Drame vécu: 10 jours en otage chez les Russes

Un couple, fuyant les bombardements en Ukraine, est capturé par les troupes russes. Désespéré, leur fils, qui vit à 2400 km de là, est le seul à pouvoir les faire libérer.

Otage russes: un couple pris en otage.Illustration de Owen Freeman

Quand les soldats russes ont ouvert le feu sur notre voiture, j’ai cru que nous allions mourir. C’était le 4 mars 2022, huit jours après l’invasion de l’Ukraine quand on a été pris en otage par les Russes. Ma femme et moi avions emporté à la hâte tous les objets de valeur capables de rentrer dans une valise et deux bagages de cabine.

Nous avons embauché un chauffeur, pensant pouvoir nous rendre jusqu’à la gare d’Irpin, un village à l’extérieur de Kiev où nous avions fui après le début de la guerre. Juste en sortant de la ferme rurale où nous séjournions, nous sommes tombés sur des blindés russes.

«Demi-tour, demi-tour!», a hurlé ma femme. Le chauffeur a frénétiquement tenté de faire marche arrière. Trop tard. Des fantassins russes ont commencé à mitrailler notre Toyota Camry avec des armes automatiques, puis nous ont pris en chasse. Réfugié au sol derrière le siège du conducteur, j’entendais le verre se briser en millions de morceaux alors que les balles frappaient les vitres.

Nous sommes parvenus je ne sais comment à sauter de la voiture en marche, à bondir par-dessus une clôture et à nous abriter derrière des toilettes mobiles bleu vif. Criblée de balles, la Camry a poursuivi sa course le long d’une pente et s’est fracassée contre une clôture. Elle était complètement détruite.

«Sortez de là!», a crié un soldat russe. Nous sommes sortis de notre cachette, les mains en l’air, en expliquant que nous étions des civils sans armes en chemin vers la gare. Les soldats russes se sont approchés et ont pointé leurs fusils vers nos visages.

Quand tout a commencé

L’histoire de notre capture a commencé par un mauvais calcul. «Il n’y aura pas de guerre.» Je n’ai cessé d’entendre cette phrase à Kiev. Ma femme, Iryna Samsonenko, et moi vivions en Ukraine depuis 21 ans. J’étais analyste des affaires militaires et de la politique russe et consultant pour l’industrie aérospatiale. Les menaces de Poutine envers l’Ukraine étaient un scénario éculé, et j’ai supposé que les manœuvres d’intimidation n’étaient encore une fois rien de plus que cela.

Puis les frappes aériennes ont commencé. Vers 4h du matin, les sirènes d’urgence ont résonné, et nous avons cherché refuge dans un garage souterrain de l’autre côté de la rue, en face de notre appartement à Kiev.

Lorsque les bombardements ont cessé dans la journée, nous sommes rentrés chez nous. Quelques heures plus tard, les bombardements reprenaient. Nous ne savions pas quoi faire. Prendre la voiture et se diriger vers l’ouest – loin des Russes – était impossible. Les rues étaient bloquées par la circulation, et il ne restait plus une goutte de carburant entre Kiev et la frontière polonaise. Toute personne demeurée dans la ville était désormais piégée là.

Pour ajouter au sentiment d’impuissance, l’odeur des explosifs imprégnait l’air. Ce n’était pas simplement une campagne contre les forces armées ukrainiennes: c’était une guerre visant à terroriser la population civile.

Après avoir passé deux nuits dans des abris antiaériens, nous avons décidé d’évacuer la ville. Nous avions des amis à environ une heure de la capitale, et ils ont gentiment accepté de nous laisser séjourner dans leur maison d’hôtes.

Deux jours après notre arrivée, les combats à l’intérieur et autour de l’aéroport Hostomel, situé non loin, avaient interrompu tous les services. Les duels d’artillerie et de mortiers entre les forces ukrainiennes et russes avaient détruit les lignes électriques et les conduites d’eau. Atteindre leur maison n’avait pas été si difficile, mais retourner à Kiev était désormais impossible – tous les ponts entre nous et la ville avaient sauté pour ralentir l’avancée des troupes russes. En tentant de nous mettre en sûreté, nous nous étions piégés. Il n’y avait aucun moyen de quitter ce lieu, et la région entière était désormais encerclée de troupes et de blindés russes.

Pendant ce temps, notre fils, Antonio Brasileiro Johnson, 18 ans, se trouvait dans son pensionnat de Cambridge, en Angleterre, et suivait l’évolution de la guerre heure par heure. Il a passé des nuits à parler avec des gens en Ukraine, les aidant parfois à trouver des abris antiaériens et des façons d’évacuer les zones de combat, mais il n’avait qu’un contact limité avec nous. L’absence d’électricité à l’exception d’environ trois heures par jour à partir d’une génératrice à essence nous empêchait de recharger nos téléphones portables.

Le lendemain, j’ai épuisé la majeure partie de la batterie de mon ordinateur portable à rédiger un article sur la guerre. J’ai ensuite dû cesser de travailler et tout le monde – Iryna et moi, nos amis et leurs enfants – est allé s’abriter dans la cave tandis que plusieurs blindés russes restaient stationnés sur la route à l’extérieur de la maison. Les Russes semblaient perdus dans le dédale des routes de campagne.

Ils ont fini par repartir, mais il était clair que nous n’étions plus en sécurité ici. Nous avons donc tenté une percée en direction de Kiev – pour tomber aux mains de l’armée russe.

Otage russes: un accident de voiture.Owen Freeman

Retour au présent

Nous avons observé avec horreur les Russes piller notre voiture – nos affaires brutalement saccagées et tout bien de valeur brisé ou volé. Iryna possédait un disque dur qui ne contenait que des photos de famille et des vidéos de notre fils en train de jouer du piano. Il a fait partie des nombreux biens volés. Une vie entière de souvenirs disparue.

J’ai remarqué que du sang coulait sur le visage d’Iryna. Des fragments de verre provenant des vitres avaient lacéré sa joue gauche, et de petits grains de verre étaient logés dans son œil. Par chance, un aide-soignant militaire russe se trouvait sur place et l’a soignée avant que son état n’empire.

Tous nos ordinateurs et autres disques durs ont été saisis. Tout mon travail, chacun de mes articles, chaque document sauvegardé, chaque photo prise s’étaient envolés.

Mais la grande aubaine pour ces criminels de guerre restait encore à venir. En fouillant dans mon sac d’ordinateur, ils ont découvert le portefeuille dans lequel je conservais l’argent que nous avions économisé pour l’éducation de notre fils. «Des devises étrangères!», s’est joyeusement exclamé l’un d’eux. Pour eux, c’était à n’en pas douter le meilleur jour de paie de leur vie.

Les soldats se sont ensuite mis à fouiller une pile de documents de recherche que j’utilisais pour un essai sur l’histoire des systèmes de missiles. Bien qu’aucun de ces documents ne soit classé secret, ils étaient convaincus d’avoir affaire à un agent du renseignement de haut niveau. Le même soldat était tellement ravi à l’idée de voler tout notre argent qu’il a placé une grenade dans la poche de mon manteau et a menacé de retirer la goupille si je ne lui révélais pas pour quels services secrets je travaillais.

Lorsqu’ils ont eu fini de voler tout ce que nous possédions, nous avons été envoyés dans le sous-sol obscur d’un bâtiment voisin, où de nombreux civils étaient retenus en otage. La raison de la détention de ces personnes n’était pas claire, mais je serais surpris d’apprendre qu’une seule d’entre elles soit encore en vie aujourd’hui. Des groupes détenus dans cette région ont fini dans des fosses communes.

Nous avons ensuite été entassés dans un véhicule blindé. Deux civils ukrainiens avec les mains liées dans le dos ont été poussés sur nos jambes. Nous avons voyagé de cette manière pendant une heure et demie. En chemin, un soldat russe a volé une bague en or que je possédais depuis 25 ans. J’avais prévu de la donner à Antonio lorsqu’il obtiendrait son diplôme universitaire.

À un moment, nous nous sommes arrêtés au beau milieu d’une forêt. Les deux Ukrainiens ont été jetés hors du véhicule dans la boue glacée. Je n’ai jamais vu ce qui leur était arrivé, mais je crains le pire.

Iryna et moi avons reçu l’ordre de nous tenir debout, et non assis, au même endroit, tandis que la température chutait brutalement. Allions-nous être menés dans les bois et exécutés? Nous sommes restés ainsi pendant deux heures, face à face, à nous tenir les mains pour les réchauffer.

Des soldats ont eu pitié de nous et nous ont offert des tasses de thé chaud à demi remplies.

Finalement, après avoir posé quelques questions supplémentaires sur nos documents de recherche, les soldats nous ont fait passer la nuit dans une camionnette avec un peu d’eau et des rations militaires individuelles et prêtes à manger. Le chauffeur venait de temps en temps allumer le moteur pendant une dizaine de minutes pour réchauffer l’habitacle, puis l’éteignait à nouveau. Nous avons essayé de dormir, mais c’était impossible en ignorant ce que le jour suivant nous réservait.

Le lendemain matin, nous avons été conduits le long de routes parsemées de véhicules civils et militaires calcinés. La partie arrière des roquettes dépassait du sol – des bombes qui n’avaient pas explosé – et les signes d’explosions et de dévastation étaient partout. C’était un voyage dans un paysage infernal.

Puis nous avons aperçu notre destination: l’aéroport Hostomel. Les pistes de décollage étaient semées de cratères et hors d’usage. L’armée russe l’utilisait comme une sorte de poste de commandement. On nous a bandé les yeux et guidés dans un bunker souterrain. Lorsque nos bandeaux ont été retirés, nous avons découvert une petite pièce meublée d’un bureau en bois, trois chaises bon marché.

Le sol était crasseux; l’air froid et humide. Il n’y avait pas d’horloge pour nous indiquer l’heure ou de calendrier pour connaître la date. Iryna a commencé à tenir le compte des jours en traçant six lignes verticales et une septième horizontale sur un coin du mur. Combien de temps allions-nous passer dans ce lieu? C’était impossible à déterminer. Personne ne nous expliquait pourquoi nous étions là ni sous quel prétexte nous étions détenus. Personne ne savait où nous nous trouvions, ni même si nous étions encore en vie. Tout ce que nous savions, c’était que chaque matin, lorsque les radios et les téléphones dans la pièce de l’autre côté du couloir se mettaient à sonner, une nouvelle journée de guerre commençait.

Un fils à l’alerte

Pendant ce temps, à Cambridge, Antonio savait qu’il y avait un problème. Nous étions maintenant dimanche, et il n’avait pas eu de nos nouvelles depuis mercredi. Il a finalement réussi à contacter les amis chez qui nous avions séjourné. Ils lui ont appris la terrible nouvelle, qu’ils tenaient eux-mêmes du chauffeur que nous avions embauché.

Mon fils s’est entièrement dédié à notre sauvetage. À seulement 18 ans, il savait comment la bureaucratie gouvernementale fonctionnait. Il a fait un premier appel à l’ambassade américaine à Londres. En s’efforçant de ne pas paniquer, il a expliqué qu’il avait besoin de se rendre à l’ambassade pour parler de ses parents à quelqu’un. «Prenez rendez-vous», lui a-t-on répondu.

Son deuxième réflexe a été d’appeler un ami à nous, le major général de l’armée de l’air américaine John Schoeppner Jr., désormais à la retraite. Cet ancien pilote de combat et commandant de la base aérienne d’Edwards avait participé à 154 missions au Vietnam.

Lorsqu’Antonio lui a expliqué la situation, le général a décroché son téléphone. Il a appelé l’ambassade américaine à Londres pour, selon ce qu’on m’a raconté, mener «un exercice de concentration de leur attention».

Cela a fonctionné. Quelques minutes plus tard, Antonio a reçu un appel d’un fonctionnaire plus haut placé de l’ambassade de Londres, qui l’a redirigé vers l’ambassade américaine à Moscou. Le département d’État a ensuite remis notre dossier entre les mains de personnes très affairées.

Parallèlement, Schoeppner se trouvait au téléphone avec ses contacts au Pentagone, éveillant le même niveau d’attention là-bas.

Otage russes: Antonio au téléphone avec des agents.Owen Freeman

Après ces premières interactions, le jeune homme s’est trouvé en contact avec des fonctionnaires de presque toutes les agences gouvernementales des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Ukraine que l’on puisse imaginer. À Kiev, ils commençaient à monter un plan de sauvetage qui impliquerait une prise d’assaut de l’aéroport par les troupes des forces spéciales ukrainiennes.

Mais nous ne savions rien de tout cela. Iryna et moi étions dans un trou noir d’information, c’est le moins qu’on puisse dire.

Nous étions détenus dans une pièce sans fenêtres au sous-sol, gardés par un soldat armé d’un AK-47 en tout temps.

Nous dormions sur un pauvre matelas très mince pour une seule personne et nous n’avions qu’une couverture pour nous protéger du froid humide du début du mois de mars. Mon manteau replié nous servait d’oreiller.

Les conditions sanitaires étaient inexistantes. Je devais uriner dans une bouteille d’eau en plastique. Nous déféquions dans un seau placé dans un coin de la pièce qui, heureusement, disposait d’un couvercle pour contenir l’odeur infâme. On nous fournissait des rations de l’armée russe, mais nous n’en avons pas consommé beaucoup.

Nos ravisseurs tentaient de dissimuler ce qui se passait dans les autres sections du bunker, mais nous entendions tout. La pièce voisine était une unité de triage médical. Les gémissements des mutilés et des mourants me hantent encore à ce jour. Des soldats russes blessés hurlaient de douleur. D’autres émettaient des bredouillements incohérents, sombrant par intervalles dans l’inconscience quand la morphine n’atténuait qu’en partie leur douleur.

Ensuite, il y avait le bruit d’une grosse bobine de ruban adhésif d’emballage que l’on enroulait autour de quelque chose. Nous connaissions ce bruit: le ruban adhésif est utilisé pour attacher les chevilles des soldats morts dans un sac mortuaire.

Chaque jour, nous étions bombardés. Les forces ukrainiennes n’étaient jamais loin, et en menant des attaques éclair contre l’aéroport, elles empêchaient les Russes de réparer les pistes de décollage. Le bâtiment tremblait de la proximité des explosions. Même au beau milieu de la nuit, un duel d’artillerie ou de mortier n’était pas rare. Nous avons commencé à nous inquiéter lorsque les bombardements étaient accompagnés du bruit d’armes légères, signe que les combats étaient presque au-dessus de nos têtes.

Otage russes: illustration de gens qui marchent dans la neige en Ukraine.Owen Freeman

Voir la lumière au bout du tunnel

Huit jours après notre capture, Antonio a été contacté par une collègue émigrée en Ukraine que je connaissais à Kiev. Elle était traductrice et analyste pour des officiers militaires américains de haut rang en communication avec l’Ukraine, et possédait ses propres contacts au Pentagone. Nous n’avions toujours aucune idée de tout cela, mais il y avait finalement plusieurs personnes œuvrant à notre libération.

L’une d’elles était Charlie Mount, qui dirige un service d’excursions en catamaran en Floride. Il a rencontré un de ses amis, qui a appelé quelqu’un. Il n’a jamais révélé de qui il s’agissait, mais lorsqu’il a raccroché, il a déclaré: «Quelque chose s’est mis en route. Ne me demande pas quoi, mais des événements vont se produire.»

Deux jours plus tard, deux soldats sont apparus dans notre cellule et nous ont annoncé que nous partions. On nous a de nouveau bandé les yeux, puis guidés jusqu’à la surface pour la première fois en 10 jours. Nous étions censés être emmenés de l’aéroport vers un autre lieu, mais à mi-chemin entre le bunker et le camion destiné à notre transport, l’aéroport a été frappé par une attaque de mortier.

Les hommes qui nous escortaient ont détalé pour se mettre à l’abri, nous laissant seuls à découvert, les yeux bandés, exposés à un bombardement déchaîné. Comment sommes-nous parvenus à éviter d’être touchés, je n’en sais rien, mais, lorsque les tirs ont cessé, notre escorte nous a poussés dans un camion.

On nous a emmenés dans un village voisin et installés dans un petit bâtiment utilisé par les Russes comme poste de commandement. À l’intérieur, ils nous ont fait entrer dans une salle de douches dont les têtes avaient été retirées, presque comme dans les films sur les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. On nous a fourni un petit repas chaud – le premier en 10 jours – avant de nous annoncer que nous devions dormir assis sur des chaises de métal froid.

La fin d’un cauchemar

Le lendemain matin, le 15 mars, on nous a conduits en direction du nord. La route était jonchée de voitures réduites en charpie par des tirs. Il y avait des véhicules militaires calcinés, d’interminables signes d’explosions et les ornières de véhicules lourds qui avaient défoncé la route.

Plusieurs heures plus tard, on nous a abandonnés au milieu de nulle part. Notre conducteur nous a rendu nos passeports et a déclaré: «Dans la direction d’où nous venons se trouve l’Ukraine, et par-là se trouve la Biélorussie.»

En pointant le doigt vers la Biélorussie, il a ajouté: «Vous feriez mieux de commencer à marcher.» Nous ne distinguions rien d’autre que des champs déserts et des forêts à l’horizon. Il était 17h et il restait moins de deux heures avant la tombée de la nuit, nous nous sommes donc mis en route.

Nous avons finalement atteint un poste-frontière biélorusse et avons expliqué que nous étions des réfugiés. Ils nous ont laissé traverser après une série de questions posées par leur personnel de l’immigration, des douanes et de la sécurité. Puis est arrivé le plus beau moment de notre vie. Un employé de la Croix-Rouge avait une tablette, et nous avons pu appeler Antonio sur Telegram, une application de messagerie instantanée, pour lui dire que nous étions en vie. Je n’ai jamais été aussi heureux d’entendre la voix de mon fils.

Reuben (au centre), avec Iryna et Antonio, en des temps plus insouciants avant le début de la guerre.Viktor Kovalevsky
Reuben (au centre), avec Iryna et Antonio, en des temps plus insouciants avant le début de la guerre.

Le lendemain, nous avons embarqué à bord d’un train de nuit qui nous a conduits jusqu’à la ville de Brest, à la frontière polonaise. Plusieurs heures plus tard, nous arrivions à Varsovie. Iryna a pris un vol pour les États-Unis et je l’ai suivie quelques jours plus tard. Le mois suivant, Antonio a pris un avion depuis Londres pour nous rejoindre. Nous étions enfin réunis.

«Bienvenue à la maison, papa», m’a-t-il soufflé alors que je l’étreignais, le corps tremblant d’émotion. «Je serai toujours là à t’attendre.»

© 2022, Rolling Stone, LLC. Tiré de «10 Days in Hell : Our Russian Hostage Nightmare», Rolling Stone (19 novembre 2022). Tous droits réservés.

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