En entrevue: Colm Feore, le retour du bon cop

Colm Feore parle de bilinguisme, de Justin Bieber et de la scène, qui sera toujours son refuge.

Une illustration de Colm FeoreAimée van Drimmelen

Vous êtes une des têtes d’affiche du film Bon Cop, Bad Cop 2, actuellement en salles. Le premier, il y a 11 ans, a touché à la fois les spectateurs francophones et anglophones pour ainsi devenir le plus gros succès canadien de tous les temps. Pourquoi ce film a-t-il plu à un si vaste public ?

Nous n’avons pas démarré ce projet en pensant qu’il y aurait une suite – c’était une entreprise bien plus spontanée. Mais le scénario de Patrick Huard, qui partage l’écran avec moi, se moque tout autant des Canadiens anglais que des Canadiens français en étalant nos préjugés mutuels pour le plus grand plaisir de tous. Tout Canadien qui a déjà eu un emploi exigeant un certain niveau de bilinguisme – même s’il s’agissait juste de dire « bonjour » – a connu ces tensions, cela fait partie de notre expérience.

Patrick Huard a affirmé que rejouer avec vous était comme se glisser dans une vieille paire de chaussures. Comment décririez-vous ces retrouvailles ?

Je pensais plutôt à une vieille veste – cela nous habille davantage. On a bien ri quand on a repris le travail, parce que tout était exactement comme il y a 10 ans – le rythme était identique, l’humour.

Au cours de cette décennie, vous avez joué dans des superproductions comme Thor et L’extraordinaire Spiderman. Êtes-vous devenu une diva des plateaux ?

Dois-je vous rappeler qu’il s’agit d’un film canadien ? Pour avoir une diva il aurait fallu que Céline Dion y fasse une apparition – et je suis sûr qu’elle aurait été courtoise et charmante. Non, il n’y a pas de place pour ce type de figure dans genre de projet, nous n’avons pas les moyens de retarder une production parce que le café au lait de Madame ou Monsieur est froid. Moi en tout cas je serais ridicule et perdrais mon travail.

Beaucoup de Canadiens vous considèrent comme un trésor national, mais j’ai été surprise d’apprendre que vous étiez né à Boston.

C’était une erreur d’aiguillage. En quittant l’Irlande, mes parents ont débarqué à New York, parce que mon père faisait ses études à Boston. Mais nous sommes arrivés à Ottawa quand j’avais quatre ou cinq ans. Ma sensibilité, mon éducation et tout le reste sont canadiens.

Vous avez aussi conservé des liens avec Stratford, en Ontario, qui accueille un festival mondialement connu de théâtre shakespearien – même lorsque vous faisiez carrière à Hollywood. Pourquoi ?

Stratford est mon refuge artistique. C’est un endroit extraordinaire qui permet aux comédiens de se développer loin du regard du public, dans un environnement semblable à un laboratoire. On peut alors profiter de nos mentors. Je vis là. C’est là que j’ai élevé mes enfants. C’est là que je retrouve ma femme, Donna. Je l’ai remarquée alors qu’elle était danseuse dans la comédie musicale Blanches colombes et vilains messieurs, et je l’ai trouvée fabuleuse. Cette année, elle signe la mise en scène et la chorégraphie de ce spectacle au festival.

Vous étiez peut-être la plus grande célébrité originaire de Stratford jusqu’à l’apparition d’un certain M. Bieber.

Justin fréquentait la même école que mes enfants. Il était très impressionnant à l’époque, au milieu des années 2000 – une fois, il a essayé de faire un saut périlleux dans le gymnase pour attirer l’attention des filles lors d’un bal que ma femme surveillait, et il a fini avec le nez ensanglanté. Mais il s’en sort très bien. Nous sommes très fiers de lui.

Bon Cop, Bad Cop 2 est actuellement en salles.
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Tiré du Sélection du Reader’s Digest (juin 2017)