça ne colle pas avec les réactions intermittentes de sa patiente. Janice ne voit pas quel produit utilisé occasionnellement pourrait susciter de telles réactions. Celles-ci risquent de s’aggraver, son système immunitaire produisant une réponse de plus en plus forte.

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Faites des tests cutanés pour savoir si vous souffrez d'allergie plutôt que d'intolérance alimentaire.
Neeila/Shutterstock

Test cutané des timbres

La Dre Skotnicki soumet sa patiente au test cutané des timbres: on applique sur la peau du dos pendant 48 heures plusieurs carrés de moins d’un centimètre, chacun étant enduit d’une substance différente. Après les avoir retirés, il faut attendre encore deux jours avant d’examiner les réactions cutanées. On peut évaluer des dizaines de substances à la fois, mais comme il existe des milliers d’allergènes potentiels, la dermatologue doit choisir une série à privilégier. Elle en a pour les coiffeurs, les mécaniciens et d’autres métiers; pour choisir la plus adaptée, il faut interroger le patient sur ses loisirs, comme la peinture ou la collection de timbres. «En présence d’une dermatite de contact, le médecin se transforme en détective», explique la dermatologue.

Janice a d’abord droit à la série standard de 85 substances avec, entre autres, des ingrédients entrant dans la composition de produits cosmétiques et de teintures pour vêtements. «J’avais le dos couvert de petits carrés blancs», se souvient Janice. Hormis l’irritation causée par le ruban adhésif, impossible de savoir au début ce qui se passe sous chaque timbre. Mais après les avoir retirés et avant son rendez-vous de suivi, en regardant dans la glace, elle note la présence d’une inflammation sur certains carrés de peau.

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Risque de coup de soleil: vous avez utilisé des huiles essentielles en matinée.
ORLIO/SHUTTERSTOCK

Attention: diffuseur

Quand la Dre Skotnicki l’examine 48 heures plus tard, la peau est rouge vif et couverte d’éruptions. Janice est sensible à la lavande et à la citronnelle et très allergique à l’ylang-ylang, un arbre aux fleurs odoriférantes dont l’extrait est largement utilisé en cosmétiques. Ces substances entrent dans la composition de nombreux shampoings et parfums et ont toutes une chose en commun: elles sont vendues sous forme d’huiles essentielles. Or, comme l’a récemment appris la Dre Skotnicki à l’occasion d’une conférence, le nombre de patients allergiques ne cesse d’augmenter chez les adeptes du diffuseur, l’appareil qui disperse les particules d’huiles essentielles dans l’atmosphère pour améliorer l’humeur ou la fonction cognitive. Elle interroge donc Janice.

Celle-ci reconnaît utiliser un diffuseur quotidiennement. Deux ans avant l’apparition des premières éruptions, une voisine lui a recommandé les huiles essentielles, et Janice est rapidement devenue fan, variant les huiles selon le résultat qu’elle veut obtenir. Les essences d’agrumes comme le citron vert ou le pomélo pour améliorer l’humeur, la menthe poivrée pour la stimulation… À l’occasion, elle recourt à la lavande pour mieux dormir, ou à un mélange contenant de l’ylang-ylang pour ses vertus stimulantes.

Les particules d’huiles essentielles diffusées dans l’atmosphère viennent forcément en contact avec la peau.

«Les paupières sont si fines qu’elles sont les premières à souffrir d’une réaction allergique», explique la dermatologue. Si sa patiente continue à utiliser ces essences, les réactions s’aggraveront et les éruptions et démangeaisons migreront ailleurs, aux oreilles et dans le cou, par exemple, au point de devenir débilitantes. Entre 2 et 4% de la population est allergique à une substance chimique qui entre dans la composition de produits du quotidien et l’ignore, regrette la médecin. «Ces sujets souffrent longtemps.»

Armée de son diagnostic, Janice évite désormais les huiles essentielles auxquelles elle est allergique et s’assure de ne pas trop s’approcher du diffuseur. Elle n’utilise plus que des produits cosmétiques et de nettoyage sans parfum.

La Dre Skotnicki en a tiré une leçon: «Depuis Janice, je demande à tous mes patients s’ils ont des diffuseurs d’huiles essentielles!» Cela aurait pu faire partie des choses étonnantes qui peuvent provoquer des allergies.

Contenu original Readers Digest International Edition

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