Pourquoi lire L’hôtel de verre?

Chaque mois, nous vous recommandons une œuvre littéraire que nous vous invitons à lire et à commenter. Ce mois-ci: L’Hôtel de verre, d’Emily St. John Mandel.

Pourquoi lire L'hôtel de verre, le roman d’Emily St. John Mandel?Alto

De quoi ça parle

L’hôtel de verre est un casse-tête littéraire. En 2005, trois personnes se retrouvent un soir dans l’hôtel éponyme, un édifice magnifique situé dans l’île de Vancouver, dans un lieu si reculé qu’on n’y accède que par bateau.

Jonathan Alkaitis, son propriétaire, est un financier corrompu de Wall Street responsable d’une pyramide de Ponzi de plusieurs milliards de dollars. Leon Prevant, directeur d’une société de transport et client de l’hôtel, perd sa fortune dans la fraude d’Alkaitis. Vincent Smith est une jeune barmaid énigmatique qui deviendra la femme trophée d’Alkaitis. Le livre, qui se déroule sur deux décennies, verra un de ses personnages disparaître d’un porte-conteneurs au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest.

Emily St. John Mandel saute sans effort d’une époque, d’un personnage ou d’un continent à l’autre, et Vincent Smith est le lien qui relie tous ces éléments. Le roman, qui se lit tantôt comme une histoire de fantômes, tantôt comme un thriller, avance implacablement vers d’ultimes révélations.

Pourquoi vous aimerez ça

Il est étrange d’imaginer un livre qui se déroule dans la première décennie du nouveau millénaire comme une œuvre d’époque, mais c’est précisément ce qu’est L’hôtel de verre: un instantané criant de vérité sur le monde d’avant, pendant et immédiatement après la crise financière de 2008. L’écrivaine braque les projecteurs sur les excès de Wall Street avant l’effondrement, l’économie mondiale qui l’a soutenue et le moment où tout éclate (la métaphore du verre prend ici tout son sens).

Le livre semble véridique parce qu’il l’est: Emily St. John Mandel a quitté Toronto pour vivre à New York en 2002. Elle a pu observer la vie délirante de son élite. Quand son ami a été victime de l’escroquerie du tristement célèbre Bernie Madoff, elle a voulu écrire sur ceux qui ont tout perdu à l’époque – et les autres qui n’avaient rien au départ.

Qui l’a écrit

Emily St. John Mandel est une étoile de la littérature depuis la publication en 2014 de Station Eleven, une satire post-apocalyptique sur une troupe d’acteurs shakespeariens qui tente de survivre après une pandémie de grippe porcine. En cours d’adaptation pour une minisérie HBO Max, ce n’est pas le seul ouvrage de l’auteure que nous pourrons apprécier à l’écran.

Quelques mois avant sa publication, NBC Universal a retenu les droits de L’hôtel de verre.

Extrait

À la fin de l’année 1999, Paul étudiait la finance à l’université de Toronto, ce qui aurait dû lui procurer un sentiment de triomphe sauf que tout allait de travers. Plus jeune, il avait prévu de se spécialiser dans la composition musicale, mais il avait vendu son clavier lors d’une mauvaise passe, deux ans auparavant, et sa mère répugnait à envisager l’idée d’un diplôme sans débouchés, ce qu’il ne pouvait guère lui reprocher après plusieurs cures de désintoxication coûteuses. Il s’était donc inscrit à un cours de finance, estimant que cela représentait une voie riche en opportunités et remarquablement adulte – Regardez-moi, je m’initie aux marchés et aux mouvements de capitaux ! –, le seul défaut de ce plan magistral étant qu’il trouvait le sujet mortellement ennuyeux.

[Paul] avait nourri l’espoir, à tout le moins, de parvenir à s’intégrer dans un cadre social décent ; mais le problème, quand on se retire du monde, c’est que le monde continue de tourner sans vous, et entre le temps passé à consommer toutes sortes de substances, le temps passé à occuper de fastidieux emplois de vendeur en essayant de ne pas penser à la drogue, et le temps passé dans des hôpitaux et des centres de désintoxication, Paul avait vingt-trois ans et en paraissait davantage. (p. 15)

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L’hôtel de verre, le roman d’Emily St. John Mandel, 29,95$, éditions Rivages

Contenu original Selection du Reader’s Digest