Avez-vous les moyens de rester à la maison?

Vous arrive-t-il de rêver de laisser tomber votre boulot pour rester à la maison avec vos enfants? Cela peut vous étonner, mais c’est peut-être possible. 

Avez-vous les moyens de rester à la maison?

Il est 8 heures. Vous essayez désespérément d’« emballer » vos enfants encore à moitié endormis dans leur habit de neige pour les conduire à la garderie. Votre petit dernier ne trouve pas son nounours et votre fille n’arrive absolument pas à coiffer sa chevelure rebelle. Les plats du déjeuner traînent encore sur la table et y seront toujours à votre retour du travail en fin de journée alors que vous aurez à vous lancer dans la préparation du souper.
 
C’est une situation que vous connaissez trop bien, pas vrai? Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule personne à vouloir rester à la maison pour s’occuper de ses enfants.

 Selon un rapport de Statistiques Canada, la majorité des parents de familles à double revenu se disent débordés et déplorent le fait de ne pas pouvoir consacrer plus de temps à leur famille et leurs amis; 69% des femmes et 51% des hommes disent se sentir souvent stressés à cause de leurs horaires surchargés.
 
Comment se fait-il alors qu’il n’y a pas plus de parents qui choisissent de laisser tomber la double carrière et la vie de fou qu’elle entraîne? Pour plusieurs, c’est purement une question d’argent. En premier lieu, parce que Revenu Canada pénalise les familles à revenu unique en imposant les gains individuels plutôt que le revenu du ménage.
 
Prenons, par exemple, le cas d’une famille de deux parents et de deux enfants : si un seul des deux parents travaille, son impôt sur le revenu sera de 13 800$; par contre, si les deux travaillent, l’impôt total qu’ils paieront sera de 9600$. Ainsi, bien que le revenu du ménage soit le même, la famille dont un seul parent travaille paiera 4200$ d’impôt en plus que celle dont les deux travaillent. Cela dit, il y a quelques effets compensatoires lorsqu’un des deux parents reste à la maison.
 
Crédits d’impôt

Les crédits d’impôt (par exemple les avantages fiscaux accordés par les provinces, la prestation fiscale canadienne pour enfants, les crédits pour les taxes de vente, le crédit pour la TPS) sont calculés en tenant compte du revenu du ménage. Ainsi, si l’un de vous quitte son travail pour rester à la maison avec les enfants, vous recevrez un montant plus élevé du gouverment. Par exemple, si le salaire annuel de votre époux est de 60 000$ et que, de votre côté, vous laissez un travail qui vous en rapporte 30 000$, vous pouvez compter sur des montants additionnels de 1524$, sous la forme d’un crédit pour conjoint dépendant, et de 1 200$, sous la forme de prestations pour enfants (exemple valable pour l’Ontario).

 
Épargne résiduelle

Charles Long, auteur de How to Survive Without a Salary (Firefly Books, 1998), affirme que si l’argent est la seule chose qui vous empêche de faire ce que vous souhaitez faire, vous devriez évaluer ce qu’il vous en coûte réellement pour travailler. Si vous tenez compte des crédits pour taxe perdus, des frais de garderie, des coûts de déplacement pour vous rendre au travail et en revenir, de l’impôt sur le revenu supplémentaire, de ce qu’il en coûte pour maintenir une garde-robe adéquate, et des repas que vous devez prendre à l’extérieur à l’occasion, vous n’y gagnez probablement pas beaucoup à travailler, à moins que votre salaire soit relativement élevé.

 
Combien reste-t-il du second salaire dans vos poches?

Selon Frank Jasek, comptable chez Prapavessis Jasek, une entreprise de Burlington (Ontario), si vous gagnez 30 000$ ou moins et devez assumer des frais de garderie, il se pourrait qu’il ne soit pas rentable de travailler.
 
Prenons l’exemple d’un couple avec deux enfants âgés de moins de sept ans, dont l’un des conjoints (le principal soutien de famille) gagne 60 000$ tandis que le second gagne 30 000$, et voyons ce qu’il reste effectivement du second salaire.

EXEMPLE SECOND REVENU DE 30 000$
IMPÔT (fédéral et impôt provincial de l’Ontario   4 576$
RPC (Régime de pensions du Canada)   1 312$
A.E. (Assurance-emploi)      594$
REVENU NET 23518$
 Perte du crédit pour conjoint dépendant  1 524$
 Perte des prestations pour enfants  1 200$
 Garderie  (coût réel après déductions d’impôt)  9 999$
 Frais de déplacement (deuxième voiture, essence, réparations, assurance)  6 000$
 Repas ou collations pris au travail (25$ par semaine)  1 250$
 Nettoyage à sec (20$ par mois)     240$
 Garde-robe pour travail     500$
 Frais pour les divers travaux qu’il faut confier à d’autres (60$ aux deux mois)     360$
 Plats commandés ou aliments prêts-à-servir (25$ par semaine) 1 250$
 DÉPENSES TOTALES LIÉES AU TRAVAIL 22 323$
 REVENU RÉEL TIRÉ DU SECOND SALAIRE   1 195$

Dans cet exemple d’un couple vivant en Ontario, le principal soutien de famille perdra une déduction de 1524$ s’il ne peut déclarer son conjoint comme dépendant, de même que des prestations pour enfants de 100$ par mois (ou 1200$ par année).
 
Si l’on suppose que la garderie coûte 125$ par semaine par enfant, soit 13 000$ par année, montant duquel il faut soustraire la déduction pour frais de garderie de 3001$ par année pour quelqu’un dont le revenu annuel est de 30 000$, les frais de garderie s’élèvent en fait à 9999$.
 
Runzheimer Canada estime qu’il en coûte environ 10 072$ par année pour conduire au Canada une voiture de taille moyenne construite en 2001 (en comparaison, un abonnement à vue pour les transports en commun de la Toronto Transit Commission ne coûte que 1122$ par année).

De plus, en tant que locataires ou propriétaires, notre couple hypothétique pourrait avoir droit à des crédits provinciaux d’impôts fonciers si un seul des deux travaille.