SOS chiens

Pour Johanne Tassé, l’adoption est le meilleur moyen de combattre les usines à chiots.

SOS chiens

Couché sur la table du vétérinaire, le bichon maltais de neuf ans fait peine à voir. La chienne est maigre, sale, ses dents et gencives sont infectées, elle a perdu l’œil droit et il lui manque un bout d’oreille. Pour couronner le tout, ses cordes vocales ont été sectionnées parce qu’on ne voulait plus entendre ses jappements. «Elle ne bouge pas tellement elle est terrorisée», explique, entre tristesse et colère, Johanne Tassé, à qui l’on vient de remettre l’animal rescapé d’une usine à chiots. Il faut trois bains à Chérie pour qu’elle retrouve un peu de sa blancheur. Puis, après une dose d’antibiotiques, un bon repas et des tonnes de caresses, la petite chienne semble enfin prête à rencontrer Beverley et James Miller, ses nouveaux «parents adoptifs» qui, comme toujours, ont été triés sur le volet.

Depuis que Johanne a fondé les Centres d’adoption d’animaux de compagnie du Québec (CAACQ), en mai 2008, quelque 1500 animaux abandonnés, perdus ou maltraités ont trouvé une famille. Son plus grand défi? Persuader les gens d’adopter plutôt que d’acheter. «Plus on achète de chiens, dit-elle, plus les usines à chiots en produisent et, plus elles en produisent, plus il y a de chiens abandonnés par des propriétaires tannés de prendre soin d’un animal, et plus on en euthanasie.»

Le seul moyen de briser ce cycle infernal: adopter. C’est ce que fait Johanne en 1995, quand elle décide de ramener un chien dans sa maison de Beaconsfield.

«Brill était dans un sale état, se souvient-elle. Même mes amies me disaient: «Mon Dieu, qu’il est laid!» Mais ce chien était un diamant brut!»

Deux ans plus tard, Johanne adopte Bungee, «un mal peigné de trois ans qui adorait les enfants». En allant le chercher dans un refuge, elle rencontre Helen Lacroix, la propriétaire, qui héberge bien d’autres animaux abandonnés dans sa résidence de l’Ile-Perrot. Comme Johanne dispose d’un peu de temps libre entre la maison et son travail de représentante pour un manufacturier de vêtements, elle demande aussitôt à Helen comment elle pourrait lui donner un coup de main.

«Aidez-moi à convaincre les gens d’adopter un chien adulte», lui répond la propriétaire du refuge. Les laissés-pour-compte se retrouvent souvent seuls à la suite d’un divorce, à l’arrivée d’un nouveau-né ou d’une nouvelle compagne. «Certains propriétaires abandonnent leur chien simplement parce qu’ils viennent de changer leur plancher de bois franc!» s’indigne Helen.

Les deux femmes décident donc de s’associer et remuent ciel et terre pour trouver une famille pour leurs protégés. Helen s’occupe du refuge tandis que Johanne use de ses talents de communicatrice pour faire connaître les avantages de l’adoption: elle parle aux médias, organise des conférences.

Mais après 10 ans d’efforts, elle n’est toujours pas satisfaite… Au printemps 2008, Johanne fonde donc les CAACQ.

«Chaque chien qui arrive au centre est vermifugé, opéré et vu par un vétérinaire, souligne-t-elle. S’il le faut, il est vacciné.»

Lorsqu’un propriétaire potentiel se manifeste pour venir chercher un animal, l’équipe du centre le soumet à un questionnaire détaillé pour lui trouver un partenaire idéal. «Si notre taux de placement permanent est de 95 pour 100, c’est que nous ne donnons pas au propriétaire le chien qu’il désire, mais au chien le gardien dont il a besoin», explique la fondatrice des CAACQ.

Comme Beverley et James pour Chérie, qui ne pouvait espérer mieux. Aujourd’hui, la chienne mange bien, se laisse caresser et joue même avec sa maîtresse. «Johanne accomplit un travail remarquable auprès de ces animaux, déclare Beverley avec enthousiasme. Sans elle, ils n’auraient aucune chance.»

Pour adopter ou pour aider: www.caacq.ca