Le tour du chapeau de Geneviève Tardif

Après le lancement de deux balados portant sur la place des femmes dans le sport et une nomination comme l’une des chefs d’antenne aux prochains Jeux olympiques, la journaliste Geneviève Tardif est, depuis peu, la nouvelle chroniqueuse aux sports à l’émission quotidienne Tout un matin à Radio-Canada.

Portrait de la journaliste Geneviève Tardif.Marï Photographe

«Avoir un poste régulier, que ce soit à la télé ou à la radio, c’était un souhait que j’avais depuis longtemps, reconnaît-elle en entrevue. J’ai remplacé à Tout un matin dans le passé, mais je ne pensais pas c’était un poste qui allait s’ouvrir un jour!»

Bien qu’elle soit satisfaite de ses premières semaines au micro et de son intégration au sein de l’équipe, Geneviève sait que ses nouvelles fonctions exigeront des efforts considérables à long terme. «Le plus important, c’est d’avoir une chimie avec les autres et de faire sa place. […] J’ai du plaisir et j’aime beaucoup la créativité de la radio; de trouver des sujets qui m’intéressent et qui vont intéresser les gens.»

Boucler la boucle

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Geneviève Tardif œuvre pour la société d’État: son poste de chroniqueuse représente pour elle un véritable «retour à la maison». Tout commence à 21 ans, lorsqu’elle quitte le nid familial pour travailler à Radio-Canada en Saskatchewan. «Si je n’avais pas fait ce choix-là, je ne serais pas où je suis aujourd’hui, convient-elle en entrevue. C’est cette expérience qui m’a donné le goût d’évoluer dans ce milieu-là, de devenir journaliste, chroniqueuse, animatrice».

D’abord incertaine de son orientation de carrière, Geneviève enchaîne les expériences professionnelles et les remplacements à Montréal. Son poste de reporter à l’émission JiC sur TVA Sports a été à ses yeux la «porte d’entrée» lui permettant d’être enfin perçue comme une journaliste sportive, plutôt que comme «la fille de la météo».

«Ç’a été l’occasion que les gens me découvrent. […] J’ai vécu un moment difficile pendant la pandémie, mais ça m’a donné encore plus d’énergie et de détermination pour réaliser mes rêves, notamment celui d’avoir une émission sportive.»

Le pouvoir d’être femme

Si son passage à JiC lui a permis d’acquérir une expérience précieuse, Geneviève a aussi réalisé au cours de ses fonctions qu’il était ardu d’évoluer dans un monde qui, pendant longtemps, a laissé peu de place aux femmes.

«Je serai toujours reconnaissante de ce tremplin-là. Je trouve toutefois que le poste qu’on m’a offert – celui d’être la fille des réseaux sociaux – était un peu réducteur par rapport à ce que je voulais faire dans le milieu du sport, explique-t-elle. […] Je ne suis pas certaine que c’était une histoire d’être homme ou femme, mais c’est ce que j’ai vécu.»

Selon la journaliste, le manque de visibilité est l’un des principaux enjeux par rapport à la place des femmes dans le sport, tant dans les médias qu’au sein des équipes professionnelles. Les femmes doivent faire leur place jusqu’aux postes de direction et à l’écran, entre autres pour offrir des modèles de représentation et du contenu plus diversifiés. «On réalise de plus en plus que c’est en ayant de la diversité dans une équipe qu’elle devient plus forte. Plus on va en voir, plus il y aura de jeunes femmes qui vont croire que c’est possible», estime la chroniqueuse.

Cette volonté de changement a d’ailleurs incité Geneviève à lancer Elles brillent, un balado visant à faire rayonner des femmes inspirantes dans le monde du sport. Faute de soutien de la part des grandes chaînes télévisées, elle décide finalement de le produire par ses propres moyens. «Je pense qu’à la base, on ne voyait pas l’intérêt de ça, déplore la journaliste. On parle souvent des mêmes sports au Québec, et je voulais sortir de ça en montrant des femmes sportives qui sont intéressantes et qu’on ne met pas assez en lumière.»

Bien qu’elle ait essuyé de nombreux refus avant de mener son projet à terme, Geneviève estime que le Québec connaît un «tournant» quant à la place des femmes dans les milieux sportifs. «Quand j’ai commencé et que j’ai fait le choix de ne faire que du sport, j’ai réalisé que c’était plus difficile. Je cognais aux portes, mais on ne me répondait pas, ou on me disait qu’il n’y avait pas de place pour moi, raconte-t-elle. Depuis quelques années, je vois une ouverture pour les femmes que je n’avais pas observée avant».

Aux yeux de la chroniqueuse, le fait d’être femme dans un milieu masculin présente certes plusieurs défis, mais aussi des atouts. «Je vois peut-être les histoires de résilience et de courage différemment. L’humain m’intéresse beaucoup, je suis sensible et je pose des questions différentes. Le fait d’être maman et la conjointe d’un athlète olympien – j’ai aussi vécu des choses que peu de journalistes auront connues de l’intérieur», soutient-elle.

Mère de deux filles en bas âge, Geneviève puise aussi sa force dans son rôle de parent et espère être un modèle de passion et d’authenticité pour Violette et Ludivine. «Pour certaines femmes, ça peut être dur de prendre notre place. Le fait d’être maman, je réalise que j’ai plus confiance en moi: oui j’aime le sport, j’en parle à ma manière, je n’essaye pas de copier tel ou tel homme. Je suis Geneviève Tardif et je m’assume!», affirme-t-elle avec aplomb.

Le rêve olympien

La prochaine année ne sera donc pas de tout repos pour la journaliste: entre son nouveau mandat radiophonique et la récente naissance de son deuxième enfant, elle entame également sa préparation pour les Jeux olympiques de Paris. «La première chose, ça va être de m’acclimater et de trouver mon rythme à Tout un matin. Jusqu’en juin prochain, c’est vraiment un marathon, explique-t-elle avec excitation. Il faut que je sois une Olympienne là-dedans!»

C’est la première fois que Geneviève Tardif se rendra aux JO, un rêve qui s’est concrétisé lors de son expérience de commentatrice pour Radio-Canada aux Jeux de Tokyo et de Beijing. «On est en train de monter l’équipe qui va pouvoir m’aider et me conseiller. Il faudra faire beaucoup de recherches; rencontrer des athlètes et leur famille, être sur le terrain et rester à l’affût de l’actualité», conclut la journaliste.

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