Troubles de l’anxiété

L’anxiété est une réaction normale aux défis et dangers de l’existence; nous l’éprouvons tous à un moment ou un autre. Mais lorsqu’elle dure des semaines ou des mois, alors il s’agit du trouble d’anxiété généralisée (TAG).

Troubles de l'anxiété

Ce que sont les troubles de l’anxiété

Au fil des millénaires, l’organisme humain a été conditionné à réagir rapidement aux menaces par la peur et l’anxiété. Cette réaction de «combat ou fuite» nous conditionne à courir plus vite, penser plus rapidement et l’emporter au combat sur tout ennemi en vue. De fait, lorsqu’on est légèrement anxieux, on performe nettement mieux. Voilà pourquoi tant de personnes affirment mieux réussir lorsqu’elles sont stressées.

En cas de TAG, l’organisme ne réussit plus à faire taire cette réaction une fois la menace disparue. Plutôt, il considère les événements de tous les jours comme des menaces à son intégrité. Une facture est échue et rien que d’y penser, votre coeur se met à battre la chamade. Vous transpirez et vous faites du mauvais sang rien qu’à l’idée d’entrer dans une pièce pleine d’inconnus. Parfois, l’anxiété semble n’avoir aucune cause précise. Le profil de votre cerveau commence à ressembler à celui de quelqu’un qui vit dans une zone de guerre: vos neurotransmetteurs de même qu’un composé appelé acide gamma-aminobutyrique sont complètement détraqués. Ces attaques d’anxiété irrationnelle peuvent durer de quelques minutes à des années.

Les symptômes classiques comprennent un sentiment continuel de désastre imminent, des pensées inopportunes, des douleurs à la poitrine, une difficulté à se concentrer, de l’irritabilité, des tremblements, de la sécheresse de la bouche, des bouffées de chaleur ou des frissons.

Personnes à risque de troubles de l’anxiété

Les résultats d’études menées auprès de jumeaux ont montré que dans le tiers des cas, le TAG avait des causes génétiques. Si un parent, un frère ou une soeur en souffre, vous êtes plus susceptible de l’avoir. Pour les autres, le trouble vient de comportements acquis. Il frappe généralement les enfants et les adolescents.

Traitement des troubles de l’anxiété

Il est encourageant de savoir que la moitié des personnes qui reçoivent un traitement approprié montreront des signes d’amélioration en trois semaines ou moins. Et 75% des personnes atteintes se sentiront nettement mieux au bout de neuf mois, voire moins.

Le type de traitement dont on a besoin dépend de la gravité des symptômes. Si le TAG n’affecte pas votre vie quotidienne, vous pourriez commencer par des approches non médicamenteuses, les médicaments auxquels on a recours pour soigner l’anxiété ayant des effets indésirables, notamment le risque de dépendance. Par contre, si l’anxiété vous rend la moindre petite tâche difficile, il vous faudra prendre des médicaments. Jumellés à l’approche behaviorale, ils pourraient être encore plus efficaces. Quelle que soit la solution que vous adoptiez, il est essentiel de la poursuivre sur le long terme. Les résultats d’une étude ont en effet indiqué que les deux tiers des personnes qui n’ont été traitées que pendant six semaines ont rechuté. La moitié d’entre elles ont eu besoin d’une médication supplémentaire.

Médicaments contre les troubles de l’anxiété

De nombreux médicaments sont approuvés pour le traitement des troubles de l’anxiété. Heureusement, car certains de ces produits ont des effets indésirables importants ou sont inefficaces chez certaines personnes. Tant que vous ne l’avez pas pris, vous ne pouvez savoir si un médicament donné vous conviendra ou pas. Au besoin, demandez au médecin de vous en prescrire un autre.

Si votre anxiété est très marquée, il y a de fortes chances qu’on vous prescrive des benzodiazépines, famille de sédatifs à action rapide comprenant des classiques tels que le diazépam (Valium), l’alprazolam (Xanax) et le lorazépam (Ativan). Ils conviennent pour le soulagement à court terme. Leurs effets indésirables, particulièrement la somnolence, disparaissent lorsqu’on diminue la dose. Cependant, pris régulièrement, ils peuvent créer une dépendance. Certains disent aussi qu’ils ont pour effet de les déconcentrer, parfois de façon dangereuse. Dans une étude menée au Canada, on a notamment observé que les personnes qui prenaient des benzodiazépines couraient 26% plus de risques d’avoir un accident de voiture.

Les benzodiazépines agissent rapidement, souvent en moins d’une heure. Ils sont donc utiles jusqu’au moment où l’antidépresseur commence à agir, ce qui prend habituellement deux à cinq semaines. Bien que les tricycliques, plus anciens, soient efficaces, les médecins préfèrent généralement prescrire un ISRS (inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine) tel que la paroxétine (Paxil) et la venlafaxine (Effexor). Plus nouveaux, les antidépresseurs tels le trazodone (Desyrel) et le néfazodone (Serzone) améliorent la qualité du sommeil, ce qui, selon les preuves scientifiques dont on dispose, a pour effet de diminuer l’anxiété. Enfin, un autre nouveau médicament, le buspirone(BuSpar), est largement prescrit du fait qu’il présente peu d’effets indésirables.

Même si votre antidépresseur est efficace, il est préférable d’avoir à portée de main un benzodiazépine pour les occasions ou vous n’arrivez pas à maîtriser la situation. Un dernier conseil à propos des médicaments : ne les voyez pas comme un substitut aux consultations psychologiques. S’ils peuvent traiter les symptômes, ils ne s’attaquent pas à la cause du problème.

Changements dans le mode de vie

En plus de la psychothérapie et de la médication, qui constituent la base du traitement de l’anxiété, vous pourriez apporter certains changements à votre mode de vie afin de mieux faire face à votre anxiété. Ainsi : 

  • Bougez. On a montré que l’aérobique (mais pas la musculation) diminuait sensiblement l’anxiété. Courez, marchez, nagez, faites du vélo ou du yoga au moins trois fois par semaine. Au bout de trois mois environ de ce régime, vous constaterez que votre humeur s’est améliorée (de même que votre tour de taille).
  • Mangez sainement. C’est essentiel lorsqu’on veut soulager son anxiété. Aussi souvent que possible, prenez des plats végétariens. On a observé lors d’une étude de petite envergure, que les végétariens souffraient considérablement moins d’anxiété que les autres. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la glycémie (taux de sucre dans le sang) est plus stable chez eux. Renoncez à la caféine : elle est réputée contribuer à l’anxiété. Le sucre peut également provoquer des symptômes que l’organisme interprète comme étant de l’anxiété.
  • Faites ce qu’il faut pour bien dormir. Des chercheurs ont montré que le risque de souffrir d’anxiété était plus élevé chez les insomniaques. Évitez les repas lourds avant d’aller au lit et couchez-vous sensiblement à la même heure chaque jour. Arrêtez tout entraînement physique trois heures avant de vous coucher, période dont le corps a besoin pour se détendre.
  • Évitez l’alcool. Prendre quelques verres peut vous sembler une bonne manière de vous calmer, mais l’alcool affecte le sommeil et, de plus, peut entraîner une dépendance qui, à la longue, fera augmenter, plutôt que diminuer, votre anxiété.

 

Interventions pour le traitement des troubles de l’anxiété

Pour traiter le TAD et vous aider à faire face au monde extérieur, le psychothérapeute est l’intervenant le plus indiqué. L’approche cognitivo-comportementale est particulièrement efficace. Au cours de deux études menées dans le milieu des années 1990, on a découvert que cette approche entraînait les mêmes changements dans le cerveau que le Prozac, médicament couramment prescrit pour le TAD. Elle aide à établir des liens entre ce que la personne pense et ce qu’elle sent. On sait que les anxieux chroniques sont portés à se critiquer sévèrement, ce qui ne fait qu’augmenter leur anxiété. Or, l’approche cognitivo-comportementale leur apprend à remplacer les pensées négatives, dont l’auto-critique, par des penséees plus positives, à mettre au point des stratégies permettant de faire face et à recourir à l’imagerie pour soulager leur anxiété.

La thérapie intuitive, ou cure psychanalytique, a été mise au point par Sigmund Freud. Il s’agit d’explorer en profondeur son passé et les pensées et sentiments intimes qui nous animent. Le but est d’arriver à produire cet éclair de compréhension permettant de saisir les raisons qui amène une personne à manifester de l’anxiété. Cette compréhension est accompagnée d’une libération émotionnelle qui favorise le processus de guérison. Le médecin pourra également suggérer de suivre une psychothérapie de soutien. Nous savons tous à quel point il est réconfortant de trouver une oreille compréhensive et sympathique, combien c’est calmant d’entendre une personne en qui vous avez confiance vous dire que tout ira bien. Eh bien, en gros, c’est cela la psychothérapie de soutien. Un psychiatre ou un psychologue positif et encourageant vous aidera à traverser les moments difficiles et à voir que, au bout du compte, les choses finissent toujours par se régler. 

Approches alternatives pour le traitement des troubles de l’anxiété

Plante médicinale légèrement sédative, la valériane peut vous aider à trouver le sommeil. Optez de préférence pour un extrait standardisé en capsules, comprimés ou teinture, et suivez le mode d’emploi indiqué sur l’emballage. N’en prenez pas pendant plus de deux semaines consécutives et évitez de prendre des sédatifs (y compris l’alcool) en même temps. Si vos symptômes sont légers, le millepertuis peut également vous aider; cependant, si vous prenez des médicaments d’ordonnance, parlez-en d’abord avec votre médecin. Enfin, les techniques de relaxation, comme la méditation, l’acupuncture, le massage et l’écoute d’enregistrements ayant pour but de vous aider à combattre le stress permettent de diminuer la tension et l’anxiété. 

Questions à poser à votre médecin

  • Pourquoi me prescrivez-vous un médicament contre la dépression alors que je souffre d’anxiété?
  • Y a-t-il des médicaments d’ordonnance ou en vente libre qui pourraient être la cause de mon anxiété?
  • Puis-je prendre de l’alcool?
  • Se peut-il que je souffre d’une maladie qui contribuerait à mon anxiété?
  • Que peuvent faire les membres de ma famille ou mes amis pour m’aider à traverser ce moment difficile?

 

Vivre avec un trouble de l’anxiété

Voici quelques conseils qui vous aideront dans la prise en charge de votre anxiété :

  • Respirez profondément. Asseyez-vous ou couchez-vous en plaçant un oreiller dans le bas de votre dos. Inhalez lentement et profondément en laissant sortir votre ventre pour bien remplir vos poumons. Avant d’expirer, donnez-vous la consigne de relaxer. Expirez lentement en laissant votre ventre rentrer de façon naturelle. Faites cet exercice jusqu’à ce que vous sentiez le calme revenir.
  • Gardez à l’esprit que vous surmonterez le problème. La plupart des gens qui souffrent de TAD s’en sortent au bout de quelques mois lorsqu’ils reçoivent le traitement adéquat.
  • Faites-vous suivre. De nombreuses personnes souffrant du TAD connaissent des périodes de dépression, laquelle peut être traitée. En outre, l’anxiété chronique est associée à l’hypertension artérielle et un risque plus élevé de subir une crise cardiaque. Faites-vous examiner à fond afin de vous assurer que vous recevez les traitements adéquats.