Dépression: symptômes, remèdes et statistiques

Des experts nous expliquent les principaux symptômes de la dépression, son étendue au Canada ainsi que les remèdes pour mieux en guérir.

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Dépression: symptômes, remèdes et statistiques

Dépression: définition et symptômes

La tristesse est une réponse normale à des situations bouleversantes de la vie. La dépression quant à elle est une maladie beaucoup plus sévère et étendue, dont la tristesse n’est que l’un des symptômes. La dépression clinique englobe aussi des sentiments d’inutilité et de culpabilité, ainsi que des modifications des habitudes alimentaires et du sommeil.

Lorsque la tristesse commence à interférer dans votre travail, il est temps de consulter un professionnel. Votre médecin de famille pour commencer, devrait vous aider à écarter toute autre maladie qui pourrait imiter les symptômes de la dépression, comme un trouble cérébral ou thyroïdien. Une fois ces pathologies exclues, votre médecin sera en mesure de vous adresser à un psychothérapeute ou à un psychiatre.

Étendue et historique de la dépression

Au cours de leur vie, 2,5 millions de Canadiens sur 18 millions souffriront de troubles maniacodépressifs, parmi les plus courants au pays.

En dépit de son omniprésence, le diagnostic et le traitement de cette maladie ont toujours fait appel au savoir-faire autant qu’à la science, affirme Beth Robinson, directrice de l’Association canadienne de counseling et de psychothérapie.

En fait, le premier antidépresseur – aujourd’hui l’un des principaux traitements contre la dépression – fut découvert par accident en 1951, alors que des médecins testaient l’efficacité d’une pilule, l’iproniazid, sur des patients tuberculeux. Son effet se révéla léger contre la ­tuberculose, mais spectaculaire sur l’humeur des patients qui devenaient de plus en plus heureux.

Ce qui divise les recherches actuelles sur la dépression – concerne-t-elle l’esprit ou le corps ? – montre à quel point elle demeure mystérieuse.

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Dépression: vers de nouveaux remèdes et traitements

Des saignées aux asiles d’aliénés, l’approche s’est modifiée à mesure que les spécialistes ont tenté de la comprendre. « Ce qui différencie la dépression d’une maladie comme le diabète, c’est que les stratégies de recherche ont tendance à fonctionner à l’envers, déclare le Dr Sidney Kennedy, professeur de psychiatrie à l’Université de Toronto. Les traitements efficaces sont utilisés pour mieux comprendre la manière dont les troubles se développent. »

La recherche compte sur de nouveaux médicaments – comme la kétamine, une drogue de rue populaire – ainsi que sur un procédé appelé stimulation magnétique transcrânienne ­répétitive (SMTr), qui utilise les pulsations des champs magnétiques pour agir sur l’activité cérébrale.

Les médecins repoussent également de nouvelles frontières en s’intéressant à un traitement appelé stimulation cérébrale profonde (SCP). Développée comme thérapie pour les dépressions résistantes aux traitements, qui affectent entre 20 % et 30 % des patients, la SCP consiste à implanter des électrodes dans une aire du cerveau, connectées ensuite à un stimulateur cardiaque dans la poitrine. Des études préliminaires sur cette intervention chirurgicale ont démontré son remarquable taux de réussite. « Aujourd’hui, la dépression est diagnostiquée en considérant les symptômes décrits par le patient lui-même, en plus des observations du praticien.

Mais à l’avenir, les médecins pourraient ajouter des examens biologiques – comme une IRM fonctionnelle – pour formuler leur diagnostic », prédit le Dr Kennedy.

D’autres remèdes, par exemple la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), peuvent également influer sur les aires du cerveau, comme la SCP. La TCC demande aux patients de répéter certains exercices – comme donner une note à ses humeurs tout au long de la journée – qui favorisent des habitudes de pensée positive. De plus en plus de Canadiens ont recours à la TCC pour traiter les troubles mentaux ; des études ont révélé qu’elle est aussi efficace que les médicaments pour contrer la dépression.

Par ailleurs, selon de récentes études publiées dans le Journal of Psychiatric Research, le Botox pourrait être un traitement efficace pour les patients dépressifs, qui avouaient se sentir moins déprimés six semaines après une injection. Des chercheurs de la faculté de médecine de Hanovre, en Allemagne, et du centre médical Southwestern de l’Université du Texas ont également conduit des essais cliniques, avec des résultats prometteurs. À l’origine de ces études, se trouve l’idée appelée « hypothèse de la rétroaction faciale », qui suppose que les expressions faciales provoquent l’humeur qu’elles sont censées exprimer. Cela signifie que vous ne froncez pas les sourcils parce que vous êtes mécontent ; vous êtes mécontent parce que vous les froncez. Lorsque les muscles responsables de l’expression de la tristesse sont paralysés, selon cette théorie, on évite d’être englué dans cette émotion.

Enfin, si certains antidépresseurs naturels peuvent aider à soulager certains symptômes, il demeure crucial de consulter un professionnel de la santé.

Concevoir la dépression autrement

Bien que l’approche actuelle de la maladie prenne en compte ses aspects psychologiques et sociaux autant que physiques, classer définitivement la dépression parmi les maladies médicalisées pourrait aider les personnes atteintes à en avoir moins honte et les encourager à demander de l’aide. « La thérapie peut et, souvent, devrait être accompagnée de médicaments au besoin, ainsi que de changement alimentaire, d’exercice et de soutien interpersonnel, affirme Beth Robinson. La dépression a plusieurs facettes, tout comme les êtres humains. Il est ­logique que son traitement soit aussi complexe. »

Pour en savoir plus ou obtenir de l’aide, consultez la section Dépression du site du ministère de la Santé et des Services sociaux (Québec).

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