Meurtres non résolus: sur la piste des meurtriers

Corps jamais retrouvés, meurtres gratuits, motivations mystérieuses. Avec l’aide de technologies de pointe, détectives amateurs et professionnels tentent d’élucider des cas de meurtres non résolus parmi les plus tristement célèbres au Canada.

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Sur la piste d'un meurtrier: Voyez l'histoire d'une jeune fille disparue
Crédit: Avec la permission de Céline Ethier
Mélanie Ethier a disparu il y a près de trois décennies ; un panneau incite les témoins à se manifester.

La jeune fille disparue

New Liskeard, Ont. | 1996
Une adolescente décide de rentrer chez elle à pied, puis disparaît
La petite ville de New Liskeard, au bord du lac Témiscamingue en Ontario, semblait épargnée par le malheur jusqu’à un soir de septembre en 1996, quand Mélanie Ethier – une adolescente de 15 ans qui avait peu auparavant confié à une amie vouloir devenir enseignante – est allée voir le film d’action Mort subite chez son copain Ryan Chatwin. Vers 1h30 du matin, Mélanie a décidé de rentrer. Normalement, elle aurait appelé pour qu’on vienne la chercher en voiture, mais en raison d’une facture impayée, le téléphone avait été coupé chez elle. Elle a choisi de rentrer à pied, seule. Après tout, la maison n’était qu’à un kilomètre.

D’après un témoignage non vérifiable, Mélanie marchait sur un pont quand deux hommes en voiture se sont arrêtés pour engager la conversation; elle serait montée à bord et la voiture aurait filé. Céline Ethier a remarqué le lendemain matin que sa fille n’était pas rentrée et a signalé la disparition la journée même. La ville s’est mobilisée; des policiers ont interrogé les amis et la famille de Mélanie. Des bénévoles ont ratissé le bord de la route et les environs tandis qu’une unité de recherche et sauvetage a fouillé la rivière. Mais l’adolescente est restée introuvable.

Au cours des années, la police a reçu plus de 700 informations de 500 personnes différentes. Chacun y allait de sa théorie: Mélanie aurait été enlevée par son père (il n’était pas en ville au moment des faits); elle aurait été tuée par un certain Denis Léveillé, qui à l’époque fréquentait une amie de sa mère (il aurait déjà agressé une autre adolescente); ou alors les coupables seraient des suprémacistes blancs (Mélanie était l’une des rares jeunes filles de couleur en ville).

Personne n’a jamais été inculpé. En 2021, un balado de l’émission d’investigation de Radio-Canada The Next Call a encouragé un nouveau témoin à se manifester: il a indiqué aux policiers une région boisée à 10 km du lieu où l’adolescente avait disparu, pour une raison qui n’a pas été rendue publique. En octobre, la zone a été fouillée par une équipe aidée de chiens et de drones. Mais sans résultat.

Céline Ethier admet que sa fille est morte, mais ne renonce pas à retrouver son corps. «Après, je crois que je pourrai passer à autre chose, confie-t-elle. Mélanie mérite d’être retrouvée. Elle n’est pas un simple rebut que l’on jette au bord d’une route.»

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Crédit: Byron Carr et croquis: Avec la permission du service de police de Charlottetown 
L’enseignant Byron Carr ; portrait-robot du suspect dans ce meurtre qui remonte à 1988.

Le meurtre de l’île

Charlottetown, I.-P.-É. | 1988
Une communauté terrorisée et un tueur qui promet de recommencer
À Charlottetown, Byron Carr était considéré comme un enseignant attentif, un amateur de rock et un hôte charmant qui aimait recevoir à manger. Le soir du 10 novembre 1988, l’homme de 36 ans a fait la tournée des bars avec des amis qui étaient venus prendre le café chez lui. Au petit matin, après avoir reconduit l’un d’entre eux en voiture, il se serait arrêté sur la route pour discuter avec un jeune homme à vélo. Ensuite, Byron serait reparti, suivi du cycliste. C’est la dernière fois que l’enseignant a été vu vivant. Le lendemain, Byron ne s’est pas présenté à un rendez-vous familial et ses proches, inquiets, se sont rendus chez lui. Ils ont trouvé sa porte entrouverte et son corps sans vie sur le plancher de sa chambre. L’enseignant avait été étranglé et poignardé, son portefeuille avait disparu. Sur le mur, écrit au stylo: «Je tuerai encore.»

Devant la scène du crime, la police a suspecté qu’il avait été tué après une relation homosexuelle consentie avec l’homme à la bicyclette. Certains ont pensé que cet aspect du meurtre a pu entraver l’enquête. Préfigurant les manquements de la police dans l’affaire Bruce McArthur (le tueur en série qui, dans les années 2010, s’attaquait aux homosexuels dans le quartier de Church-Wellesley à Toronto), la communauté gaie de Charlottetown a accusé la police d’approcher ce meurtre avec indifférence. Des hommes et des femmes ont confié aux médias leur peur de déclarer leur homosexualité ou de devenir la prochaine cible du tueur.

Pendant près de deux décennies, l’enquête n’a rien donné. Puis, en 2007, le dossier a été rouvert. Un témoin qui habitait Charlottetown à l’époque des faits a rapporté que quelques mois après le meurtre, un partenaire sexuel correspondant au profil du meurtrier s’était montré violent envers lui et avait dérobé son portefeuille à la pointe d’un couteau, en affirmant l’avoir déjà fait auparavant.

L’enquête allait de nouveau évoluer en 2018. En juillet, un informateur anonyme a appelé la police de la cabine téléphonique d’un petit centre commercial de Charlottetown, affirmant avoir une information sur le meurtre. Mais la source a raccroché avant de parler; les autorités ont lancé un appel l’encourageant à se manifester pour partager ses informations. Si l’assassin de Byron Carr est toujours en fuite, cela pourrait sauver une vie.

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Meurtrier David Et Derek Dalton
Crédit: Avec la permission du service de police de Vancouver ; (à droite) Joanna Szypulska/shutterstock.com 
Les demi-frères David et Derek D’Alton ; Beaver Lake, près du lieu où les corps ont été découverts.

Les enfants dans les bois

Vancouver | date inconnue
Pendant des années, l’identité des deux enfants assassinés a hanté les enquêteurs
En janvier 1953, un gardien a fait une terrible découverte dans le boisé du parc Stanley à Vancouver. Les restes de deux jeunes enfants reposaient sous un manteau de femme. Les enquêteurs ont recueilli plusieurs pièces à conviction – une hachette, une chaussure féminine et deux casques d’aviateur – mais rien permettant d’identifier les victimes. Il a été déterminé que la mort remontait à au moins cinq ans; un médecin a par ailleurs affirmé qu’il s’agissait d’un garçon et d’une fille, ce qui devait se révéler faux. Le mystère a fait la une des journaux nationaux et la police a reçu d’innombrables appels, sans que cela n’aboutisse. Aucun parent ne s’est manifesté pour rapporter la disparition des enfants.

Au fil du temps, de nouveaux indices sont apparus. Un témoin s’est souvenu avoir vu une femme sortir en courant du boisé du parc Stanley, avec une seule chaussure aux pieds, cinq ans avant la découverte des petits cada­vres; un autre prétendait avoir croisé une femme et deux garçonnets dont au moins un portait un casque d’aviateur. Dans les années 1990, le sergent Brian Honeybourn de la police de Vancouver a relancé l’affaire en confiant les restes à un spécialiste qui en a extrait l’ADN; ceci allait permettre de conclure que les deux enfants étaient de sexe masculin.

Brian Honeybourn a fait incinérer les restes, conservant toutefois des os importants pour l’enquête, et a dispersé les cendres dans la mer. L’identité des enfants semblait condamnée à rester à jamais un mystère. Puis, plus de 70 ans après la mort des garçons, un retournement de situation a eu lieu. En mai 2021, la police de Vancouver a demandé l’aide de Redgrave Research Forensic Services, une société du Massachusetts qui avait contribué à tirer au clair un certain nombre de cas non résolus, notamment en identifiant le meurtrier de la jeune Christine Jessop, âgée de neuf ans à sa disparition en 1984. Un laboratoire de l’université Lakehead a prélevé du matériel génétique sur les os des garçons. Des scientifiques de l’Alabama ont séquencé l’ADN et envoyé les résultats à Redgrave dans le but de les croiser avec ceux de banques de données généalogiques. Ils ont trouvé une correspondance: un grand-parent maternel des garçons. Cette information a permis d’identifier une sœur et une petite-nièce des enfants, qui vivent toujours à Vancouver.

En février dernier, les enquêteurs ont formellement identifié les victimes: les demi-frères Derek et David D’Alton, âgés de sept et six ans. Les meurtres auraient été commis par un parent proche décédé il y a environ 25 ans, sans que cela puisse être confirmé avec certitude. «Ce crime a hanté des générations d’enquêteurs», a affirmé l’inspecteur vancouvérois Dale Weidman dans un communiqué de presse. «C’est un soulagement d’avoir pu donner un nom à ces enfants et clore enfin cette affaire tragique.»

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Crédit: Avec la permission de la famille Ryu
Suck Ju Ryu

Mortel cambriolage

Toronto | 1993
À la recherche des adolescents qui ont abattu un propriétaire de dépanneur
En 1972, Suck Ju Ryu a émigré de la Corée du Sud avec guère plus que le rêve d’une vie meilleure au Canada. Sa femme et lui y ont élevé leur famille, et, une dizaine d’années plus tard, ouvert un dépanneur au rez-de-chaussée d’une maison de retraite, dans un quartier du nord de Toronto. Les gens du voisinage ont appris à connaître ce travailleur au grand cœur.

L’après-midi du 18 février 1993, Suck Ju, alors âgé de 56 ans, a brièvement fermé le dépanneur pour ramener sa femme à la maison, comme il le faisait souvent. Peu de temps après son retour, deux adolescents seraient entrés avec une arme à feu. Tout comme la police, la fille de Suck Ju pense que son père a refusé de leur remettre l’argent de la caisse. Que cela soit le cas ou non, l’un des jeunes hommes a tiré sur lui, l’atteignant à la poitrine, avant de s’enfuir avec son comparse. Quelques minutes plus tard, un client découvrait le propriétaire du dépanneur effondré sur le sol et alertait le 911.

Les suspects sont montés à bord d’un autobus allant vers l’ouest, mais quand les policiers ont fini par le rattraper, les adolescents s’étaient volatilisés. Les policiers ont ratissé le quartier et confié l’autobus à une analyse scientifique. Mais sans piste sérieuse ni vidéo de surveillance, les méthodes basées sur l’ADN étant encore à leurs balbutiements, il a été impossible d’identifier les coupables.

En 2021, soit près de 30 ans après le meurtre, la police de Toronto a rouvert l’enquête dans l’espoir d’extraire de l’ADN et des preuves supplémentaires à partir d’indices prélevés sur la scène du crime, espérant que les progrès des techniques d’analyse pourraient les aider à avancer. Les autorités se sont aussi engagées à créer un profil qui sera croisé avec ceux d’une base de données de criminels connus. Elizabeth, la fille de la victime, croit encore que ce meurtre peut être élucidé. «Parfois, je croise quelqu’un et j’ai l’impression que c’est mon père. Mon cœur s’arrête, a-t-elle confié aux médias. Puis je me rends compte que ce n’est pas lui.»

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Crédit: (James brady) Glenbow Archives ; (coupure de journal) istockphoto.com/sqback
James Brady

Les prospecteurs disparus

Saskatchewan woods | 1967
La GRC a écarté la thèse de l’acte criminel, mais famille et amis sont en désaccord
En juin 1967, James Brady, chef métis de 59 ans, et Absolom Halkett, 40 ans, conseiller de bande de la Nation crie, s’envolent vers le nord de la Saskatchewan pour y chercher de l’uranium. Lorsqu’un avion atterrit pour les ravitailler environ une semaine plus tard, les deux hommes ont disparu. La GRC enquête, mais ne les retrouve ni eux ni leurs corps. La police écarte rapidement l’hypothèse d’un acte criminel et classe l’affaire en quelques semaines. On pense que les hommes se sont perdus ou ont été dévorés par un ours.

Mais pour les proches de James et d’Absolom, ces explications ne sont pas crédibles. Tous deux étaient des broussards expérimentés; ils ne se seraient pas volatilisés comme ça. Et pourquoi boucler si vite l’enquête? Dans un livre récent, Cold Case North, l’auteure Deanna Reder écrit que sa mère, qui connaissait les deux hom­mes, a dit qu’ils avaient été enlevés par un OVNI, ce qui pour elle semblait plus logique que toutes les autres théories. D’autres pensent que la mort des hommes n’était pas un accident, mais un assassinat. James, en particulier, était un fervent communiste et un grand défenseur de l’autonomie des Premières Nations; à l’époque, cela suffisait pour que la GRC vous surveille. Certains ont même soupçonné qu’ils avaient trouvé un site d’uranium et avaient été tués par des partenaires qui ne voulaient pas partager.

On a découvert ces dernières années des restes humains qui pourraient être les leurs. Un touriste américain a en effet trouvé un cadavre gorgé d’eau, les poignets liés, dans un cours d’eau où les hommes avaient prospecté. Deanna Reder et ses coauteurs ont ensuite trouvé ce qui pourrait être des restes humains au fond du lac, bien que cela reste peu concluant. Leur livre suggère, sans le prouver, qu’un guide de pêche ayant des antécédents de violence soit l’auteur des crimes. Les réalisateurs autochtones Danis Goulet, Tasha Hubbard et Shane Belcourt voudraient tourner un film à partir de ce livre, ce qui pourrait relancer l’intérêt pour cette affaire.

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Crédit: (Marqueur de preuve) istockphoto.com/oleksii arseniuk ; (Pochette) Anton Starikov/shutterstock.com ; (Cheveu) istockphoto.com/stockforliving

Le b.a.-ba de l’ADN

La généalogie médicolégale révolutionne les enquêtes criminelles
En 1986, la police de Leicestershire, en Angleterre, a fait une demande assez particulière à Alec Jeffreys, le professeur de génétique qui avait découvert que l’on pouvait différencier les humains par leur ADN: serait-il en mesure d’identifier l’homme qui avait violé et assassiné une jeune fille de 15 ans? Le Pr Jeffreys a accepté de collaborer. La police lui a demandé d’analyser plus de 4000 échantillons de salive et de sang d’hommes vivant dans la région où avait eu lieu le crime. En moins d’une année, il avait débusqué le tueur.

Par la suite, les services de police partout dans le monde se sont mis à recourir à l’analyse ADN pour retrouver les auteurs de crimes. «Cela a complètement changé la donne en matière d’investigation», reconnaît le criminologue Michael Arntfield. Dans les années 1990, explique-t-il, il fallait un échantillon considérable – par exemple, l’équivalent d’un flacon de sang – afin d’obtenir suffisamment d’ADN pour une analyse. Trente ans plus tard, il suffit d’un cheveu ou même de quelques cellules de peau.

D’où la naissance de cette discipline révolutionnaire qu’est la généalogie médicolégale. Les enquêteurs sont aujourd’hui en mesure de croiser l’ADN prélevé sur une scène de crime avec les banques de données généalogiques de criminels ainsi qu’avec les informations biologiques soumises à des sites internet comme Ancestry et 23andMe. Ensuite, ils peuvent récolter un échantillon d’ADN des suspects à leur insu, en récupérant par exemple une tasse de café jetée dans une poubelle. Cette pratique a permis de faire la lumière sur des dizaines de mystères, notamment celui concernant l’identité du «tueur du Golden State», responsable d’au moins 13  meurtres et 45 viols en Californie. Cependant, la généalogie médicolégale n’échappe pas aux enjeux de vie privée. Ainsi, ceux qui soumettent leur ADN à des sites internet ne se rendent pas toujours compte que les forces de l’ordre pourraient s’intéresser à leur code génétique. Par conséquent, pour accéder aux banques de données de sociétés privées, les autorités canadiennes et américaines doivent d’abord obtenir un mandat d’un juge.

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Crédit photo: Kristyn Anthony/Metroland
Les détectives tenaces Linda Gillis Davidson et Gord Collins.

Des heures supplémentaires

Deux agents à la retraite ont fait équipe pour résoudre un meurtre vieux de 55 ans
À l’été 2017, Gord Collins, enquêteur en médecine légale à la retraite, s’est installé à Muskoka, en Ontario. Là-bas, il a rencontré Linda Gillis Davidson, ancienne inspectrice de la GRC. L’amitié a été instantanée. Fascinés l’un et l’autre par les affaires non résolues, ils ont trouvé qu’ils auraient le temps et le talent nécessaire pour en résoudre une.
Le duo s’est intéressé à la disparition de Marianne Schuett, une fillette de 10 ans de Burlington, en Ontario, disparue en avril 1967 alors qu’elle revenait de l’école. Les jours suivant sa disparition, quelque 18 000 personnes ont participé à une battue qui s’est révélée infructueuse. Un suspect, présumé prédateur sexuel en série, a plus tard été identifié, mais il s’est suicidé en 1991, sentant que la police s’intéressait à lui. Au moment de l’affaire Schuett, Gord Collins était âgé de 14 ans et vivait près du lieu où la fillette avait disparu. «J’étais bouleversé qu’une telle chose puisse se produire, se souvient-il. Je n’ai jamais oublié son visage.»

Gord Collins et Linda Gillis Davidson ont accumulé des années d’entretiens avec des membres de la famille, des voisins, des camarades de classe, des enquêteurs à la retraite et une autre victime du suspect (qui avait réussi à échapper à son agresseur).

En 2021, une série d’indices a conduit le duo à s’intéresser à deux sites près d’une ancienne carrière de la région d’Acton, en Ontario. Ils espéraient trouver le lieu où les restes de l’enfant avaient été enterrés. Les chiens détecteurs de cadavres se sont immobilisés devant quelques sites, et Gord Collins et Linda Gillis Davidson pensaient que le tueur avait pu se débarrasser là du cadavre de Marianne.

Pour vérifier leur hypothèse, il a fallu prélever plusieurs échantillons de terre; le laboratoire espère y trouver de l’ADN humain. Si la réponse est positive, il faudra comparer les résultats avec les échantillons d’ADN fournis par la famille de Marianne – et possiblement avec l’ADN d’autres victimes. «Il se peut qu’elle ne soit pas là, admet Gord Collins. Dans tous les cas, il reste encore beaucoup à faire.»

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