Luttant contre le diabète, il traverse le Canada à la course

Traverser le Canada à la course, le tout à raison d’un quasi-marathon par jour. Pas mal pour un diabétique! Entretien avec l’inspirant Sébastien Sasseville.

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Luttant contre le diabète, il traverse le Canada à la course

En 2002, Sébastien Sasseville, alors âgé de 22 ans, apprend qu’il souffre de diabète de type 1. Immédiatement, l’étudiant en communication à l’Université Laval décide de prendre les choses en main. Il déménage à Vancouver, trouve un mentor pour l’aider « à exorciser ses démons » et entreprend un entraînement serré. « Le diabète m’a permis de me réaliser », explique-t-il avec douceur. Et comment !

Depuis le 2 février, il a entrepris de traverser le Canada à la course à pied, à raison de 40 kilomètres par jour. Les écouteurs vissés aux oreilles (il apprécie les grandes entrevues, avec les prix Nobel notamment), il dispose de tout son temps pour contempler le paysage, tout en s’assurant de mesurer régulièrement son taux de glycémie.
Il a entamé son marathon en solo en plein hiver à Saint-Jean de Terre-Neuve dans des conditions météorologiques éprouvantes.

Le 27 avril, il faisait escale à Québec où plus d’une centaine d’admirateurs étaient venus le rejoindre sur les Plaines d’Abraham pour un cinq kilomètres à ses côtés.

Près d’un mois plus tard, il atteignait Toronto sous un ciel sans nuage. Il prévoit mettre les pieds à Vancouver le 14 novembre, date de la Journée mondiale du diabète.
Il aura alors complété 7 500 kilomètres. « À la fin de l’année, dit-il, j’aimerais qu’on se souvienne davantage de l’encouragement que j’ai prodigué que du nombre de kilomètres que j’ai parcourus. »

Inspirant en effet, car Sébastien Sasseville n’en est pas à sa première prouesse.

Six ans après avoir obtenu son diagnostic, fidèle à son nouveau style de vie, il réussit l’ascension du mont Everest, devenant le premier Canadien diabétique à compléter un tel exploit. Athlète accompli, il participe à de nombreuses épreuves d’endurance dont un ultra-marathon de 250 km dans le Sahara. Il triomphe également dans six compétitions d’endurance Ironman, des triathlons extrêmement exigeants, et dirige des expéditions d’alpinisme permettant à des jeunes atteints de diabète de type 1 de grimper entre autres le mont Kilimandjaro en Afrique.

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Né le 25 septembre 1979 dans un village non loin de Québec, Sébastien n’a pas toujours affiché les caractéristiques d’un champion.

« J’étais zéro dans les sports quand j’étais jeune, confie-t-il. Je n’avais jamais grimpé sur un podium, jamais gagné de course. La première fois que j’ai couru après l’annonce de mon diabète, j’ai franchi un maigre 250 mètres, trop effrayé pour continuer parce que je m’inquiétais de mon taux d’insuline. »

Le diabète de type 1 est la forme de diabète la plus sévère. Près de 300 000 Canadiens en sont atteints.

Plusieurs fois par jour, Sébastien doit contrôler sa glycémie à l’aide d’une petite pompe à insuline fixée à sa taille, sinon il risque de le payer très cher. « Ce n’est pas le diabète qui cause les amputations, les arrêts cardiaques ou la cécité, explique-t-il. C’est le diabète mal contrôlé. »

Pour  l’athlète qui fêtera ses 35 ans ce mois-ci, comme pour beaucoup de gens atteints de maladie chronique, le plus difficile a été d’accepter sa condition. « Il ne faut pas laisser le diabète nous définir en tant qu’être humain. Moi, je suis un athlète qui a décidé de faire de sa maladie une alliée, voire de s’en servir comme tremplin.

Après s’être donné corps et âme à la cause du diabète, Sébastien Sasseville s’est graduellement transformé pour devenir un professionnel de la communication qui gagne sa vie en répandant un message d’espoir. Ainsi, mettant ses principes à profit, il a laissé tomber un emploi très lucratif dans l’industrie pharmaceutique il y a près de deux ans pour développer sa propre entreprise, Sebinspire.com, absorbant du coup une diminution de salaire de 75 pour cent. Il a couru des risques, mais « ça valait le coup », constate-t-il aujourd’hui.

Conférencier motivateur, il s’adresse désormais à l’ensemble de la population afin d’inciter jeunes et vieux, malades et bien portants, à réaliser leurs rêves.
Son message est toujours le même. Transformer l’obstacle en occasion, surmonter les barrières pour aller plus haut, plus loin. « Les gens pensent que de surmonter des défis apporte la confiance. C’est plutôt l’inverse. La confiance en son potentiel de réussite doit être perçue comme quelque chose que l’on possède déjà, non comme quelque chose que l’on doit acquérir. »

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Mais ce genre de programme est-il vraiment à la portée de tous ?

« Je suis conscient, concède-t-il, que certaines personnes n’y arriveront pas. Non pas à cause de leurs handicaps personnels, mais parce qu’elles se seront laissées convaincre de leur incapacité à atteindre leurs objectifs. Tout au long de ta vie, on te répète : «  Tu n’es pas capable d’accomplir ceci, tu n’es pas fait pour faire ça, ne va pas travailler à Hong Kong, ne saisis pas cette opportunité…  » C’est très difficile de se défaire de tels conditionnements parce qu’on les a intériorisés et qu’ils nous ont été imposés par notre environnement. De mon côté, je reste convaincu : tout le monde peut réaliser son potentiel. »

Après sa traversée du Canada, il commencera à réduire ses défis sportifs pour se consacrer davantage à son entreprise. Il misera sur son illustre profil et sur ses réalisations passées pour exporter sa vision de manière à la rendre accessible au plus grand nombre.

Parce que, désormais, ce qu’il représente est plus important que ce qu’il fait.

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