Vie conjugale: le mariage est un tas de compost

Comparer la vie conjugale à un tas de compost? Voici pourquoi Sophie n’a jamais oublié le discours insolite prononcé par son père le jour de ses noces.

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Un discours inattendu sur la vie conjugale.
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Un discours inattendu sur la vie conjugale

«Si la vie n’est pas un lit de roses, qu’en est-il alors de la vie conjugale? Peut-être que réussir son mariage est un peu comme ériger un bon tas de compost.»

C’est sur cette réflexion singulière que mon père a entamé son discours lors de mon mariage. J’avais le sourire crispé. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais quand j’avais demandé à mes parents de prendre la parole lors de la cérémonie, qui se tenait sur la pelouse impeccable d’une vieille propriété de Toronto, en 1990.

Mes parents ont toujours un peu détonné dans notre banlieue de Richmond Hill, en Ontario. Il y a eu des moments, à l’adolescence, où je voulais faire semblant qu’ils n’étaient pas les miens. Aujourd’hui, je n’éprouve pourtant qu’une immense fierté pour leur progressisme, leur indépendance et leur créativité.

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La vie conjugale c'est se construire à deux.
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Des parents avant-gardistes?

Rares sont les enfants qui tirent plaisir de la non-conformité de leurs parents! Au cours de mon enfance et de mon adolescence, dans les années 1970 et 1980, je voulais seulement m’intégrer aux autres jeunes – ceux qui possédaient des téléviseurs en couleurs, des allées pavées, des piscines, qui partaient l’hiver en Floride et dont les placards de cuisine regorgeaient de biscuits du commerce.

Nous vivions dans une maison que mes parents rénovaient méthodiquement (comprendre: lentement). Ils pratiquaient la règle des trois R (réduire, réutiliser, recycler), quasiment inconnue à l’époque. Le jour des poubelles, ils ramenaient des meubles récupérés, ravis de la possibilité de transformer les rebuts d’autrui en trésor.

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Espacez vos fruits et légumes et suivez bien les directives
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Ne pas jeter

La nourriture était toujours faite maison. Nous, les enfants – Bridget, l’aînée, Ben, le cadet, et moi – avions droit à une heure quotidienne de télévision (petite, en noir et blanc). Mes parents cultivaient leurs propres légumes, tentaient de faire mariner dans du vinaigre les noix noires et âcres qui tombaient de notre noyer et faisaient du vin avec des choses qui auraient normalement été jetées – comme des pissenlits. Ce fut une expérience isolée et, paraît-il, infâme.

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Si vous n'arrivez pas à ressusciter votre plante morte, faites-en du compost.
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Fumier pour le compost et camionnette rafistolée

Papa conduisait une antique camionnette General Motors (le rebut de quelqu’un d’autre!) qu’il avait retapée avec des pièces de vieille machine à laver. Derrière les pièces rapportées et les taches de rouille, elle avait un jour été jaune vif.

Et, oui, mes parents alimentaient un tas de compost dans le jardin pour leur potager et leurs fleurs. Une fois par an, il était nourri au fumier de cheval, que j’aidais à collecter dans une ferme voisine. Nous nous y rendions à bord de la camionnette jaune rafistolée, et je m’avachissais aussi bas que possible, les joues rouges de honte. Mon père et moi mélangions le fumier au compost à l’aide d’une fourche, pendant que les garçons de la maison d’à côté jetaient des coups d’œil à travers la clôture, se pinçaient le nez et se moquaient de nous. C’était, selon mes parents, une belle occasion de rapprochement entre père et fille.

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La vie conjugale est comme un bon tas de compost, cela demande de la réflexion et de la retenue.
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«Un bon tas de compost demande de la réflexion et de la retenue»

Mais revenons à ma cérémonie de mariage. Légèrement paniquée, je me demandais pourquoi il évoquait une montagne de déchets fumants. Pourquoi maintenant? Je portais une longue robe blanche; mes cheveux étaient relevés en chignon, mes ongles manucurés. C’était censé être ma «journée de rêve». Ce n’était pas le moment de raconter des histoires de hippies excentriques sur des épluchures en décomposition et du crottin de cheval. Je me suis préparée à endurer la suite tandis que nos invités pouffaient de rire. Puis quelque chose d’inattendu s’est produit dans le discours de papa: «Un bon tas de compost demande de la réflexion et de la retenue. Certaines choses doivent en être écartées – les pierres et bâtons du préjugé et de l’intolérance, les clous rouillés et bouteilles cassées des idées préconçues et des conventions socia­les. Ce que les voisins en pensent n’a pas d’importance car c’est ce que vous en faites qui compte. C’est votre mariage.»

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Le jardin de la vie conjugale.
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Le jardin de la vie

Tous nos invités étaient devenus silencieux et écoutaient. Mon père était captivant et éloquent.

«Apportez à ce mariage votre désir d’écoute, votre capacité à reconnaître vos erreurs, la certitude durable que votre partenaire vous accompagne en tous points dans la confection de ce tas de compost. Ajoutez-y vos déceptions autant que vos joies, vos frustrations autant que vos victoi­res. Arrosez-le, nourrissez-le au besoin, et il sera bon de temps en temps de le retourner pour faire remonter à la surface ce qui a été caché et réprimé.

«Ne vous faites pas une montagne de ce tas de compost du mariage, mais si vous suivez ces conseils, le jardin de votre vie sera beau – un jardin que votre famille et vos amis voudront visiter et apprécier avec vous. Sa terre sera riche et vous récolterez une abondance de fleurs et de fruits à partager avec vos proches.

«Que vos efforts soient récompensés, car nous vous aimons tous deux.»

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La vie conjugale et le grand amour.
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Le grand amour

Papa est mort au printemps dernier après une longue et difficile décennie de vie avec la maladie d’Alzheimer. Maman et moi étions à ses côtés. Elle est restée le centre de son monde jusqu’à la fin. Leur mariage était leur grand amour. Ils l’ont construit ensemble, y ont ajouté leurs déceptions et leurs joies, leurs frustrations et leurs victoires. Il va sans dire qu’ils se souciaient peu de ce que pensaient les voisins. Et pour finir, ils ont vraiment récolté des fruits et des fleurs à partager. C’était une évidence en observant petits-enfants, enfants, neveux, nièces et amis réunis pour les honorer le jour de ses funérailles. Le service, bien sûr, n’était pas classique. On y a dansé! Et chanté!

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La métaphore du compost et de la vie conjugale.
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Les mots continuent de vivre

Pour la cérémonie d’adieu, mon mari a lu le discours du compost à nos amis. Et tout comme les mots de mon père nous avaient parlé à tous 30 ans plus tôt, ils ont encore touché profondément nos proches à l’heure de conclure le dernier chapitre de sa vie.

Au cours des semaines qui ont suivi, plusieurs nous ont demandé la permission de lire son discours pour le mariage de leurs propres enfants. Nous avons été surpris et émus de voir comment les mots continuent de vivre. La sagesse prend parfois des chemins inattendus.

Papa n’avait qu’une requête pour ses cendres: qu’elles soient dispersées sur le tas de compost.

Tiré de «The best Marriages are a lot like compost heaps», par Sophie Howe, The Globe and Mail (13 février 2019). theglobeandmail.com

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Contenu original Selection du Reader’s Digest

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