Le Book Humanitaire: un organisme d’entraide réconfortant

Le jour où Rachel Lapierre gagne à la loterie, elle décide de s’investir et d’investir financièrement dans son organisme: le Book Humanitaire.

Rachel Lapierre, fondatrice de l'organisme d'entraide le Book Humanitaire.Cindy Boyce
Rachel Lapierre, fondatrice de l’organisme d’entraide le Book Humanitaire.

À le regarder, personne n’imaginerait qu’André Harel a déjà eu des problèmes de toxicomanie qui l’ont mené jusqu’à la rue. Souriant, rayonnant, il est aujourd’hui bénévole à temps plein. «Des fois, on donne une paire de bas et c’est comme si on donnait une Ferrari», raconte le septuagénaire, qui s’implique depuis plusieurs années dans l’organisme mis sur pied par Rachel Lapierre, le Book Humanitaire.

Transmettre l’envie de donner, c’est la force de Rachel Lapierre. En 1995, sans expérience ni formation, n’ayant jamais fait de voyage humanitaire, elle entraîne ses quatre enfants et son conjoint dans un voyage au Chili, prétextant un «séjour linguistique». Mais son objectif réel est tout autre: trouver un orphelinat et y faire du bénévolat.

À force de frapper à des portes, Rachel finit par rencontrer une directrice d’orphelinat prête à lui donner sa chance. Elle passe des heures à divertir des enfants sans aide ni jouets, traite 250 enfants pour des poux avec pour seul remède de l’eau froide, et conduit un jour à l’hôpital un bébé mourant… qui sera finalement sauvé grâce à son acharnement.

«À partir de ce moment-là, j’ai compris une chose: on peut toujours faire une différence dans la vie de quelqu’un, quel que soit notre métier», raconte-​t-elle. Après plusieurs autres expériences aux quatre coins de la planète et au sein d’organismes variés, elle entreprend à 40 ans des études d’infirmière. Pour aider plus, pour aider mieux. Quelque chose l’empêche toutefois de se sentir en paix: derrière les portes closes, la misère se tapit, même ici. Tout doucement, elle commence à aider les gens dans sa communauté: ramasser les feuilles chez un voisin à mobilité réduite, faire des biscuits pour une personne malade, distribuer de la soupe dans les parcs… Suivez ces trucs pour bâtir une relation de confiance avec vos voisins!

Les gens entendent rapidement parler de ce qu’elle fait et commencent à lui apporter des objets à redistribuer. Elle remplit un garage, puis deux, puis un grand local. Elle fait des adeptes. Sans ostentation, comme dans tout ce qu’elle fait, Rachel les aiguille vers des gens dans le besoin.

En 2013, elle met finalement sur pied un organisme à but non lucratif, le Book Humanitaire, basé à Saint-Jérôme. Mettre en relation des gens de cœur avec des gens en situation d’urgence, telle est la mission du «Book», comme elle l’appelle affectueusement. Son but: servir de courroie de transmission, en quelque sorte.

Quelques années plus tard, un événement survient qui aurait pu changer radicalement le cours de la vie de Rachel Lapierre. Un soir, en rentrant du boulot, l’infirmière achète pour la première fois de sa vie un billet de loto «gagnant à vie». Et le destin lui sourit. Avec son gros lot, elle aurait pu faire mille et une choses, mais fidèle à elle-même, Rachel garde les pieds bien sur terre.

«Quand j’ai acheté le billet, j’ai fait un pacte avec la vie: si jamais je gagne, je me consacre au Book Humanitaire jusqu’à la fin de mes jours», se souvient-elle. Et c’est ce qu’elle fait. Elle quitte son emploi d’infirmière pour s’occuper du Book à temps plein. Pas même une dépense folle ou un souper au restaurant pour célébrer: ce que la vie lui a consenti, elle le redonne jusqu’au dernier sou.

Parce que pour Rachel, donner au suivant n’est pas un fardeau. «Ça fait autant de bien, sinon plus, à la personne qui donne qu’à celle qui reçoit, et quand tu trouves le bon bénévolat pour chaque personne, la relation dure longtemps», indique-t-elle. C’est pourquoi le bénévole est au cœur de la mission du Book.

Les cardiologues aident les autres.YAKOBCHUK VIACHESLAV/Shutterstock

Aujourd’hui, le Book Humanitaire compte 24 bénévoles permanents et aucun salarié. Tout ce qui est reçu est redonné, point final. «On ramasse 1000$, on redonne 1000$», s’enorgueillit André Harel, aujour­d’hui trésorier et directeur des collectes de fonds. Pas de frais d’administration, pas de remboursements pour des déplacements, les bénévoles s’en tiennent à leur mission: aider le plus de gens possible.

Toutes les «bonnes actions» sont comptabilisées dans un petit cahier. En 2018, il y en a eu 48 500. Faire du ménage chez une mère qui sort de l’hôpital, partager un repas de Noël avec les hommes de la Maison du Père, offrir un makeover à des gens en situation de précarité… Aucune demande n’est trop grosse – ou trop petite.

Selon les données comptabilisées, 98% des demandes reçues sont comblées. La passion de Rachel, le bonheur évident des bénévoles et l’efficacité de la petite équipe ont permis au Book Humanitaire d’acquérir une certaine notoriété dans la région: beaucoup des demandes proviennent des CLSC et des hôpitaux, qui peinent à toutes les satisfaire eux-mêmes.

Entre le déménagement vers un plus grand local à Saint-Jérôme et la mise sur pied d’un bureau permanent du Book Humanitaire à Calcutta, Rachel Lapierre trouve quand même le temps de réfléchir à l’avenir. Grâce à une application, actuellement en phase de développement et qui sera nommée «Book ta bonne action», Rachel envisage un avenir où le monde entier pourra se connecter et s’apporter bien-être et soutien.

«Les gens ont besoin d’amour, besoin que ça aille mieux, besoin de se réveiller!» constate-t-elle. On dit souvent que les actions parlent plus fort que les mots; dans le cas de Rachel Lapierre, c’est toute une symphonie de bienveillance qui s’écrit.

Ces récits sur la force de l’entraide vont vous redonner foi en l’humanité.

Contenu original Selection du Reader’s Digest