Le bois de départ me semble étrange lorsque je le lève sous le regard de mes trois partenaires de golf, nos quatre caddies, le préposé au départ qui nous avait accueillis avec de chauds petits biscuits et un responsable de l’entretien.
Les golfeurs de mon niveau – meilleurs qu’un débutant mais loin d’être des experts – n’ont généralement pas à s’inquiéter de jouer devant une foule.
Plus tôt dans la matinée, après un lever de soleil brumeux sur Inverness, en Nouvelle-Écosse, mes trois amis et moi dévorions des galettes de poisson et des œufs lorsque nous nous sommes avoués partager la même angoisse : jouer au golf avec un caddy pour la première fois.
« Et si on est nul ? » a demandé un de mes amis. Quand on entend des caddies donner des conseils à des golfeurs à la télé, c’est à propos de finesses, par exemple la balle doit-elle parcourir 170 m ou 172 m avant d’atterrir. Nous, nous risquons plutôt de demander si la balle est allée dans les arbres ou dans l’étang.
Bon, il n’y a pas de bois à Cabot Links, mais il y a de l’eau en abondance. Il s’agit du seul véritable parcours links du Canada, conçu en bord de mer (la proximité d’une côte est ce qui définit un links, avec les allées sinueuses, les hautes herbes et les petits bunkers profonds) et ressemble beaucoup aux golfs d’Écosse et d’Irlande. Pour y faire un bon coup, il faut apprendre à frapper des balles basses, sous le vent persistant.
Dans les deux années suivant son ouverture, Cabot Links a acquis la réputation d’un parcours d’envergure internationale qui propose des services de caddies de niveau A et B,
généralement de jeunes habitants de la région ou des retraités, classés selon leur expérience.
Mon caddy est un directeur d’école à la retraite appelé Eddie. Grâce à ses encouragements tranquilles, je commence à retrouver ma forme habituelle, assez médiocre.
Au quatrième trou, je maîtrise ma nervosité. J’ai aussi décidé qu’avoir un caddy est la meilleure façon de pratiquer le golf : on profite de la balade pendant que quelqu’un d’autre traîne le sac.
Avant que la construction de Cabot Links commence, Inverness était une ancienne ville de charbon, boudée par le tourisme et le développement économique. Aujourd’hui, les motels et les restaurants ne désemplissent pas ; il serait même temps d’envisager d’installer un feu de circulation. Mon entourage et moi sommes des inconditionnels du parcours, impatients d’y retourner et de perfectionner nos nouvelles compétences plus tard dans la saison.
J’espère qu’Eddie sera disponible.
Les coups de coeur
Jouer : Les 91mdu 14e trou de Cabot Links : l’effet en trompe-l’oeil du vert infini attire irrémédiablement le regard vers l’océan.
Manger : Le fish and chips du Red Shoe Pub de Mabou; tous les plats de crabe de Chéticamp.
Dormir : Les pavillons avec vue du Keltic Lodge à Ingonish.