Savoir se disputer sans se malmener

S’il est vrai que toute relation a ses hauts et ses bas, il ne faut surtout pas croire qu’une dispute est nécessairement une mauvaise chose. C’est même parfois très sain. Voici 6 point à retenir pour vous assurer que les  vôtres sont productives.

Savoir se disputer sans se malmener

Depuis quelques mois, Rachel Costain et son époux, Aaron, se disputent régulièrement au sujet des travaux de rénovation de leur maison de Toronto. Bien que le problème ne soit pas entièrement résolu, Rachel explique qu’il est normal que des différents surgissent dans un couple qui vit ensemble depuis huit ans.

«Nous avons appris à discuter ensemble, dit cette jeune enseignante de 30 ans. Je pense que c’est une bonne chose de se disputer de temps à autre.»

On le sait, la vie de couple n’est pas toujours un roman d’amour qui finit bien.  «C’est rare qu’un couple ne soit jamais en désaccord, de dire Kevin VanDerZwet Stafford, directeur général de l’OAMFT (Ontario Association for Marriage and Family Therapy). Je crois même que c’est bon qu’il y ait des désaccords au sein d’un couple.»

Toutefois,  souligne-t-il, c’est  la manière dont un couple résout ses conflits qui témoigne d’une relation saine. Voici ce qu’il faut faire pour vous assurer que votre dispute avec votre partenaire soit juste.

1. Faites preuve de bonne foi

Lorsque vous commencez à vous disputer, il est important de garder l’intérêt de l’autre à l’esprit. «Votre partenaire peut ne pas être d’accord avec ce que vous dites sur le coup, mais il ne cherche pas à vous coincer malicieusement», explique Kevin VanDerZwet Stafford. Traiter votre partenaire comme si c’était un adversaire ne vous aidera pas à résoudre le problème de savoir qui conduira les enfants à la partie de soccer la fin de semaine suivante. Même lors des disputes les plus vives, ne perdez pas de vue que votre partenaire se soucie de vous et de vos sentiments.

2. Choisissez le bon moment

Si vous devez soulever un problème litigieux, assurez-vous d’avoir le temps d’écouter la réponse de votre partenaire. «Ne le soulevez pas si vous n’êtes pas prêt à y consacrer tout le temps requis pour le résoudre, explique le thérapeute familial. C’est lorsqu’on est prêt à prendre la responsabilité de ce qu’on dit que la dispute devient saine.»

Par exemple, soulever un problème cinq minutes avant de partir travailler n’est pas la meilleure manière de le résoudre. Avant d’aborder un sujet épineux, assurez-vous plutôt que votre partenaire ait le temps qu’il faut pour s’engager dans une discussion. Si les deux membres du couple ont un horaire chargé,  cela peut vouloir dire qu’il faudra planifier la discussion. «Certains des couples que je reçois dans mon bureau répugnent à cela, souligne Kevin VanDerZwet Stafford, mais, en cours de thérapie,  ils découvrent à quel point c’est utile. Cela permet aux deux partenaires de se préparer adéquatement.»

3. Évitez de vous disputer dans la chambre à coucher

Même si la chambre à coucher est parfois le seul endroit de la maison où l’on a un peu d’intimité, Kevin VanDerZwet Stafford déconseille fortement de se disputer là où l’on dort (where you sleep). «La chambre à coucher est un endroit pour se reposer, dit-il.  Si vous vous y disputez, ou irez-vous pour obtenir un peu de repos?»

Plutôt que de laisser les énergies négatives envahir votre chambre, choisissez un endroit tranquille de la maison, loin du téléviseur et de l’ordinateur. «Il faut fermer les cellulaires, pas seulement les mettre en mode vibration», explique le thérapeute. Et avant de vous lancer dans une dispute, assurez-vous que les enfants sont à l’école, au lit ou dans une autre pièce de la maison.

4. Maîtrisez vos émotions

Dans sa pratique thérapeutique, Kevin VanDerZwet Stafford dit rencontrer essentiellement deux comportements chez les personnes qui se disputent : celles qui ont besoin de temps avant d’aborder un problème et celles qui veulent en discuter immédiatement. «Si votre comportement est différent de celui de votre partenaire, il vous faudra consacrer une partie de la discussion à essayer de comprendre pourquoi vous avez besoin d’aborder les problèmes de façon différente.»

Si vous êtes du genre à vouloir discuter sur-le–champ d’un problème alors que votre partenaire est plutôt du genre à avoir besoin d’y réfléchir longuement, vous devriez, selon le thérapeute, avoir recours à des techniques telles que la respiration profonde (deep breathing), l’exercice ou la tenue d’un journal afin d’atténuer votre stress et laisser à votre partenaire l’espace dont il a besoin pour réfléchir. Vous pouvez aussi parler du problème avec un ami ou un membre de la famille en qui vous avez confiance, histoire de prendre un peu de recul.

5. Ne perdez pas le fil

Selon Kevin VanDerZwet Stafford, les couples qui discutent d’un point délicat commettent régulièrement l’erreur de laisser dévier la conversation. Si la discussion, qui porte sur les tâches ménagères, dévie vers d’autres sujets, par exemple la belle-famille, les menus du souper et les devoirs des enfants, il y a peu de chances pour que vous puissiez résoudre quelque problème que ce soit.

«Soyez clairs sur le sujet de votre discussion, conseille le thérapeute. Au besoin, notez-le sur une feuille de papier.» Si vous constatez que la discussion dévie, rappelez gentiment à votre partenaire le sujet de la discussion avant de poursuivre.

6. Préparez le terrain

Il est important que le couple discute des stratégies à adopter en cas de dispute avant qu’un désaccord ne se présente, explique Kevin VanDerZwet Stafford. «Les couples hésitent à reparler de leurs problèmes lorsque les choses vont bien par crainte de tout faire chambouler. Et pourtant, c’est ce qui renforce la relation. » Pour Rachel Costain et son époux, cela signifie qu’ils s’engagent à se tenir mutuellement au courant de ce qui se passe dans leur vie respective.

«Nous essayons de ne pas larguer un problème sur l’autre à la dernière minute, dit elle. Par exemple, si Aaron doit travailler toute la fin de semaine, il me le fait savoir à l’avance. Si, en revanche, il me l’apprend le vendredi soir, je le prends mal. C’est notre manière à nous de préparer le terrain, en se tenant au courant de ce qui se passe.»