Retrouver le chemin du succès

Plus de 700 000 Québécois souffrent de troubles d’apprentissage, et beaucoup traînent ce handicap invisible dans la vie adulte. Comment les aider à retrouver la voie de la réussite.

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Il y a plusieurs façons d’aider ceux qui on des problèmes d’apprentissage.

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À l'université

À l’université

«Pour m’en sortir, j’ai dû me forger une discipline de travail à toute épreuve», dit Beth Green, 23 ans. Cette jeune femme originaire de St. John’s, à Terre-Neuve, souffre de plusieurs troubles d’apprentissage et a mis quatre ans pour obtenir un diplôme d’université qui aurait dû lui en prendre deux.

Bien des troubles d’apprentissage n’apparaissent au grand jour qu’au moment d’entrer à l’université, où les étudiants sont davantage livrés à eux-mêmes. Généralement, ceux qui souffrent de ce handicap ont de la difficulté à prendre correctement des notes, à remettre leurs travaux à temps et à planifier leurs horaires. Inévitablement, ils prennent du retard. «J’ai du mal à lire dans les manuels les mots qui ne me sont pas familiers, dit Beth Green. Et quand on me donne des indications verbales, j’ai de la difficulté à les mémoriser. J’ai beau me mettre au premier rang dans la salle de cours, je fais plus attention au brouhaha derrière moi qu’à ce que dit le professeur.»

Au Canada, la plupart des établissements postsecondaires offrent des services d’aide aux handicapés. Mais en matière de troubles d’apprentissage, le soutien dépend des politiques provinciales et de la formation du personnel. Le réputé centre Meighen, à l’université Mount Allison de Sackville, au Nouveau-Brunswick, obtient un taux de réussite de 85 pour 100 chez ses étudiants aux prises avec des TA. Et, d’après le Dr Umesh Jain, psychiatre et président de l’alliance canadienne CADDRA, les élèves qui se sentent perdus dans une classe peuvent réussir remarquablement grâce aux «cybercours». Certains ont même accompli toutes leurs études universitaires en ligne.

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Au travail

Au travail

De nombreux jeunes adultes en difficulté d’apprentissage parviennent à décrocher un emploi. Le problème, c’est qu’ils n’arrivent pas à le garder. Selon le Dr Jain, tout se gâte quand ils quittent le cadre académique pour entrer dans la vie active. Il cite le cas d’un jeune avocat qui doit faire chaque jour trois ou quatre heures de travail supplémentaires pour rester à flot.

Quelle que soit leur profession, les adultes atteints de troubles d’apprentissage ont besoin de s’ajuster constamment. Ainsi, un comédien aura besoin d’un répétiteur personnel ou d’enregistrements pour mémoriser son texte; un employé de bureau devra recevoir toutes les directives par écrit. Certains informent leurs supérieurs de leurs problèmes, expliquent en quoi les TA nuisent à leur travail et précisent ce qui pourrait les aider.

Quand ces jeunes adultes finissent par trouver leur créneau et qu’ils disposent des bons outils, ils deviennent très performants dans leur domaine. Jeff Moore, 22 ans, de la Colombie-Britannique, a suivi un apprentissage de plombier pendant quatre ans avant d’obtenir son diplôme. Comme il assimilait rapidement tout ce qui était manuel, il a passé brillamment le stage pratique de huit mois. Mais une grave dyslexie le handicapait pour lire.

«C’est comme ce mot, Va-len-tin, dit-il en déchiffrant avec difficulté une carte offerte par sa petite amie. Quand on fête mon anniversaire, ça m’angoisse toujours d’avoir à lire les cartes. Lire un mot, c’est épuisant pour moi; j’ai l’impression d’utiliser des fonctions inhabituelles de mon cerveau.»

Comme son apprentissage comportait six semaines de cours théoriques, il a dû s’astreindre chaque soir à cinq heures de travail supplémentaires, en s’aidant d’un logiciel spécial qui lui «lisait» le matériel. Aujourd’hui, il exerce le métier de plombier à plein temps et excelle dans son travail.

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Dans les relations interpersonnelles

Dans les relations interpersonnelles

Etant donné que les troubles d’apprentissage sont liés à des problèmes de perception, de raisonnement, d’acquisition des connaissances et de mémoire, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses sur la vie personnelle de ceux qui en souffrent.

Curtis a beaucoup d’amis, mais il est conscient de ses limites. «Parfois, dit-il, je décroche au milieu d’une conversation. Ça explique pourquoi je ne garde jamais une petite amie très longtemps.»

Dans leur vie privée, ces jeunes adultes sont souvent la cible de critiques. On les accuse d’être désordonnés, désorganisés, toujours en retard, distraits, indifférents, paresseux. Ils oublient les dates, laissent les factures s’empiler, remettent à plus tard les tâches domestiques, semblent ailleurs lors d’une conversation intime… Résultat: leurs proches ont l’impression qu’ils rejettent sur leurs épaules le poids des responsabilités. Mais sans diagnostic à l’appui, ceux-ci n’ont aucun moyen de connaître les causes d’un comportement désordonné – ni d’apporter leur aide.

Selon Judy Kerr, il est possible de désamorcer les tensions familiales en recourant à tous les outils, technologiques ou autres, susceptibles d’aider ceux qui souffrent de troubles d’apprentissage à exécuter à temps les tâches quotidiennes. Par exemple, le système de prélèvements automatiques peut régler le problème des factures en retard. Et l’ordinateur peut être programmé pour rappeler les dates importantes à toute la famille. Pour les «visuels», l’image d’une cuisine impeccable rappellera que le ménage reste à faire.

Ceux qui vivent avec une personne aux prises avec des troubles d’apprentissage doivent aussi se souvenir que leurs problèmes ne sont nullement des prétextes pour «tirer au flanc», mais un véritable handicap.

 

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