Douleurs faciales et contractures: qu’est-ce que j’ai docteur?

La névralgie du trijumeau serait-elle à l’origine des douleurs faciales de Sanjib? Toucher, même légèrement, le visage ou les dents provoque une douleur intenable.

1 / 4
Douleurs faciales et contractures: qu’est-ce que j’ai docteur?
Yashvi Jethi/Shutterstock

Les douleurs faciales étaient-elles d’origine dentaire?

Le patient: Sanjib Choudhuri, 70 ans, chef d’entreprise à la retraite
Les symptômes: épisodes de douleurs faciales avec contractures
Le médecin: Dre Mojgan Hodaie, neurochirurgienne au Krembil Brain Institute de l’hôpital Toronto Western

Sanjib Choudhuri se souvient parfaitement de cette douleur soudaine qu’il a éprouvée la première fois au côté gauche du visage. Vers la fin des années 1990, ce chef d’entreprise d’une quarantaine d’années a pris congé pour passer un peu de temps avec son fils adolescent – et chercher une nouvelle Mustang cabriolet. «Je roulais la capote baissée, se souvient-il, et pendant une fraction de seconde, j’ai ressenti une douleur au cuir chevelu, comme si j’avais été frappé par la foudre.» La sensation s’est dissipée aussitôt.

Quelques années plus tard, Sanjib commence à souffrir de picotements douloureux aux dents et aux gencives. Ces douleurs récurrentes se manifestent souvent en avion, quand il est en voyage d’affaires; il les attribue aux changements de pression atmosphérique. Un dentiste diagnostique une dent fêlée et recommande une dévitalisation. Après l’intervention, les élancements reprennent, et Sanjib se met à éprouver de violentes douleurs au cuir chevelu, là aussi sans raison apparente.

En 2010, ces douleurs, toujours vives, se multiplient et s’intensifient. Le médecin d’un cabinet sans rendez-vous ne trouve rien de particulier, pas plus qu’un neurologue. On suspecte un moment une névralgie du trijumeau (NT), qui affecte les nerfs du visage, mais on ne trouve pas assez d’éléments pour le confirmer.

Un autre symptôme étrange commence à se manifester plus souvent. «Je percevais un bruit électrique dans ma boîte crânienne, comme s’il y avait un court-circuit; sssshhhht!»

L’étude de la génétique a permis la découverte d’une anomalie rare et a sauvé le petit Josh.

2 / 4
Même les systèmes IRM peuvent être piratés à votre insu.
TYLER OLSON/SHUTTERSTOCK

Au premier abord

Inquiet, son médecin de famille l’envoie faire une IRM. Il n’y a pas de tumeur, mais les images révèlent une légère malformation d’un sinus. Les sinusites chroniques causées par la pression pourraient expliquer la douleur. Le médecin prescrit un traitement, mais les médicaments ne changent rien.

En 2016, Sanjib finit par consulter une spécialiste de la douleur dentaire et gingivale. Pour la névralgie du trijumeau, elle suggère plutôt un médicament contre la douleur neuropathique afin de diminuer l’inconfort. Sanjib entreprend de se documenter sur cette pathologie. «J’ai compris qu’il s’agissait sans doute de cela», se souvient-il. Il se réjouit d’être soulagé par la nouvelle médication.

Deux années plus tard, son état s’aggrave pourtant de nouveau. Il est réveillé une nuit par une douleur explosive, insupportable. «Comme si on m’avait planté un câble haute tension dans le cerveau pendant 30 secondes.» Ça s’arrête un moment avant de reprendre et, pendant six heures, Sanjib subit un bombardement ininterrompu. Séparé de sa femme, il vit seul depuis que ses enfants ont quitté la maison. Il est inquiet et confus. «J’étais allongé dans le lit, je ne comprenais pas ce qui se passait ni quand ça cesserait.»

S’il touche, même légèrement, son visage ou ses dents, la douleur est intenable. «Sous la douche, l’eau sur le visage déclenchait une décharge électrique», se rappelle-t-il. Se brosser les dents, mastiquer ou même parler avec animation peut provoquer une douleur atroce.

Résolu à en avoir le cœur net, il prend rendez-vous avec Mojgan Hodaie, neurochirurgienne à Toronto, qui s’intéresse tout particulièrement à la NT. S’il s’agit bien d’une névralgie du trijumeau, elle pourra l’aider; sinon, peut-être trouvera-t-elle enfin la cause de ses douleurs.

Vous serez surpris d’apprendre que ces mythes sur la santé sont finalement vrais!

3 / 4
Mythe: il est dangereux de subir une chirurgie pendant la pleine lune.
ISTOCK/MEGAFLOPP

Le diagnostic final

Mojgan Hodaie, une femme chaleureuse et extravertie, se rappelle encore son premier cas de névralgie du trijumeau quand elle étudiait la médecine. Plus risquée à l’époque, l’intervention chirurgicale durait six heures. Elle en est restée marquée. La moitié des patients qui lui sont adressés pour une évaluation ne souffrent pas d’une NT ou ne bénéficieront pas dans l’immédiat d’une opération. Mais quand elle examine Sanjib, il n’y a pas de place pour le doute: ses symptômes correspondent en tous points à une névralgie du trijumeau. L’IRM détaillée de la structure des nerfs va le confirmer.

Dans une névralgie classique du trijumeau, un nerf est trop rapproché d’un vaisseau sanguin. Après un contact prolongé, la paroi du nerf s’use et le vaisseau comprime des fibres nerveuses sensibles, ce qui envoie des signaux douloureux que le cerveau s’efforce de supprimer. Avec le temps, les médicaments perdent de leur efficacité.

Comme la NT n’affecte qu’une personne sur 20 000, certains attendent des années avant d’obtenir un diag­nostic et le traitement approprié. «Les patients subissent souvent des extractions de dents qui auraient pu être évitées», déplore la Dre Hodaie.

N’hésitez pas à tester ces exercices pour stimuler ses neurones et entraîner votre cerveau.

4 / 4
Les chirurgiens ont des anecdotes sur leurs opérations.
iStock/annedde

L’opération

La neurochirurgienne a opéré et soulagé plus de 1000 patients. En janvier 2020, c’est au tour de Sanjib. Elle dégage le vaisseau qui comprime le nerf et pose une minuscule plaque de téflon entre les deux, en prenant soin de ne pas abîmer les structures délicates. Le risque de complications est inférieur à 2%, mais peut entraîner des lésions cérébrales ou nerveuses.

En reprenant connaissance dans la salle de réveil après l’intervention, Sanjib sait immédiatement qu’elle a réussi. «Avant, je ressentais toujours une lourdeur, comme un bleu douloureux quand on bouge, dit-il. Mais là elle avait disparu.»

Il est possible, au besoin, de répéter l’opération, mais la première est souvent la bonne. Comme l’IRM confirmait un cas de NT absolument classique, la Dre Hodaie a bon espoir pour Sanjib: «Il a toutes les chances que ça fonctionne.»

On vous révèle les secrets que les chirurgiens ne vous dévoileront pas!

Contenu original Selection du Reader’s Digest

Newsletter Unit