Agir pour revivre

Le chanteur Stevens Siméon a parcouru 10 287 km à vélo pour soutenir l’organisme à but non lucratif Revivre. Un exploit qui lui a aussi permis de trouver sa voie.

Agir pour revivreAprès plusieurs jours à enchaîner les kilomètres à vélo, Stevens Siméon arriva à Philadelphie.

La ville de la fraternité allait cependant se révéler très inhospitalière. Alors qu’il roulait paisiblement, un gang de rue menaça de prendre sa bicyclette. Le groupe ne plaisantait pas et Stevens, qui n’avait jamais vu d’arme à feu, en avait maintenant une pointée vers lui.

Alors que sa vie était en danger, il décida cependant de ne pas s’arrêter et continua de pédaler. « Cette situation extrême m’a redonné la fougue et a réveillé mon côté rebelle qui ne se laisse pas intimider et tient à réaliser ses rêves », affirme fièrement le jeune homme. Et pour cause : malgré les moments difficiles qui ont ponctué son défi, il n’a jamais songé à abandonner.

Le 15 octobre 2013, Stevens entamait un périple qui allait le conduire de Montréal à Jacksonville, en Floride, de Jacksonville à San Diego, en Californie, puis à San Francisco. Alors âgé de 20 ans, l’ex-candidat de l’émission La voix souhaitait amasser des fonds pour Revivre, un organisme d’aide aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires, ainsi qu’à leurs proches.

Ce même centre l’avait soutenu six ans plus tôt, lorsqu’il avait tenté de s’ôter la vie. « Adolescent, j’étais profondément déprimé et  suicidaire. Revivre m’a beaucoup aidé, affirme-t-il. J’ai donc à cœur de savoir qu’il existe des organismes qui sont là pour aider ceux qui souffrent. »

Après son expérience à La voix, Stevens a eu envie de donner à son tour. En apprenant que Revivre traversait des difficultés financières, il a eu l’idée de voyager à vélo pour mettre en place une campagne de financement. La préparation du périple de Stevens fut rapide. Afin de déterminer son itinéraire, il a lu des blogues et consulté des sites spécialisés en  cyclotourisme.

En octobre, la température chute de manière significative, il a donc convenu que la meilleure option serait d’atteindre le sud rapidement.Il a ensuite suivi un cours de mécanique de vélo, a acheté une tente et de l’équipement. Après seulement deux semaines de préparation, il s’apprêtait à réaliser le plus grand exploit sportif de sa vie. « Ma mère était en voyage au moment de mon départ. J’ai quitté la maison tellement vite que j’ai dû lui laisser une lettre pour l’informer », se souvient-il.

Après 92 jours d’intenses efforts, Stevens était finalement de retour chez lui. Il avait atteint son objectif et amassé 5 460 dollars et de nombreuses anecdotes de voyage.Voyager en solitaire sur une si longue distance engendre inévitablement son lot de risques et d’imprévus. Alors qu’il campait près d’une rivière dans l’État de Géorgie, un alligator a fait irruption en pleine nuit, pour dévorer la nourriture qui se trouvait dans sa tente.

Les conditions météorologiques n’étaient également pas toujours favorables : alors qu’il atteignait le Texas, une mystérieuse vague de froid s’est abattue sur la région. Il se rappelle des moments difficiles passés à dormir sous la tente alors que la température descendait sous zéro.

Ce « cyclodéfi » a été également l’occasion pour lui d’effectuer une profonde introspection. « Après La voix, je ne savais plus trop qui j’étais. Cette aventure en solo pendant trois mois m’a permis de retrouver mes racines et de déterminer clairement le genre de vie que je souhaitais mener et la personne que je voulais être. » Ainsi, le chanteur désire maintenant exploiter davantage son côté artistique rebelle, peu visible lors de son passage dans la populaire émission de télévision.

Le plus grand accomplissement de son voyage a cependant été d’acquérir la certitude que dans la vie tout est possible. Cette phrase, il se l’est d’ailleurs fait tatouer sur le poignet, en arrivant au Golden Gate Bridge de San Francisco.

« Chaque fois que j’écris, que je bois un café ou que je serre une main, mon tatouage me rappelle que tout est possible », conclut-il.