État du suicide au Canada en 2015

Où en est l’état du suicide au Canada ? Voici les dernières données à propos d’un phénomène encore tabou dans l’espace publique, quoiqu’il soit moins répandu qu’on ne le pense.

État du suicide au Canada en 2015

PAR RAPPORT À D’AUTRES enjeux de santé publique, le suicide ne reçoit pas l’attention qu’il mérite. Bien qu’en parler franchement puisse aider ceux qui luttent contre cette idée, il est souvent traité comme un sujet tabou – parce qu’il nous met mal à l’aise, mais aussi parce que mettre en lumière des comportements autodestructeurs peut en inspirer d’autres.

Au Canada, ce sont les hommes de 40 à 59 ans qui présentent le taux de suicide le plus élevé. Notre culture tient l’autonomie et le courage pour des vertus « viriles », et nous encourageons souvent les garçons à développer ces traits de caractère en grandissant ; il n’est donc pas rare que les hommes considèrent les sentiments de détresse comme une faiblesse. Dans ce groupe d’âge, ils sont statistiquement moins enclins à demander de l’aide que les femmes, et lorsqu’ils tentent de mettre fin à leurs jours, ils choisissent plus souvent une méthode violente qui leur laisse peu de chances de survie.

En 30 ans, le taux de suicide des Canadiens de tout âge a baissé de près du tiers, tandis que celui des filles de 10 à 19 ans a bondi de presque 50 % depuis 1980. Une hypothèse à ce renversement : les filles atteignent la puberté de plus en plus tôt, elles ont donc moins de temps pour acquérir la maturité nécessaire pour surmonter les tourments de l’adolescence. Les maladies mentales, les maltraitances, la consommation de drogue ou d’alcool et la transmission transgénérationnelle des traumatismes peuvent également favoriser le comportement suicidaire.

Bien que le suicide semble imprévisible, il est en réalité l’aboutissement d’un long processus. La personne qui envisage de s’ôter la vie peut se renfermer sur elle-même, entrer inexplicablement en colère ou encore prendre des décisions inconsidérées. Si vous soupçonnez qu’un de vos proches est suicidaire, la première chose à faire est de lui demander s’il songe à se tuer. Si la réponse est oui, il faut rapidement l’orienter vers un centre de prévention, un service d’écoute ou un thérapeute qui puisse le soutenir dans l’immédiat et lui permettre d’espérer en de jours meilleurs.

Le suicide demeure un phénomène relativement rare, quel que soit l’âge. Il importe de le dire, car l’idée qu’il est très répandu peut être un facteur de risque. En revanche, il est moins rare d’avoir des pensées suicidaires – sans passer à l’acte – au moins une fois dans sa vie. Aussi est-il utile de développer des stratégies cognitives afin de gérer les situations angoissantes. Comme le dit bien le guide de prévention du suicide de la Faculté de médecine de l’Université Harvard : « Les personnes les plus heureuses ne sont pas celles qui ont le moins de problèmes, mais celles qui savent le mieux les surmonter.

Quelques chiffres:

80-90% des morts par suicide qui souffrent d’une maladie mentale ou de d’une dépendance traitable.

35% des hommes morts par suicide ayant demandé de l’aide psychologique au cours de 2014.


Pour une liste des centres d’aide et d’écoute canadiens, consulter suicideprevention.ca/ thinking-about-suicide-fr/


POUR ALLER MIEUX

Selon les réponses de près de 13 000 participants à CureTogether, un forum où des patients parlent de leur combat, voici le degré d’efficacité de 10 traitements antidépresseurs. Le premier nombre concerne les répondants qui ont signalé une amélioration – modérée ou importante – parmi ceux qui ont essayé le traitement (second nombre).

1. Faire de l’exercice : 993  /  1 391

2. Discuter avec des proches : 559  /  1 022

3. Prendre des ISRS : 485  /  843

4. Pratiquer la relaxation : 403  /  836

5. Éviter les stupéfiants :   340  /  797

6. Tenir un journal : 318  /  704

7. Faire de la méditation : 371  /  618

8. Entamer une thérapie cognitivo-comportementale : 352  /  552

9. Conserver une routine quotidienne : 252  /  530

10. Faire de la musicothérapie : 128  /  169

S’il est utile de savoir quels traitements aident un grand nombre de malades, la popularité n’est pas un gage de succès dans votre cas particulier. Tenez compte de vos antécédents familiaux, de vos goûts et demandez l’avis de votre médecin.