La première chose qu’on remarque chez Andrew McLane, c’est le tatouage sur son biceps gauche. Le trait est épais comme celui d’un dessin sur un ballon à demi dégonflé. Le tatouage a rétréci de moitié parce que le bras qui l’arbore a perdu 20 cm de circonférence en un an.
Andrew, 1 m 85, est un agent immobilier de 28 ans. Son tee-shirt moule une musculature de grand fauve. Une séduisante brune de 29 ans est assise à ses côtés sur la banquette d’un restaurant de Parksville, une petite ville tranquille de l’île de Vancouver : sa femme Dani, institutrice dans la localité voisine de Port Alberni.
Il y a trois ans, le couple s’est promis que 2011 serait leur « année de la santé ». Pari tenu. Ils ont maigri de plus de 140 kilos en 12 mois : 34 pour Dani, 109 pour Andrew.
Une histoire simple ? En apparence seulement, car l’obésité est un cocktail complexe de troubles psychologiques, de déclencheurs culturels et de caprices physiologiques. Et puis, les relations de couple ne sont jamais simples.
Andrew ne sait pas pourquoi il a commencé à grossir. Il sait seulement quand c’est arrivé. Il avait une quinzaine d’années et venait d’être exclu de l’équipe de baseball. Pour oublier cette mauvaise surprise et meubler ses loisirs, il prend un emploi à temps partiel dans un restaurant japonais de Parksville, à la cuisine saturée d’odeurs de tempura et de sushi. À 18 ans, il frôle les 130 kilos.
La boutique de vêtements pour hommes de Parksville a un rayon de grandes et très grandes tailles. L’année suivante, Andrew y achète son premier complet quand il entame sa carrière d’agent immobilier (à 19 ans, il devient le plus jeune membre de sa profession au Canada). Il a du panache. C’est ce qui retient l’attention de Dani quand, en réponse à son annonce, le profil d’Andrew s’affiche sur un site de rencontres en ligne. Un profil énigmatique, du genre : « Si vous aimez les films de Will Ferrell, nous devrions nous entendre. » Au fil de leurs échanges, l’homme se livre davantage si bien qu’ils se sentent en confiance lors de leur premier tête-à-tête.
« Je n’ai pas été choquée quand je l’ai rencontré », affirme Dani, même si les photos d’Andrew montraient presque uniquement sa tête et ses épaules, dissimulant ainsi une corpulence de 160 kilos. « Je n’ai pas pensé qu’il m’avait menée en bateau. » Elle est séduite par ses grands yeux, son large sourire. Charismatique, il respire la force des gens capables de déplacer des montagnes. Andrew l’amène au chic restaurant du Tigh-na-mara, une station de vacances en bord de mer. Dani est si nerveuse qu’elle ne touche pas à ses pâtes. Le lendemain, elle appelle sa grand-mère : « Je l’ai trouvé, lui dit-elle, je l’ai trouvé. »
De son côté, Andrew dit la même chose à sa sœur : « J’ai rencontré la future madame McLane. » Six mois et demi plus tard, ils se fiancent. Le mariage a lieu un an après. Ils ont tous les deux 23 ans.
Crédit photo: Waldy Martens
Les gros mangeurs se sentent intimement liés, solidaires même dans une culture comme la nôtre, où boire et manger est au centre de toute activité sociale. Et c’est ce qu’Andrew aime par-dessus tout. On est sûr de le trouver au restaurant qui sert la meilleure bière, le meilleur hamburger, le meilleur steak. Ce qu’il y cherche, ce n’est pas tant d’assouvir sa faim que de se gaver. « Manger au point de ne plus pouvoir bouger, se rappelle-t-il, c’était ça, l’extase. » Dans sa jeunesse, Dani a fait du sport, comme Andrew, et elle lutte à présent contre des tentations similaires, sans pour autant y céder complètement. Elle essayait de manger mieux quand elle l’a rencontré, mais pas question d’entrer en conflit avec lui alors qu’ils commencent tout juste à faire équipe. Décrétant une trêve, ils choisissent de ne se priver de rien.
Après une lune de miel à Las Vegas, terre des menus illimités et des portions gargantuesques, leurs passe-temps à Parksville se résument à manger au restaurant ou à faire la fête à la maison. Ils mènent le grand train dans un cercle d’amis sans cesse plus large. Ils tiennent les premiers rôles du défilé traditionnel, ceux du père et de la mère Noël : « Je n’avais pas besoin d’oreiller », reconnaît Andrew. »
Ils s’aiment pour ce qu’ils sont, non pour ce qu’ils pourraient être. Quand ils se regardent, ils ne voient pas des « possibilités », comme dirait un agent à propos d’une maison sous-évaluée qui possède une « belle ossature ». Ils sont attachés à la personne qu’ils ont devant eux. N’empêche qu’ils s’interrogent : est-ce là leur destin ? Dani est persuadée que non ; elle rêve de revenir au temps de leur jeunesse sportive et de mener une vie moins entravée par la gravité.
Andrew n’y croit pas trop. En deux ans de mariage, il s’est alourdi de 45 kilos, dépassant la barre des 200. Le rayon spécialisé de la boutique de Parksville n’a plus rien à lui proposer. Il commande en ligne des vestons de taille 60.
« Quand nous nous tenions par la main, nous ne nous touchions pas vraiment, confie Dani. Les siennes étaient molles comme de la guimauve. » Lorsqu’elle l’étreint, elle a l’impression d’enlacer un tronc d’arbre sans pouvoir en faire le tour.
Au terme d’une journée consacrée à faire visiter des maisons à étage, Andrew est épuisé comme s’il avait couru un marathon. Une fois, Dani et lui assistent à un match des Canucks de Vancouver, qu’ils décrivent comme « 60 minutes de torture », les hanches prises en tenailles entre les porte-gobelets. Faire du sport, lui ? Même pas comme spectateur, se dit-il. Un soir, il trouve Dani dans le séjour en train de regarder Qui perd gagne, une émission de téléréalité sur des personnes obèses qui tentent de maigrir le plus possible. « Ai-je l’air de ça ? » lui demande-t-il.
Dani fait non de la tête. « Je ne le voyais pas comme ça. L’amour est aveugle, n’est-ce pas ? » Andrew n’est pas dupe. Il n’est pas aussi obèse que les participants de cette émission. Il l’est plus. « J’étais plus lourd que n’importe lequel d’entre eux. » À l’automne 2010, il se met aux frappés diètes et perd quelques kilos, mais abandonne dès octobre, aux environs de l’anniversaire de Dani. « Quand je suis retombé, j’ai pensé : je suis en train de la couler. »
On dit parfois que le préjugé à l’encontre du surpoids est le seul qui reste acceptable. Andrew a le sentiment qu’une humiliation publique le guette à tous les coins de rue. Quand vous êtes aussi gros, il n’y a pas que les petits enfants qui vous dévisagent. Par empathie, Dani commence à partager ses angoisses, à craindre que l’escalier de tel immeuble sans ascenseur ou les chaises de tel restaurant ne soutiennent pas son poids. « Je ne voulais plus voyager, sachant qu’il en ferait une montagne », avoue-t-elle.
L’abcès crève fin 2010, durant le temps des fêtes. « Nous nous faisons du souci pour Andrew », confient des amis à Dani. Elle doit intervenir. Il le faut. Le fait qu’elle soit tourmentée par son propre poids – presque 110 kilos pour 1 m 62 – n’arrange rien. Un mois plus tôt, elle encourageait des élèves qui participaient à la course quotidienne de son école quand un passant lui a soufflé : « Vous devriez les imiter. »
La coupe de Dani déborde. Le désir d’enfant manifesté par Andrew lui offre le prétexte dont elle a besoin pour se vider le cœur. Elle le fait asseoir. « Je ne veux pas d’enfant avec quelqu’un qui mourra avant d’avoir 40 ans, lui dit-elle. Je ne veux pas être une mère seule. » Puis elle donne l’estocade : « Tu nous mènes au désastre. »
« Je ne souhaiterais cela à personne, dit Andrew de cette journée. J’ai compris que ma femme allait me quitter et que je resterais assis là à pleurer sur mon sort. »
Crédits photos: (haut)Waldy Martens; Avec l’autorisation de Dani et Andrew McLane
Beth Alden est une femme sensée qui dirige avec une passion quasi fanatique un programme amaigrissant digne d’un camp d’entraînement militaire et axé sur l’entraide et la responsabilité individuelle.
Le 5 mai 2011, Dani découvre son existence en ligne et la supplie de les prendre en charge, elle et son mari. Beth se souvient d’avoir croisé Andrew à Parksville des années auparavant. Elle a gardé l’impression d’une forte tête. Se pliera-t-il à l’entraînement ? En le revoyant, elle se rend compte qu’il a changé. « Il n’était plus le même. J’ai lu le désespoir dans ses yeux. Il touchait le fond. » Ce qu’elle apprend sur sa famille lui donne de l’espoir. Sa sœur est ballerine. Son père n’était pas gros. « Je lui ai dit : avec cette ossature-là, tu devrais peser moins. »
Dani s’inscrit au programme de 13 semaines « Qui perd gagne à Oceanside ». Andrew opte pour deux séances individuelles par semaine. « Quand on pèse 208 kilos, explique-t-il, on ne veut pas s’entraîner en public. »
Ils prennent le chemin du gym chacun de son côté. Ils s’y mettent doucement – tactique qui garantit de « petites victoires » destinées à les conforter – puis augmentent le régime. Beth prône l’entraînement fractionné de haute intensité, soit un effort cardiaque vigoureux suivi d’une récupération, à répétition. Le but : infliger à l’organisme le plus de changements productifs possible en faisant alterner les exercices d’endurance, d’aérobie et d’assouplissement. Entre les séances de poids et haltères au gym et celles de cardio sur l’exerciseur elliptique que Dani et lui ont installé dans le garage, Andrew en arrive vite à s’entraîner six ou sept jours par semaine.
Beth lui fait porter des sacs de sable d’un poids égal à celui qu’il a perdu pour qu’il mesure la charge sous laquelle il ployait. Chaque fois qu’il en laisse tomber un, il savoure le bonheur d’être plus léger. Elle le prépare comme un maître Jedi dresserait un élève, en le poussant à anticiper les obstacles. « Tu reçois un coup de fil d’un ami qui te dit : tu es en pleine forme maintenant, viens donc prendre un verre. Qu’est-ce que tu fais ? Tu dois être prêt à rompre avec les gens qui ne veulent pas te voir mince parce qu’ils ne le sont pas. »
Un échec est exclu, confie-t-elle à Andrew. « Tu avais du succès comme athlète à l’école secondaire. Tu en as comme agent immobilier. Pour la santé et la forme, tu as tout raté. Nous allons renouer avec le succès. »
Cinq mois après cette déclaration, Dani a déjà perdu près de 20 kilos. Elle suit trois cours de gym par semaine en plus du programme « Qui perd gagne » tous les mercredis. Ce jour-là, Beth dirige parfois le groupe à l’entraînement cardio qui se déroule en forêt ou sur la plage. Elle accompagne ses protégés au supermarché, leur apprend à faire des emplettes dans les rayons périphériques plutôt que dans les allées centrales où sont concentrés les produits transformés. Elle les encourage à bien lire les étiquettes. « Tu connais ces ingrédients-là ? Non ? Alors remet la boîte à sa place. » Ils font le serment de purger leur garde-manger de toute trace de malbouffe.
L’expérience est probante – pour l’un comme pour l’autre – mais Andrew la vit différemment. Plus intensément.
« La seule image qui me vienne à l’esprit, dit Dani, c’est celle d’un avion qui roule sur la piste, et tout à coup, le pilote met les gaz. »
Le premier mois, Andrew perd presque 16 kilos et commence à peaufiner son programme. En se rendant compte qu’il maigrissait davantage quand il s’entraînait le soir, il se jure de ne plus prendre une bouchée passé 18 h. Et il se met à préparer des casse-croûte santé pour ses repas de midi.
Le mois suivant, il maigrit de 14 kilos. Son organisme est chamboulé par le changement d’alimentation et le rythme d’activité. Andrew a écouté les conseils de Beth et les a assimilés. Comme le disent les experts en gestion, il a adhéré non seulement à un objectif, mais à une démarche. À la fin de chaque mois, il flotte dans ses vêtements. « Au début, je les faisait reprendre, pensant que ça serait moins cher, raconte-t-il. Mais les retouches n’étaient pas sitôt faites qu’il fallait recommencer, alors j’ai fini par tout donner à l’Armée du salut. »
L’été venu, il a fondu d’environ 45 kilos. Fondre est le mot juste. Sensation inouïe : le système de récompense qui s’activait dans son cerveau quand il se gavait de pizza est à présent déclenché par l’effort physique. « J’ai échangé une addiction à la nourriture contre une dépendance aux endorphines », admet-il.
Crédit photo: Waldy Martens
Il en arrive à perdre 70 kilos aux alentours de son 26e anniversaire, mais n’en parle à personne. « Je pesais encore plus de 140 kilos – toujours trop. » Il se cache, n’affiche presque pas de photos sur Facebook, ne dit mot de la métamorphose en cours. Il s’est juré de ne rien dévoiler tant qu’elle ne serait pas complète. « Je ne voulais pas décevoir. »
Le 31 décembre 2011, il ne pèse plus que 90 kilos. « On a voulu me faire fêter ça, mais j’ai été incapable de décrocher. » Il boit de l’eau dans une bouteille de bière.
Sa perception de lui-même est « très confuse ». De temps en temps, il compare son reflet dans un miroir à une photo de lui quand il était gros, mais n’arrive pas à réconcilier les deux : « On ne sait plus qui on est. »
De fait, on a du mal à croire que les versions 1.0 et 2.0 d’Andrew sont une seule et même personne quand on considère qu’il est passé de 209 kilos à un petit 88 ; de taille XXXXXXL à taille moyenne ; de l’incapacité à faire une seule pompe aux flexions extensions à la verticale.
Ses chapeaux ont diminué de cinq points, ses doigts boudinés sont devenus aussi fuselés que des cierges. Il peut de nouveau porter son alliance. Dani n’a plus du tout la même impression quand elle lui prend les mains. Et quand elle le serre dans ses bras, elle sent des os et des muscles.
Il a perdu un kilo et demi de peau. Une abdominoplastie a été nécessaire pour le débarrasser de cet immense pli de chair et replacer son nombril au bon endroit. Son enveloppe corporelle a été retaillée comme un vêtement.
Ses pieds sont anormalement plats. Les voûtes écrasées sous son poids demeurent comprimées même si elles ne supportent plus la même charge.
Pendant cette métamorphose miraculeuse, Dani est à la fois fière de son mari et heurtée par les réactions de leur entourage. Andrew et elle ont entrepris cette course en même temps, mais il n’échappe à personne qu’ils n’avancent pas à la même vitesse. La jeune femme s’est fait des amies au gym et aime l’ambiance, mais voilà… « On me demandait : tu t’entraînes encore ? Et je pensais : Oui, et à fond même ! Mais je n’étais plus jugée à la même aune. On me comparait à lui. »
En mai 2012, un an après le début de l’aventure, Andrew participe au demi-marathon de la BMO à Vancouver. Il le termine en environ deux heures. « Sauf que c’était un anniversaire pour Dani aussi », souligne-t-il. Elle a perdu 30 kilos, mais personne n’en a parlé. « J’ai pleuré toute la journée », chuchote-t-elle.
Alors que son mari fond à vue d’œil, Dani joue au yo-yo. Elle décide alors de faire quelque chose qui lui appartiendra en propre : une maîtrise en éducation. « Jour après jour, elle étudiait jusqu’à trois ou quatre heures du matin, puis allait travailler, raconte Andrew. Ça ne se voyait pas. Alors que 90 kilos de moins, ça ne passe pas inaperçu. »
Entraîneurs et instructeurs aiment à dire qu’ils veulent des résultats, pas des excuses. La vie n’est pas si simple, hélas, surtout quand de légitimes excuses vous sont offertes sur un plateau d’argent.
Crédits photos: (haut)Waldy Martens ; Avec l’autorisation de Dani et Andrew McLane
Le fait est que les femmes ont plus de mal à maigrir que les hommes. Dans le cadre d’une étude effectuée à l’Université de Syracuse en 2010, on a fait marcher et courir des sujets des deux sexes sur un tapis roulant, à la même vitesse, pendant 1,6 km ; à effort égal, la dépense calorique des hommes a dépassé celle des femmes de 12 % à 18 %. Explication : les hommes ont plus de muscles que les femmes, et le tissu musculaire stimule le métabolisme plus fortement que la graisse. Autrement dit, les plats riches dont le couple raffolait chargeaient relativement plus la barque de Dani que celle d’Andrew.
Dani refuse d’y croire. « C’est du pipeau, lance-t-elle à Andrew quand il tente d’imputer leurs résultats divergents à la physiologie. La vérité, c’est que tu étais plus déterminé. »
Toute à sa maîtrise, poursuit-elle, elle a « négligé » son entraînement. Voilà pourquoi elle a repris les kilos laborieusement perdus. Ses efforts héroïques au gym ont été gâchés par de violents accès de boulimie. Quand elle cessait de s’entraîner, ne serait-ce que quelques jours, un cercle vicieux s’enclenchait. Privée des effets délassants de l’exercice, elle était envahie par l’anxiété et se gavait pour l’apaiser.
Un conseiller a aidé Dani à mettre de l’ordre dans ce chaos. « Imaginez que vous êtes tous les deux dans une grotte obscure, lui a-t-il dit. Il existe une voie de sortie qui vous est réservée. Elle est là, devant vous, mais vous ne la voyez pas parce qu’au lieu de regarder par terre, vous vous laissez aveugler par la lumière qui vient d’Andrew. » Dani a alors compris que, si elle persistait à suivre Andrew, elle se perdrait. Après tout, ils sont très différents l’un de l’autre malgré tout ce qu’ils ont en commun.
Par exemple, Dani n’aime pas l’effort physique autant que son mari. Elle sait maintenant qu’elle n’en sera jamais aussi friande, car elle n’en retire pas les mêmes dividendes. « Je voulais prendre goût à la course à pied, mais je n’aime pas ça, avoue-t-elle, pas autant qu’Andrew. » Elle a besoin de compagnie, d’encouragements, de stimulants pour persévérer. Andrew est très heureux de se faire suer dans sa bulle.
Et l’enfant, cause première de cette aventure ? « Quand nous nous sommes sentis maigrir, le désir d’en avoir s’est mué en désir de découvrir le monde, de dire Dani. Nous aurons des enfants un jour, mais pour le moment, nous voulons surtout savourer nos nouvelles identités. »
Par-delà les apparences, Andrew est resté le même. Dani également. Du moins, c’est ce qu’elle croit. « Ce qui a changé, c’est la dynamique de notre couple – nous avons appris à vivre ensemble autrement. » Ce qu’ils attendent l’un de l’autre à présent, c’est l’équilibre, la perspective, l’inspiration. « On doit faire équipe, affirme Dani. On n’a pas le choix. Seul, on n’y arrive pas. »
Pour Andrew, cette « année de la santé » a été un « temps pour moi ». C’était forcé, reconnaissent-ils tous les deux. Il jouait sa vie. Cette partie-là est gagnée. Il se maintient autour des 88 kilos qui correspondent à l’idéal pour sa taille. Son plan est simple : tenir le cap. Simple, mais pas facile. Les gens qui perdent autant de poids en si peu de temps subissent souvent une « adaptation métabolique » : leur corps se croit victime de famine, et leur métabolisme ralentit pour économiser le plus de calories possible. Andrew dispose toutefois d’atouts non négligeables. Il est jeune, il adore s’entraîner, et il peut compter sur le soutien sans faille de sa femme – à laquelle il devra peut-être rendre la pareille bientôt. À la mi-novembre, Andrew doit subir une dernière intervention pour exciser un bourrelet de chair sous sa poitrine. Ensuite, précise-t-il, « je ne pourrai pas m’entraîner pendant cinq semaines ».
Dani attend impatiemment cette convalescence. Après la précédente intervention – à l’estomac – ils ont fait des promenades tous les jours pendant des semaines. De simples balades, comme jadis, quand marcher était l’effort suprême.