Psychologie: Progresser, c’est aussi combattre ses peurs et avoir confiance

Améliorer ses connaissances, progresser et avoir confiance. La rédactrice Kat Tancock partage des leçons de vie qu’elle aura apprises… sur les pentes de ski!

Psychologie: Progresser, c'est aussi combattre ses peurs et avoir confiance

Psychologie: apprendre, progresser, foncer

«Mettez à profit d’anciens savoirs lorsque vous êtes en terrain inconnu et acquérez-en de nouveaux en terrain connu,» me lance Walt Lattrell, mon moniteur de ski, alors que nous faisons une descente facile en réchauffement, à la station de ski de Smugglers’ Notch, au Vermont.

C’est une leçon qui m’aurait bien servie lors de précédents voyages de ski alors que j’apprenais progressivement, minutieusement et dans l’angoisse à descendre une piste de calibre intermédiaire.

Et bien qu’il soit question de ski alpin, c’est une leçon qui s’applique à la vie aussi. Améliorer ses connaissances et progresser, en ski et dans la vie, signifie aussi vaincre sa nervosité, aller de l’avant et faire preuve de confiance.

«Goethe avait raison: «Faites preuve d’audace et de puissantes forces viendront à votre aide», affirme Greg Dubord, professeur adjoint au département de Psychiatrie de l’Université de Toronto. «Bien des gens interprètent leur fébrilité physiologique comme étant un indice de danger, mais, dans de nombreux cas, c’est une interprétation erronée. Le courage peut se définir comme l’acceptation de cette sensation physiologique de crainte tout en poursuivant son objectif. »

Étape par étape

J’ai skié pour la dernière fois il y a neuf mois. Lattrell et moi y allons lentement, pour échauffer mes cuisses et relancer ma technique en dormance. Le Vermont est couvert d’une couche de neige fraîche et il fait relativement chaud, à peine quelques degrés sous zéro. Nous skions dans un paysage hivernal: les câbles des télésièges sont couverts de givre et les arbres sont devenus de blanches silhouettes. En d’autres termes, c’est un environnement de carte postale et la beauté qui m’entoure ajoute à ma motivation.

Lattrell insiste sur le renforcement positif et me félicite de mon exécution des manœuvres. Bien que je sache qu’il le fait pour hausser ma confiance, je dois admettre que ça marche. Un facteur important de ma crainte du ski représente une variante du syndrome de l’imposteur: je suis convaincue que mes soi-disant compétences n’en sont pas et que, tandis que j’ai bien exécuté mes 300 derniers virages, je vais rater le prochain et plonger le long de la falaise.

Lattrell, dans ses recherches sur l’enseignement aux skieurs hésitants, comme moi, a constaté que la solution consiste à les aider à croire en leurs capacités, pour les mener, pas à pas, dans la maîtrise de compétences et de pistes de plus en plus difficiles, avec juste assez de défi pour éviter l’ennui, mais pas trop non plus, pour éviter que la peur ne revienne. En effet, durant l’apprentissage du ski, plus vous hésitez, plus vous vous inclinez vers l’arrière, et plus il est difficile d’exécuter les manœuvres correctement et avec grâce. Nous passons cette leçon de deux heures du premier jour sur des pistes pour débutants, afin de raffiner ma technique et de me donner envie de descendre des pistes plus exigeantes, celles où je devrais normalement skier, me dit mon instructeur.

J’adopte cette approche progressive dans mes propres projets professionnels imposants qui me font sentir incompétente. Il est important de savoir que lorsqu’une tâche est exigeante, les gens ont tendance à croire que sa réalisation est hors de portée quand, à la vérité, toutes les étapes sont réalisables, une à la fois. La peur est le frein qui fait hésiter à s’engager, à essayer, à faire face à l’anxiété et à diviser un tout imposant en étapes plus faciles à accomplir. « Commencez sur la piste du Lapin, pas dans le Couloir du Soudan, », dit Dubord, en faisant référence à une piste abrupte légendaire de la station Whistler-Blackcomb, maintenant appelée Le Couloir Extrême et que je vais certainement éviter dans un avenir proche.

Affermir sa confiance en toute circonstance

Au deuxième jour à Smugglers’ Notch, Lattrell et moi nous dirigeons vers le mont Sterling, le paradis des skieurs intermédiaires. Nous descendons ma première piste bleue de la saison (et une des rares de toute mon existence). Je suis nerveuse, au début, surtout dans les passages étroits, mais nous faisons des pauses pour admirer le paysage et, bientôt, je me détends et y prends plaisir. À mesure que la journée avance, Lattrell m’encourage à essayer de nouvelles compétences. Son enthousiasme se traduit par une augmentation de ma confiance et je ne chute pas, même pas en descendant quelques pentes raides qu’il dit pratiquement diamants noirs. Je suis sceptique, mais accepte le compliment. À la fin, malgré un moment effrayant dans les bosses, je me sens bien, compétente et enthousiasmée par la saison qui s’annonce.

Le lendemain, je me réveille à Jay Peak, à quelques encablures de la frontière canadienne et, après le petit-déjeuner de pain doré, je fais la connaissance de Craig Cimmons, directeur de l’École des sports d’hiver. Le temps est bon et il neige sur la montagne, encore calme à la veille de l’achalandage de Noël. Nous prenons la télécabine vers le sommet et attendons d’être seuls avant d’entreprendre notre descente, prenant le temps de goûter le silence et l’épais manteau de neige sur les arbres et au sol.

Au moment d’entreprendre mon ultime descente de la journée, je suis frappée par deux faits. Tout d’abord, enfin, je sens que je skie, que je peux réclamer cette compétence comme mienne et que, si j’ai été capable d’y parvenir, rien n’est hors de ma portée. Le nom de ce sentiment, dit Dubord, est l’auto-efficacité, « la conviction profonde que l’on peut réaliser une tâche et atteindre son objectif. Cette conviction se construit grâce à la maîtrise répétée des défis.» Deuxièmement, je me rends compte que les efforts et le dépassement de la crainte valaient la peine: désormais, à la montagne, en hiver, je me sens chez moi.