Flora et Ulysse: entrevue avec Kate DiCamillo

Avec la sortie sur Disney + de Flora & Ulysse de Lena Khan, entretien avec la romancière Kate DiCamillo, qui a signé le roman à l’origine du long métrage. Et suggestions de duos «Jamais-sans-mon-chien-ou-mon-ours-ou-mon-cochon-ou-mon-écureuil» qui sont nés dans des livres avant d’atterrir sur les écrans.

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Kate DiCamillo aime les animaux.
Flora et Ulysse – Disney +
Matilda Lawler et Ulysse

Kate DiCamillo aime les animaux

Enfant, elle a rêvé de devenir vétérinaire. Adulte, elle a écrit des dizaines de livres dont la majorité met en scène des… bêtes pas bêtes. «Je prends instinctivement cette direction quand j’écris parce que, je crois, ce sont les livres que j’aimais lire, enfant.» Mais les animaux ne font pas que peupler ses rêves et sa fiction: «Ma chienne aboie dès que je m’adresse à quelqu’un d’autre qu’à elle, j’ai donc dû la mettre dehors aujourd’hui», sourit la romancière en entrevue par Zoom. La science peut aujourd’hui nous révéler ce que les animaux nous diraient s’ils pouvaient parler!

Après Le conte de Despereaux et Winn-Dixie, Flora & Ulysse est la troisième adaptation d’un de ses romans. Son rôle, ici, a été de lire le scénario de Brad Copeland – «Je n’ai aucune idée de la façon dont on transforme un roman en scénario» – et de s’émerveiller d’y retrouver, bien vivant et malgré les nombreux changements, le cœur de son histoire. «En fait, non seulement le cœur du récit est là mais il a été amplifié dans ce film à la fois beau et joyeux. Or nous avons plus que jamais besoin de bonheur ces temps-ci, n’est-ce pas?» Poser la question, c’est y répondre.

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Flora et Kate DiCamillo.
Candlewick Press
Kate DiCamillo

Flora et Kate DiCamillo

Il y a beaucoup de Kate DiCamillo dans le personnage de Flora, ne serait-ce que parce qu’elles s’autoproclament cyniques. «Car quand vous grattez la surface d’un cynique, vous trouvez un romantique.» C’est ce qu’elle est. Flora (Matilda Lawler) aussi. Cynico-romantique, donc, la fillette de 10 ans a de la difficulté à accepter la séparation de ce couple idéal que formaient (à ses yeux) ses parents: Phyllis (Alyson Hannigan), autrice de romans d’amour à succès maintenant en panne d’inspiration; et George (Ben Schwartz), auteur de bande dessinée mettant en scène le superhéros Incandesto dont Flora est une lectrice passionnée… mais seule, le succès n’étant pas, ici, au rendez-vous.

La situation de départ est posée. Elle prend son envol lorsqu’Ulysse fait son entrée. Ulysse qui est un écureuil auquel la fillette sauve la vie après qu’il ait été «avalé» par un aspirateur dont il émerge avec des pouvoirs superhéroïques. Ou pas. On le découvre au fil du récit plein d’humour et de tendresse.

Amateur de livres, notre rubrique consacrée à la lecture va vous plaire!

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Kate Dicamillo aborde des choses difficiles.
Flora et Ulysse – Disney +
Matilda Lawler et Ulysse

Aborder les choses difficiles

Kate DiCamillo ne tourne en effet jamais le dos aux questions plus graves que pose la vie. Et les animaux, croit-elle, «sont un portail qui permettent d’ouvrir et de développer ces thèmes»: «Devant un personnage animal, en tant que lecteurs, nous sommes plus susceptible de baisser la garde que nous maintenons avec les personnages humains. Ces animaux fictifs entrent facilement et plus rapidement dans nos cœurs. Et ça facilite les choses pour aborder des thèmes difficiles.»

Pas pour rien s’ils sont si présents en littérature jeunesse et dans les films pour enfants: «Ils sont le reflet de la façon dont les enfants se sentent souvent: petits, impuissants et mis de côté. Il leur est donc facile de s’identifier aux chiens, aux chats… et même aux souris qui peuplent les histoires.» Et les écureuils? La romancière éclate de rire. Cet écureuil-là s’est incrusté dans son imaginaire comme ceux, bien réels, qui ont mangé tous les poivrons de son jardin! Mais elle n’a pu faire autrement que de l’accueillir: «J’en ai trouvé un, mourant, sur le pas de ma porte. Je n’ai pu le sauver.» Elle a décidé de le ressusciter dans un personnage de fiction… tout en lui en faisant d’abord quand même voir de toutes les couleurs. Petite vengeance? Si peu!

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Kate Dicamillo et Winn-Dixie.
Winn-Dixie – Twentieth Century Fox
Annasophia Robb et Winn-Dixie

Winn-Dixie

Outre Flora et Ulysse, deux autres romans de Kate DiCamillo ont été adaptés en films: La quête de Despereaux, belle et tendre histoire d’un souriceau et d’une princesse devenue long métrage d’animation; et Winn-Dixie (2005), réalisé par Wayne Wang et mettant en vedette une toute jeune Annasophia Robb dont ça a été le premier rôle. Elle incarne Opal, 10 ans, qui vit seule avec son père, en Floride. Sa mère les a quittés quand la fillette avait 3 ans.

Comment s’étonner, alors, qu’elle recueille un autre… laissé pour compte, lui, abandonné dans un supermarché? Un chien, qu’elle appelle Winn-Dixie, grâce auquel son quotidien prendra du mieux – de même que sa relation avec son père et que la vie des résidents de leur communauté floridienne. La magie canine n’a pas de limites, que les fée-marraines se le tiennent pour dit!

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Kate Dicamillo et Paddington.
Paddington – Warner Bros

Paddington

Team Paddington ou team Winnie? Pour Kate DiCamillo, le premier l’emporte: «Ses aventures sont parmi mes lectures d’enfance qui comptent.» Reste que les deux oursons imaginés dans les années 1920 par Michael Bond et à la fin des années 1950 A. A. Milne s’affrontent depuis des décennies pour obtenir les faveurs des petits. Pas pour rien si les deux ursidés ont également conquis le grand et le petit écran à moult reprises.

Mais le gagnant de ce combat-là est Paddington, grâce aux deux films de Paul King (qui a réussi l’exploit de réaliser une suite aussi réussie que le volet inaugural). Le seul «danger» de ces films est que les jeunes spectateurs en émergent en voulant adopter un ourson provenant du fin fond du Pérou, comme le fait la famille Brown.

Créature numérique plus vraie que nature, ce Paddington (dont la voix est celle de Ben Whishaw en anglais et de Guillaume Gallienne en français) est craquant. En fait, si on est honnête, les petits ne sont pas les seuls à avoir envie d’en prendre un sous leur aile. Les grands succombent aussi.

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Kate Dicamillo et Charlotte.
Le petit monde de Charlotte – Paramount Pictures
Dakota Fanning et Wilbur

Le petit monde de Charlotte

À ne pas confondre avec la série télévisée Le monde de Charlotte de Richard Blaimert, qui nous a fait sourire de 2000 à 2004. Le petit monde de Charlotte est un classique de la littérature enfantine américaine écrit en 1952 par E. B. White. «J’ai pensé à lui et à la façon dont il a imaginé cette histoire quand j’ai démarré Flora & Ulysse», note Kate DiCamillo.

Bon, l’effet «J’en-veux-un/une» n’est pas le même que dans les autres histoires du genre, la Charlotte en question étant… une araignée. Mais il y a aussi là un cochon, Wilbur; et une fillette, Fern.

Laquelle, dans le film de Gary Winick (2006), est incarnée par celle qui, à l’époque, jouait toutes les petites filles du grand écran (ou ainsi semblait-il), Dakota Fanning. Elle n’a toutefois pas le premier rôle puisque le récit tourne autour de Wilbur, qui sait pertinemment qu’à la fin de l’été, il risque de se retrouver sur la table familiale. Pas comme invité mais comme plat principal.

Charlotte et Fern verront à ce que cela ne se produise pas. Et les petits d’opter pour le végétarisme? Chez certains, Babe a pavé ce chemin-là…

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Kate Dicamillo et Belle et Sébastien.
Belle et Sébastien – Les Films Séville
Félix Bossuet et Belle

Belle et Sébastien

Et d’un p’tit dernier en hommage… à la chienne de Kate DiCamillo! Il y a d’abord eu les romans de Cécile Aubry, publiés dans les années 60. Il y a aussitôt eu les séries télévisées en prise de vue réelle, aussi «vieilles» que les parents des uns et les grands-parents des autres. A suivi la série animée japonaise du début des années 80. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la grande histoire d’amitié du garçon et de sa chienne des Pyrénées inspire.

Parmi ses plus récentes déclinaisons, Belle et Sébastien de Nicolas Vanier (suivi de deux autres films) qui met en scène l’excellent Félix Bossuet dans le rôle-titre – celui de Sébastien; celui de Belle allant comme il se doit à un grand chien blanc. Nous sommes en pleine Deuxième Guerre mondiale et la crainte de l’Allemand est partout, même dans le petit village des Alpes françaises où vit le garçon. Craintes fondées en ce hameau dans lequel les villageois aident des Juifs à passer en Suisse. La grande Histoire se mêle ici à la petite… qui n’est pas moins importante.

Retrouvez plus d’idées de films et de séries à regarder dans notre rubrique cinéma.

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