Pourquoi le traitement hormonal substitutif est si controversé

Le débat se poursuit quant à savoir lesquelles des hormones bio-identiques ou des hormones synthétiques sont les meilleures pour traiter les symptômes de la ménopause. La médecin Susan Biali nous aide à clarifier la controverse.

Pourquoi le traitement hormonal substitutif est si controversé

«Que pensez-vous des hormones bio-identiques?» m’a demandé une femme dans la cinquantaine qui était entrée à brûle-pourpoint dans la clinique où je pratique. «Le gynécologue, auquel mon médecin de famille m’a recommandé, dit qu’elles n’ont pas fait leurs preuves et qu’il est préférable d’y aller avec l’hormonothérapie substitutive traditionnelle. Toutefois, j’ai peur de le faire».

Au cours de ma formation médicale, j’avais appris les rudiments de la santé hormonale des femmes. Je savais comment poser des questions sur les symptômes de la ménopause ou écouter les femmes m’en parler. Je pouvais confirmer le «diagnostic» et administrer des doses standards du traitement d’hormones substitutives (THS) synthétiques. Puis, en 2002, après avoir pratiqué pendant deux ans, sont venus les résultats de l’Interaction femmes santé (ISF). Cette vaste étude portant sur l’œstrogène et un progestatif synthétique couramment utilisé en THS, avait été suspendue lorsque les sujets ont présenté une augmentation des risques de cancer du sein, d’événements cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et de caillots sanguins. Profondément ébranlée, j’ai hésité à traiter n’importe quelle femme en THS synthétique, autrement que pour soulager les bouffées de chaleur les plus débilitantes. J’ai fait écho à la nouvelle position des principaux experts dans le domaine, avertissant les femmes de limiter l’utilisation du THS à pas plus de cinq ans.

Le raisonnement derrière le THS est généralement simple. À tout moment, du début de la trentaine jusqu’à la fin de la quarantaine, les femmes entrent dans la périménopause. Pendant cette période, les niveaux de progestérone chutent et les niveaux d’œstrogène dominent. Puisque la progestérone aide à dormir et nous maintient calmes, le déséquilibre crée des symptômes comme l’insomnie et l’anxiété.

Plus tard, alors que nous entrons en ménopause, nos ovaires cessent de produire de l’œstrogène et nous devons faire face à de faibles niveaux des deux hormones essentielles. L’œstrogène seul contribue à plus de 400 fonctions: entre autres choses, il régularise la température du corps, maintient la mémoire, améliore l’humeur et garde notre peau jeune. Lorsqu’il vient à manquer, nous avons des bouffées de chaleur, des trous de mémoire et «du brouillard de cerveau», des sautes d’humeur et notre peau vieillit plus rapidement.

Le THS vise à remplacer ces hormones en baisse, soulageant ainsi les symptômes et protégeant notre santé en général. Le THS synthétique se compose d’œstrogènes faits partiellement d’urine de juments pleines et de progestatifs, qui sont structurellement très différents de notre propre progestérone. Le THS bio-identique est constitué d’hormones extraites de sources végétales comme les ignames et le soja. Elles sont structurellement identiques à nos propres hormones. Les partisans du THS bio-identique statuent que le problème avec les hormones synthétiques, c’est qu’elles sont trop différentes des nôtres. Elles stimulent des récepteurs hormonaux supplémentaires «inutiles» et ne parviennent pas à remplacer une partie des fonctions essentielles de nos hormones naturelles, créant ainsi des effets secondaires potentiellement graves.

Lorsque j’ai entendu parler du THS bio-identique pour la première fois, ça avait l’air extraordinaire, mais je craignais que ces hormones n’aient pas été rigoureusement évaluées. Les chefs de file en matière de santé féminine, comme la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, maintenaient une position tout aussi sceptique. Pourtant, les pratiques de certains des meilleurs médecins que je connais ont commencé à se concentrer sur le THS bio-identique et la santé des femmes dans la quarantaine.

Une étude publiée en 2009 dans Postgraduate Medicine a examiné les données disponibles et a conclu que les hormones bio-identiques sont associées à des risques plus faibles et sont plus efficaces que leurs homologues synthétiques d’origine animale.

Alors, pourquoi la controverse?

Après les terribles résultats de l’étude de l’ISF, il est compréhensible que les groupes de pointe dans le domaine aient voulu avoir plus de preuves provenant d’études effectuées chez un plus grand nombre de femmes avant d’endosser cette nouvelle ère d’hormones. Ils disent aussi que les tests d’urine et de salive effectués par de nombreux praticiens bio-identiques visant à déterminer le niveau d’hormones de la femme, entre autres choses, ne sont pas précis. Pourtant, de nombreux praticiens ne jurent que par ces tests, assurant que leurs patientes obtiennent d’excellents résultats et moins d’effets secondaires avec le THS bio-identique qu’avec le THS synthétique.

Il y a une chose sur laquelle les deux camps s’accordent. L’intensité de la détresse que vous vivrez durant la périménopause ou la ménopause est étroitement reliée à votre état de santé général. Les hormones du stress se mélangent aux autres hormones et les femmes stressées, de même que celles qui ont de mauvaises habitudes alimentaires, ont plus de difficulté avec les transitions hormonales.

Donc, dans l’attente de recherches plus poussées pour avoir le dernier mot à ce sujet, n’oubliez pas de prendre soin de vous. Vous ne vous tromperez jamais avec ça.

La Dre Susan Biali est omnipraticienne pratiquante, experte en bien-être et mentore spécialisée. Elle est l’auteure de Live a Life You Love: 7 Steps to a Healthier, Happier, More Passionate You. Elle collabore aussi régulièrement avec Plaisirs Santé. Vous pouvez la suivre sur Twitter @DrSusanBiali.