Votre conjoint vous fait-il grossir?
Les résultats d’études récentes indiquent que la relation de couple pourrait favoriser le gain de poids. Les quatre conseils suivants vous aideront à éviter les «poignées d’amour».
Ah! L’amour! On le célèbre dans les poèmes et les chansons populaires. Il est à l’origine des plus grandes tragédies et, sans lui, Hollywood n’existerait tout simplement pas. Plus trivialement, selon les résultats d’une étude récente, il fait également grossir‘
Publiée l’été dernier dans la revue médicale Obesity, l’étude visait à investiguer le lien qui existe entre relation de couple et indice de masse corporelle. Les résultats ne sont guère encourageants : après avoir suivi près de 7000 sujets sur une période de sept ans, les chercheurs ont découvert que les femmes et les hommes mariés étaient deux fois plus susceptibles de faire de l’obésité que les célibataires. Natalie The, nutritionniste, doctorante à l’université North Carolina-Chapell Hill et co-auteure de l’étude, a constaté que même la simple cohabitation augmentait le risque de prendre du poids. «Les hommes et les femmes qui vivaient avec un partenaire pendant un ou deux ans étaient également plus susceptibles de faire de l’obésité», rapporte-elle.
Pourquoi on prend du poids quand on est en couple
L’étude de Natalie The n’avait pas pour but de découvrir ce qui augmentait le risque d’obésité chez les couples, mais la chercheure émet l’hypothèse que la cohabitation entraîne souvent des changements majeurs dans les habitudes alimentaires. Jennifer Sygo, diététiste et directrice du programme de nutrition à la Cleveland Clinic Canada, est plutôt d’accord avec elle : «Nous sommes des êtres grégaires qui aiment leurs petites habitudes et, par conséquent, nous sommes influencés par le comportement et les croyances de ceux qui nous entourent. Si votre partenaire ne s’en fait pas trop à propos de ce qu’il mange, tôt ou tard vous adopterez la même attitude.» Vous pourriez préserver un certain nombre de règles de base comme, par exemple, de consommer des légumes et de prendre un bon déjeuner le matin, mais, selon la diététiste, si le laisser-faire de votre partenaire en matière d’alimentation vous «pousse à prendre quelques desserts de plus, ou des portions plus grosses, ou plus d’alcool, au bout de quelques mois ou de quelques années, ces quantités marginales finiront inévitablement par s’additionner».
L’accès aux produits alimentaires peut également être la cause du problème. «Quand un nouveau partenaire arrive dans le décor, la nourriture qu’on garde à la maison n’est pas nécessairement la même», de dire Gwen Chapman, professeure en sciences de la nutrition à l’université de la Colombie-Britannique. «Si votre partenaire aime la camelote alimentaire et est habitué d’en avoir, c’est certain qu’il y en aura à la maison.» Si vous avez un penchant pour les croustilles sel et vinaigre et qu’elles sont soudainement à portée de main, il y a de fortes chances que vous en grignotiez.
Et qu’en est-il de vos trois séances par semaine de cardiovélo ? «L’amour, cela consiste entre autres choses à faire des choses agréables ensemble, rappelle Jennifer Sygo. Pour bien des gens, la séance au gym ne répond pas du tout à ce critère ; ils préfèrent aller au cinéma. S’amuser, se payer une petite crème glacée et sortir souper, tout cela grignote sur le temps qu’on passerait normalement sur le tapis roulant.»
Comment se prémunir contre les poignées d’amour
‘ Établissez vos priorités. Si vous décidez que bien manger et faire de l’exercice constituent des priorités au sein de votre couple, vous pourrez entreprendre de petits changements qui apporteront tôt ou tard des résultats majeurs. «Les couples qui estiment que leur santé est importante, notamment parce qu’ils savent qu’elle influera sur leur bien-être et que ce dernier influera en retour sur la qualité de leur relation, sont ceux qui réussissent le mieux», souligne Jennifer Sygo.
‘ Sachez communiquer. Gwen Chapman et Jennifer Sygo croient toutes les deux que le dialogue est essentiel quand on veut changer certaines habitudes malsaines au sein du couple. Cependant, résistez à la tentation d’entrer en coup de vent en annonçant que le règne de la soirée de pâtes est terminé ; la conversation ne doit pas être menaçante, mais plutôt ouverte à l’autre. «Les gens réagissent toujours mieux quand ils ont le sentiment qu’une idée vient d’eux, rappelle la diététiste. Ce qui ne veut pas dire que vous deviez ruser pour les amener à le croire, mais plutôt que vous devriez les laisser initier certains changements.» Échangez des idées sur les aliments que vous pourriez bannir de la maison ou sur les exercices que vous pourriez commencer à faire ensemble.
‘ Soyez stratégique. La première étape pourrait consister à vous rendre au restaurant à pied plutôt que de prendre la voiture ou à diminuer votre consommation de boissons gazeuses. Ou encore, à remplacer les mets chinois par un sauté fait maison. «Les gens devraient d’abord prendre quelques mesures simples pour améliorer les choses, rappelle Gwen Chapman. Si vous essayez d’en faire trop à la fois, vous avez peu de chances de réussir.» Elle suggère de balancer une partie de la camelote alimentaire et d’acheter assez de provisions pour préparer rapidement quatre à six repas. Mais ne renoncez pas à tout ce que vous aimez. «On mange pour être en santé mais aussi pour le plaisir et pour perpétuer la tradition. Ne soyez pas trop rigide.»
‘ Collaborez. Vous pouvez, bien sûr, avoir des habitudes alimentaires différentes de celles de votre partenaire ou des attentes plus élevées quant à votre forme physique, mais c’est loin d’être une situation idéale. En effet, la réussite des objectifs qu’on se fixe en matière de santé dépend du soutien qu’on reçoit : sans collaboration, il risque d’y avoir des tensions, du ressentiment, voire une entreprise de sabotage. «Collaborez de sorte que ce que vous mangez au souper vous conviennent à tous les deux, conseille-t-elle. Trouvez une activité que vous aimerez faire ensemble, par exemple du tennis, un sport d’équipe, ou des choses hors de l’ordinaire, comme du bateau-dragon. » Si les mauvaises habitudes peuvent être contagieuses, c’est vrai aussi des bonnes.