La transpiration excessive vous fait-elle suer?

Chez certaines personnes, la transpiration excessive ou l’hyperhidrose est un problème physique éprouvant qui a d’importantes répercussions dans leur vie. Fort heureusement, un nouveau traitement efficace est maintenant disponible.

La transpiration excessive vous fait-elle suer?

Sharlene Amerl avait 12 ans lorsqu’un membre de la famille fit pour la première fois une remarque sur ses taches de transpiration aux aisselles. Elle en rougit de honte. Au cours des années, elle fit l’essai de tous les antisudorifiques disponibles sur le marché, et chercha des façons de s’adapter aux plans social et professionnel. Elle ne levait jamais les bras au-dessus des épaules et ne quittait jamais la maison sans des lingettes humides et des vêtements de rechange. « À la puberté, j’ai passé beaucoup de temps à me préoccuper de cet aspect.  C’était gênant et cela gâchait continuellement mes vêtements. » Elle est aujourd’hui âgée de 36 ans, mère de famille et gérante d’un commerce de détail à Victoria.

La sudation excessive ou l’hyperhidrose est une condition où les glandes sudoripares fonctionnent de façon excessive. Ce problème est souvent familial et est déclenché par une chaleur trop élevée ou par une situation émotionnelle qui accroît le stress ou l’anxiété. Cette condition se présente sous deux formes : l’hyperhidrose secondaire qui affecte surtout les aisselles, les mains, les pieds ou le front ; elle est généralisée lorsque le problème s’étend sur de grandes parties du corps. Les deux formes affectent 2,8 % de la population ou près d’un million de Canadiens. Selon certaines études, les personnes qui souffrent de cette condition déclarent qu’elle mine leur confiance et les limite dans leur travail ou leurs relations sociales.

Mais voici la bonne nouvelle : un traitement très efficace est maintenant disponible.

Souffrez-vous d’hyperhidrose ?
La transpiration est essentielle à notre survie : sans elle, le corps humain ne pourrait se refroidir. Chaque personne possède de deux à quatre millions de glandes sudoripares réparties en concentrations variées sur l’ensemble du corps. Chez les personnes qui souffrent d’hyperhidrose, le taux de transpiration est plus élevé, jusqu’à cinq fois la moyenne.

D’après les experts, ce n’est pas le volume de transpiration qui détermine la sévérité de la condition mais plutôt le niveau d’intolérance de la personne. Le docteur Mark Lupin de Victoria, dermatologue, est l’un des chefs de file du traitement de cette maladie. Il explique que pour les cas les plus sévères, les patients décrivent toujours leur situation comme une interférence dans leurs activités quotidiennes.

Avant de poser un diagnostic d’hyperhidrose généralisée, il faut étudier la possibilité d’autres maladies graves dont la transpiration est un symptôme, affirme le docteur Lupin. Parmi celles-ci, l’infection virale, l’hyperthyroïdie, le diabète et le cancer.

L’hyperthyroïdie se manifeste généralement à un jeune âge. « La sudation excessive des mains et des pieds commence à la petite enfance tandis que la transpiration aux aisselles débute à la puberté, explique Nowell Solish, professeur adjoint en dermatologie à l’Université de Toronto. De nombreuses personnes souffrent en silence et ne savent pas qu’un traitement efficace est disponible. »

Commencer par un traitement simple
À l’instar de plusieurs maladies, l’hyperhidrose devrait d’abord être traitée au moyen de thérapies simples avant d’envisager des méthodes plus invasives. Si vous avez essayé sans succès les antisudorifiques médicaux extra forts qu’on trouve à la pharmacie, d’autres traitements sont disponibles. En voici une liste, du plus simple au plus invasif. Consultez votre médecin ou un dermatologue pour savoir si l’un de ceux-ci serait adapté à votre situation.

Les agents topiques
Les antisudorifiques extra forts sont disponibles en vente libre à la pharmacie ou en ligne. Ils sont offerts avec différents pourcentages d’hexahydrate de chlorure d’aluminium. Ils se présentent sous forme de liquide ou de gel que l’on étend à l’aide d’une bille, de tampons d’ouate ou d’un embout spongieux. Demandez au pharmacien de vous expliquer les différentes options.  Les produits les plus courants sont : Certain Dri (12%), Drysol extra fort (20%) et Perspirex (20%). Leur prix varie de 8 $ à 28 $ pour un contenant de 35 ml. Lorsque l’on applique le produit avant de se mettre au lit sur les parties du corps où la transpiration survient, il réagit à l’humidité pour former un bouchon qui bloque les conduits de transpiration. 

Le chlorure d’aluminium est-il sans danger? Certains sont très inquiets d’appliquer ce produit en grande concentration parce qu’il pourrait bloquer les canaux de transpiration ou nuire à la santé. Les docteurs Solish et Lupin font remarquer que le caractère sécuritaire de ce produit est bien établi depuis plusieurs années et qu’aucun lien ne permet de conclure qu’il pourrait augmenter le taux de cancer du sein ou de la maladie d’Alzheimer. Cependant, le produit peut être irritant pour certaines personnes et causer de la démangeaison. Il est préférable de l’appliquer le soir sur une peau sèche, recommande le docteur Solish. Pour un traitement plus en douceur, utiliser du glycopyrrolate en crème, un agent chimique anticholinergique qui empêche un neurotransmetteur, l’acétylcholine, de rejoindre les récepteurs des glandes sudoripares.  Comme le produit est plus doux, on peut l’appliquer sur le visage. Certaines pharmacies spécialisées peuvent par ailleurs préparer une solution de glycopyrrolate.

Les médicaments

Oxybutynine ou glycopyrrolate  en comprimés
Pour diminuer la transpiration en général, utilisez un anticholinergique comme l’oxybutynine ou du glycopyrrolate en comprimé, ce médicament dont on a parlé plus haut de la version en crème.  Toutefois, dans le cas de l’hyperhidrose, ce traitement systémique n’a pas encore été approuvé par Santé Canada ou l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and Drug Administration). Cependant, certains médecins canadiens le prescrivent pour l’hyperhidrose généralisée. Cette utilisation non mentionnée sur l’étiquette pour l’hyperhidrose, en particulier pour la transpiration du visage, est étayée par des années de résultats empiriques et un nombre croissant d’études. Ce traitement ne convient pas à tous : parce qu’il interfère avec l’acétylcholine, un neurotransmetteur qui a des récepteurs dans l’ensemble du corps. Il peut produire des effets secondaires comme l’asséchement de la bouche, la constipation, une vision trouble, la rétention urinaire et des palpitations cardiaques. Le docteur Lupin précise que, pour traiter particulièrement les bouffées de chaleur lors de la ménopause, on utilise aussi hors indications la clonidine, un médicament servant au traitement l’hypertension.

L’iontophorèse
L’iontophorèse est utilisée depuis les années 40 pour traiter l’hyperhidrose à l’aide d’un courant électrique de faible intensité transmis par l’eau. Le traitement actuel diffère de celui de cette époque et est plus efficace pour les mains et les pieds. On les immerge dans un contenant peu profond et le courant de faible intensité qui passe dans l’eau produit des picotements, perturbant les signaux nerveux de la transpiration. Le traitement doit être répété à une fréquence hebdomadaire, mais, selon le docteur Solish, on peut se procurer de bons appareils pour la maison au coût de 800 $ à 1000 $.

Le Botox
Au Canada, l’usage du Botox pour traiter la transpiration s’est généralisé, surtout pour les aisselles et la paume des mains. Il a pour effet de perturber le signal nerveux transmis aux glandes sudoripares. On commence par appliquer une crème anesthésiante puis la toxine est injectée à différents endroits dont les aisselles principalement autour des follicules pileux ; il faut moins de cinq minutes par bras. L’effet dure de six à neuf mois et il n’y a aucun effet secondaire à part une légère sensibilité locale à court terme, selon le docteur Solish. « Incroyable !» s’exclame Joana Lourenço, 30 ans, rédactrice adjointe à Plaisirs santé qui a subi le traitement aux aisselles. « J’aurais bien aimé avoir ce traitement beaucoup plus tôt, pour la journée de mes noces. » Le coût du traitement au sérum Botox varie de 400 $ à 800 $ et le coût initial des services du médecin sont de 200 $. À cette fin, le coût d’utilisation du Botox peut être partiellement remboursé par plusieurs régimes d’assurance-santé complémentaires si vous êtes référé par un médecin ou un dermatologue.

Le dispositif Miradry
À l’automne 2011, Santé Canada approuvait cette technologie pour traiter la transpiration aux aisselles. Le médecin utilise un appareil portatif qui émet des micro-ondes vers les glandes sudoripares les faisant chauffer et mourir pendant que la surface de la peau se refroidit. D’après le docteur Lupin, il y a peu d’effets secondaires, sauf une enflure locale et un peu de sensibilité, et les résultats sont à long terme sinon permanents.  Avant son approbation au Canada et aux États-Unis, le docteur Lupin et un autre dermatologue de l’Université de Colombie-Britannique avaient mené une étude sur cet appareil.  Ils ont découvert que même deux ans après le traitement, la transpiration ne s’était pas manifestée à nouveau et, contrairement à certains types d’intervention chirurgicale (voir ci-dessous), le traitement n’a pas provoqué une plus grande transpiration sur d’autres parties du corps. Après avoir expérimenté différents traitements depuis 20 ans, Sharlene Amerl a été l’une des premières personnes à recevoir celui-ci. Trois ans après, elle n’a toujours plus de transpiration. « J’ai ressenti un peu de douleur pendant trois semaines et demie, puis ce fut le bonheur, raconte-t-elle. C’était un tel sentiment de libération. » Ce traitement coûte environ 3000 $ et est graduellement offert par les dermatologues dans les grandes villes du Canada. Pour trouver un bureau au Canada : miradry.com.

L’intervention chirurgicale
Avant Miradry et le Botox, le seul choix donnant des résultats à long terme était une intervention chirurgicale locale aux aisselles dans le but de neutraliser ou d’enlever les grandes sudoripares ; cette intervention, sous anesthésie générale, visait à couper les nerfs de la moelle épinière responsables de la transpiration. Toutefois, à l’heure actuelle, la chirurgie est envisagée en dernière instance en particulier parce que l’intervention localisée pour enlever les glandes sudoripares peut engendrer un problème de cicatrisation. Également, l’ablation des nerfs, appelée sympathectomie thoracique endoscopique, peut provoquer une hypersudation compensatrice, c’est-à-dire que la sudation est transposée des mains et des aisselles vers les autres parties du corps.