Mon histoire: L’accompagnatrice

Francine Laplante soutient les petits cancéreux et leurs parents jusqu’au bout!

Mon histoire: L'accompagnatriceDécembre 2006. La santé de Stella, quatre ans, se détériore. Après une rémission de quelques mois, la tumeur au cerveau de la fillette a repris le dessus. Les médecins ne laissent aucun espoir à sa famille. Deux mois plus tard, dévastée, Marjolaine Robitaille ferme sa garderie familiale de Longueuil pour rester auprès de Stella jusqu’à son dernier souffle, laissant à son conjoint la lourde tâche de subvenir aux besoins de la famille de cinq.

«Du jour au lendemain, notre vie a été bouleversée, se souvient-elle. Mais les factures, elles, continuaient de s’accumuler.»

Epuisée, à bout de ressources, Marjolaine se rappelle avoir entendu parler de la Fondation des Gouverneurs de l’espoir. «J’ai envoyé un courriel à la directrice, Francine Laplante, raconte la mère de famille. Dix minutes plus tard, j’avais une réponse: «Je peux vous aider.»

Elle-même mère de quatre enfants, Francine Laplante sait dans quel désarroi la maladie d’un petit être peut plonger une famille: en 1998, on a diagnostiqué à son fils, François-Karl, une leucémie aiguë lymphoblastique. Sauf que Francine a eu de la «chance»: son petit garçon s’en est sorti et, cadette de 12 enfants, elle a toujours été très bien entourée. Quand les médecins lui ont annoncé la tumeur de son fils, une trentaine de ses proches étaient là pour la soutenir. «Ça nous a permis de rester auprès de François-Karl tout au long de sa maladie.»

Mais, à l’Hôpital Sainte-Justine, la famille Laplante est un cas à part. Nombreux sont les parents qui doivent continuer à travailler pendant que leur enfant se bat contre la maladie. Témoin de cette souffrance et de cette grande solitude, Francine décide d’agir. «Je ne me suis jamais posé de questions. Aider les autres, pour moi, c’est naturel.» Quatre ans plus tard, en 2002, la Fondation des Gouverneurs de l’espoir voit le jour. Depuis, la Lavalloise de 42 ans a soutenu financièrement et psychologiquement plus de 500 familles.

Chaque année, l’organisme recueille plus de 800000$ grâce à des collectes de fonds et à des dons privés. Seul maître à bord, Francine gère la destinée de sa fondation depuis son bureau de vice-présidente aux finances du Groupe Chenail, l’entreprise familiale où elle travaille. C’est là qu’elle reçoit les appels à l’aide des familles en difficulté, souvent acheminés par l’Hôpital Sainte-Justine.

Francine Laplante intervient en soulageant les parents qui souhaitent passer plus de temps avec leur enfant atteint du cancer. Elle donne un coup de main pour le loyer ou l’épicerie, assume les frais d’une infirmière à domicile, règle au besoin les funérailles.

Elle offre aussi ce qu’elle appelle des «petites douceurs de fin de vie». Ainsi, en 2008, elle a fait sortir Maxime, 13 ans, de Sainte-Justine et lui a offert un séjour à l’hôtel.
«Il est mort dans l’ambulance, en revenant à l’hôpital, raconte-t-elle. Il venait de passer deux jours dans une chambre avec son frère, à jouer au Nintendo. Pendant ces deux jours, on avait réussi à l’apaiser.»

En plus de tendre la main aux familles dans le besoin, la Fondation des Gouverneurs de l’espoir investit dans la recherche sur le cancer pédiatrique en finançant la Chaire François-Karl Viau. Elle finance également la construction de six chambres en soins palliatifs à l’Hôpital Sainte-Justine, ainsi que la mise en œuvre du programme «J’apprends l’espoir», grâce auquel des professeurs offriront un enseignement aux enfants hospitalisés.

Même si son fils est guéri depuis plus de cinq ans, Francine Laplante n’a pas fini de hanter les corridors de Sainte-Justine. «Je fais beaucoup de travail de terrain, dit-elle. Si tu ne le fais pas, tu perds l’essentiel.»

Sur sa poitrine, elle a fait tatouer un cœur en l’honneur de tous ceux qu’elle aime. «Là, c’est mon mari et mes quatre enfants, dit-elle en pointant du doigt les dessins. Ici, ce sont trois enfants que j’ai accompagnés.» Jacky, 18 ans, Brice, 8 ans, et Amélie, 18 ans.

«Le 3 mars 2008, poursuit-elle, les médecins ont annoncé à Amélie qu’il n’y avait plus rien à faire. Elle est décédée le 17 avril. Je suis allée la voir tous les jours pendant un mois et demi. Elle ne m’a parlé qu’une fois. Elle était fâchée contre la vie, contre la maladie. Moi, je lui racontais mes journées. Elle me tenait la main, m’écoutait sans dire un mot. Le jour de sa mort, c’est moi qui lui ai donné son dernier bain avant d’appeler les services funéraires.»

Contre tous les pronostics, Stella a finalement tenu 18 mois. Bien entourée de ses parents, de sa famille. Quand elle est partie, c’est Francine qui a aidé Marjolaine à laver et à habiller sa fille. C’est elle aussi qui a doucement poussé la jeune mère hors de la chambre d’hôpital, avant de refermer la porte pour la dernière fois.

«Et ensuite, dit Marjolaine, elle nous a permis de prendre notre temps, de vivre notre peine. Ce que fait Francine est plus qu’essentiel, c’est vital! Je suis convaincue que je ne serais pas la même personne si elle n’était pas passée dans ma vie.»