La guérison par l’eau froide

Les bienfaits sur la santé d’une pratique «glaciale».

La guérison par l'eau froide: illustration d'une femme dans l'eau froide et d'un homme qui pêcheIllustration de Marley Allen-Ash

Immerger son corps dans des profondeurs glaciales ne semble peut-être pas très engageant, mais pour les férus de thérapie par l’eau froide, les bienfaits dépassent de loin cet inconfort passager. La guérison par l’eau froide, qui consiste à se plonger ou à nager dans une eau à moins de 15°C (soit environ 10 degrés inférieurs à la température moyenne d’une piscine), serait en effet vivifiante. Elle contribuerait à clarifier l’esprit et soulagerait même les douleurs.

Popularisée ces dernières années grâce notamment à Wim Hof, un athlète extrême néerlandais qui a mis au point sa propre méthode combinée avec des techniques de respiration consciente, la thérapie par le froid n’est pas nouvelle. Les Grecs anciens recouraient déjà à l’eau froide pour soulager la fatigue et traiter la fièvre.

Dans les pays scandinaves, une séance traditionnelle de sauna est parfois suivie d’un bain froid. Alterner chaud et froid augmente l’irrigation sanguine épidermique et stimule la circulation. Les athlètes de haut niveau prennent également des bains de glace ou des douches froides pour aider à atténuer les courbatures qui résultent d’entraînements intenses. De récentes recherches mettent en lumière d’impressionnants effets bénéfiques du froid sur la santé mentale et la gestion du stress.

«Se plonger dans l’eau froide provoque un stress de l’organisme, explique le Dr Mark Harper, auteur en 2022 de l’ouvrage Chill : The Cold Water Swim Cure et anesthésiste qui exerce au Royaume-Uni et en Norvège. Le corps réagit comme il le fait à n’importe quel stress: il libère de l’adrénaline et de la noradrénaline, la tension artérielle et le rythme cardiaque augmentent, et la respiration s’accélère.»

Un stress bénéfique

Contrairement aux effets néfastes du stress chronique, cependant, ce type de stress volontaire et maîtrisé peut être bénéfique, selon une étude américaine publiée en 2019 dans Neuroscience and Biobehavioral Reviews. Coupler facteurs de stress physiologique, comme la thérapie par l’eau froide, et méditation consciente permettrait en effet d’entraîner le cerveau à supporter le stress. Chaque fois qu’on conquiert le froid et qu’on en ressort revigorée, on renforce l’attente d’un résultat positif. Selon les chercheurs, ces modifications du cerveau dépassent la seule tolérance au froid et agissent dans l’ensemble de la vie quotidienne.

Le même effet optimiste a également été révélé par une étude, dont les résultats ont paru dans un numéro de Lifestyle Medicine en 2020, qui a suivi 61 participants à un cours hebdomadaire de natation en eau froide, sur une période de 10 semaines. Au terme de ce temps, ces derniers signalaient une amélioration de l’humeur et du bien-être nettement supérieure à celle des sujets du groupe témoin restés à terre.

L’exposition au froid augmente le taux d’hormones responsables du sentiment de bien-être, comme la sérotonine et la dopamine, affirme le Dr Harper, l’un des auteurs de l’étude. Nager constitue également un bon exercice, sans compter qu’il s’agit souvent d’une activité de groupe, ce qui aide à contrer l’anxiété et permet au corps de ressentir du plaisir et de la motivation.

Mark Harper nage en eau froide depuis près de 20 ans et compare le stress de cette thérapie à celui d’une activité physique intense. «En respectant les règles de sécurité, c’est un moyen efficace d’entraîner son corps. Naturellement si vous souffrez d’une maladie cardiaque, il faut être prudent.»

Si l’eau libre n’est pas votre truc, essayez les douches à l’eau froide. Une étude néerlandaise de 2016 publiée dans PLOS One en a mis en évidence l’effet positif sur l’immunité: les sujets qui prenaient une douche froide quotidienne présentaient 29% moins de risques de prendre des jours de congé maladie.

Et si vous préférez essayer la nage en eau froide dans un lac ou la mer, allez-y progressivement en commençant par de courtes séances d’exposition (juste assez longtemps pour que votre corps dépasse le choc initial). Ne commencez jamais en immergeant tout votre corps d’un coup, et nagez toujours accompagné. Augmentez graduellement le temps passé dans l’eau froide de trois ou quatre minutes, au moins une fois par semaine. «C’est tout ce dont vous avez besoin pour en tirer les bienfaits», assure le Dr Harper.

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Contenu original Selection du Reader’s Digest