Fibromyomes

Si votre médecin vous annonce que vous avez un (ou des) fibromyome (communément appelé fibrome), sachez que ce n’est pas la fin du monde. Ces tumeurs utérines bénignes ne causent habituellement pas de problèmes. Au cas où vous auriez besoin d’un traitement, il existe un certain nombre de solutions qui vous permettront de conserver votre utérus et d’éviter l’hystérectomie, intervention à laquelle on avait autrefois recours pour traiter cette affection.

Fibromyomes

Ce que sont les fibromyomes

Le fibromyome est une tumeur bénigne formée de tissu musculaire et de tissu conjonctif qui se forme sur la paroi de l’utérus. Il y en a généralement plusieurs, de taille très variable (cela va du fibrome microscopique au «ballon» de 50 cm). Certaines femmes ignorent complètement leur existence alors que d’autres doivent en supporter, mois après mois, les conséquences puisque ces tumeurs ont pour principal symptôme de provoquer des menstruations abondantes et prolongées. Il en résulte que leur risque de faire de l’anémie augmente.

Compte tenu de la pression qu’ils exercent sur les organes de l’abdomen, les gros fibromyomes peuvent également causer de la douleur dans le bas du dos, des crampes abdominales, de la douleur durant les rapports sexuels, une difficulté à uriner ou des mictions plus fréquentes, ainsi que de la constipation. En déformant l’utérus,  ils peuvent également empêcher la grossesse ou augmenter le risque de fausse couche ou de saignements abondants à la suite de l’accouchement. Le fibromyome prend parfois la forme d’une tige de paille (on parle alors de fibromyome pédiculé) qui, en se tordant, entraîne la destruction des tissus. Cette affection douloureuse, connue sous le nom de «nécrose», exige habituellement une intervention chirurgicale dans les plus brefs délais.

Personnes à risque de fibromyomes

De 20 à 40% des femmes âgées de plus de 35 ans ont des fibromyomes de taille appréciable et, chez les Afro-américaines, cette proportion passe à 75%. On ne sait pas pourquoi ces tumeurs se forment (bien que les résultats de nouvelles études pointent en direction de l’hérédité). Chose certaine, une fois qu’ils sont formés, l’œstrogène, hormone féminine, favorise leur développement. On sait, par exemple, qu’ils augmentent de volume durant la grossesse, alors que les taux d’œstrogène sont élevés, et disparaissent à la ménopause, lorsqu’ils chutent. Chose rassurante, si vous avez mené au moins deux grossesses à terme ou êtes athlétique, vous êtes moins susceptible d’en avoir.

Traitement des fibromyomes

Étant donné qu’ils ne se transforment pas en tumeurs cancéreuses, les fibromyomes ne menacent généralement pas l’existence. Ils n’augmentent pas non plus le risque de souffrir du cancer de l’utérus; par conséquent, si vos symptômes sont légers, vous déciderez peut-être d’attendre pour voir ce qui va se passer. Il vous faudra tout de même passer régulièrement un examen pelvien et un examen par ultrasons afin de déceler une croissance éventuelle de la tumeur, et vous aurez peut-être besoin de médicaments ou de remèdes maison. Les fibromyomes qui posent problème, par exemple en causant des menstruations douloureuses ou en empêchant la grossesse, devraient être enlevés. Autrefois, le traitement proposé d’office était l’hystérectomie, ou ablation de l’utérus. Aujourd’hui, on a recours à des solutions beaucoup moins radicales avant d’en arriver là.

Médicaments contre les fibromyomes

Si votre fibromyome provoque des menstruations abondantes et douloureuses, des doses régulières d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pourraient vous soulager. Ces médicaments atténuent les malaises et contrent l’activité des prostaglandines, substances chimiques qui stimulent les contractions utérines. L’ibuprofène (Advil, Motrin) et le naproxène (Aleve) constituent de bons choix à cet égard. Si vos menstruations sont abondantes au point de vous rendre la vie insupportable, vous pourriez envisager de prendre des contraceptifs oraux (Lo/Ovral, Norinyl, Ortho-Novum, Demulen).

Compte tenu du lien direct qui existe entre l’oestrogène et les fibromyomes, il pourrait être avisé de prendre un médicament qui bloque l’effet de cette hormone, diminuant ainsi les saignements et freinant le développement de la tumeur. Les agonistes de la gonadolibérine (Gn-RH) exercent cet effet: ils libèrent des hormones qui agissent sur les ovaires, donnant à ces derniers le signal qu’ils doivent cesser de produire de l’œstrogène. Il en existe diverses formes, notamment la leuprolide administrée par injection (Lupron Depot), l’acétate de nafaréline administré en pulvérisation nasale (Synarel) et les implants d’acétate de goséréline (Zoladex). En règle générale, on ne prescrit ces médicaments que sur le court terme, habituellement dans le but de réduire de moitié environ la taille des fibromyomes avant l’intervention chirurgicale. Les agonistes de la Gn-Rh peuvent provoquer des effets secondaires rappelant les symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, irritabilité). Si on les prend pendant plus de six mois, ils peuvent augmenter le risque d’ostéoporose (l’œstrogène est essentiel à la santé osseuse); malheureusement, quand on arrête le traitement, les fibromyomes reprennent leur développement.

Changements dans le mode de vie

Pour contrer de nombreux problèmes de santé, les nutritionnistes recommandent habituellement une alimentation pauvre en gras et riche en fibres. Ce conseil vaut également pour combattre les fibromyomes. Les résultats d’études indiquent qu’une alimentation riche en gras et en viande rouge favorise leur développement alors qu’un régime où les fruit et légumes figurent en bonne place aurait plutôt l’effet contraire. En outre, les grains entiers, riches en fibres, pourraient contribuer à soulager les problèmes intestinaux liés à la présence de fibromyomes. Enfin, pour soigner l’anémie résultant de menstruations abondantes, votre médecin pourrait vous conseiller de prendre un supplément de fer. Les viandes maigres, la volaille, les fruits séchés et les céréales enrichies sont également de bonnes sources de ce minéral.

Interventions pour le traitement des fibromyomes

Si on vous a dit que l’hystérectomie était la seule intervention chirurgicale permettant de venir à bout des fibromyomes, il est temps de vous renseigner sur les autres traitements offerts, d’autant plus que cette intervention vous priverait de la possibilité d’avoir des enfants. Bien que les fibromyomes restent une des principales affections pour lesquelles on la pratique, il y a d’autres solutions. Il faut savoir toutefois que c’est le seul traitement définitif. Avec les autres interventions, les fibromyomes pourraient se reformer à nouveau.

Si vous comptez avoir un enfant, la myomectomie pourrait être une solution. Au cours de cette intervention, on retire les fibromyomes en passant soit par le col de l’utérus (myomectomie hystéroscopique), auquel cas on ne pratique aucune incision, soit par l’abdomen (myomectomie laparoscopique), soit encore par ces deux voies (myomectomie abdominale). Toutes nécessitent une anesthésie générale. Il faut jusqu’à six semaines pour se remettre d’une myomectomie abdominale; par contre, vous pourriez être sur pieds deux semaines après avoir subi une myomectomie hystéroscopique ou laparoscopique.

On pourra également avoir recours à une intervention plus récente, l’embolisation de fibrome utérin, ou embolisation de l’artère utérine; elle a pour effet d’interrompre l’apport de sang dans la région touchée, entraînant une atrophie des fibromyomes. Pour l’effectuer, un radiologue d’intervention pratique une minuscule incision dans l’aine, puis insère dans une artère un cathéter qu’il dirige vers les artères utérines. Il injecte alors des microparticules de plastique ou de gélatine qui bloquent l’apport de sang au fibromyomes. L’anesthésie générale n’est habituellement pas nécessaire mais vous devrez peut-être passer une nuit à l’hôpital, crampes, nausées et fièvre pouvant se manifester pendant les quelques heures qui suivent l’intervention. Il est généralement possible de reprendre ses activités normales au bout d’une semaine. Comme on ne connaît pas son effet sur la fertilité, cette intervention n’est habituellement recommandée qu’aux femmes qui ne sont plus fertiles ou qui n’ont pas l’intention d’avoir une grossesse.

Questions à poser à votre médecin

  • J’ai combien de fibromyomes? Où sont-ils situés?
  • Comment puis-je savoir si mes fibromyomes ont grossi ?
  • Mes fibromyomes risquent-ils d’affecter ma vie sexuelle?
  • Quelles sont les chances que mes fibromyomes se développent à nouveau après l’intervention chirurgicale?

 

Vivre avec les fibromyomes

Voici quelques conseils pour vous aider à mieux prendre en charge votre problème de fibromyomes :

  • Faites-vous examiner régulièrement. Un examen pelvien annuel permettra de déceler les fibromyomes précoces; un examen bisannuel permettra de surveiller l’évolution de ceux qui ont déjà été décelés.
  • Ayez recours à la chaleur. Si vos fibromyomes vous causent des douleurs abdominales, appliquez sur l’abdomen un coussin chauffant ou une bouillotte au moins trois fois par semaine, à raison d’une heure chaque fois.
  • Pratiquez des exercices légers. Le yoga peut contribuer à soulager la lourdeur et la pression que vous ressentez. Votre YMCA ou votre club de santé offre probablement des cours ou, sinon, le personnel pourra vous dire où vous adresser.
  • Tenez un journal. Identifiez vos symptômes, notant les moments où vous avez mal et où vos menstruations sont abondantes. Puis, transmettez cette information à votre médecin.
  • Informez-vous sur l’ablation de l’endomètre (paroi interne de l’utérus). Si les menstruations abondantes constituent votre principal problème, ce pourrait être une solution. Gardez toutefois à l’esprit que cette intervention entraîne la stérilité et qu’elle ne règle pas le problème des fibromyomes.