Couple: Comment 3 femmes ont vécu l’infidélité

Que feriez-vous si votre partenaire avait une aventure ou une liaison extraconjugale? Faites la connaissance de trois femmes qui ont relevé ce défi et repris le fil de leur vie.

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« Nous vivons ensemble, mais notre vie sexuelle est terminée. »
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« Nous vivons ensemble, mais notre vie sexuelle est terminée. »

Barbara Samuel * a toujours cru qu’aucune femme ne devrait vivre avec un homme qui la trompe. Mais quand elle a découvert un courriel que son mari depuis 20 ans avait écrit à une collègue, avec qui il avait une liaison depuis deux ans, la décision de le quitter ne fut pas aussi simple qu’elle l’avait imaginée.

Elle a d’abord pensé vendre sa maison de Toronto, pour déménager dans un appartement avec sa fille de 10 ans, mais la réalité s’est imposée à elle. Déménager signifiait que sa fille aurait à faire la navette entre ses parents. En outre, Barbara Samuel devrait payer sa nouvelle maison seule. « La séparation semblait plus facile à dire qu’à faire. J’étais une femme indépendante de 45 ans, mais je me suis sentie piégée, comme une femme au foyer des années 1950. »

Son mari a immédiatement rompu avec sa maîtresse, a demandé pardon et promis de travailler à reconstruire leur union. Ils sont allés en thérapie conjugale pendant six mois, mais aujourd’hui, cinq ans plus tard, l’infidélité plane au-dessus de leur relation.

« Il est un bon père de famille et, après avoir survécu à la douleur de la première année, j’ai été capable d’aller de l’avant. Mais je mentirais si je disais que je ressens le même amour pour lui. » Elle décrit leur relation comme celle de « co-chambreurs amicaux ». Ils partagent les tâches ménagères, contribuent tous deux au budget familial, veillent sur leur fille et échangent des câlins sur le canapé en regardant la télé. Mais c’est tout. Leur vie sexuelle est morte.

Barbara Samuel est incertaine quant à l’avenir et reconnaît que la séparation est une possibilité, lorsque sa fille, maintenant âgée de 15 ans, quittera la maison. « Mes parents ont divorcé et je sais combien cela affecte les enfants. Je suis capable de vivre comme je le fais parce que je ne déteste pas mon mari. Je comprends même comment, après des années de monogamie, un partenaire peut s’éloigner. Mais notre union est meurtrie, peut-être pour toujours, alors je fais des choses qui me rendent heureuse. »

Cela consiste à trouver des moyens d’affirmer son indépendance, à entreprendre de nouvelles activités, comme l’adhésion à un club de golf et à un groupe de randonnée, et à trouver chez ses amies un support émotionnel.

Réflexion après avoir vécu l’infidélité: « Je croyais que mon mari était un roc, mais j’en suis venue à penser que je dois être mon propre roc. »

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« C'est en prenant enfin soin de moi et en me respectant que j'ai pu guérir.»

« C’est en prenant enfin soin de moi et en me respectant que j’ai pu guérir.»

Sandra Barrett * avait ce qu’elle croyait être, non seulement un bon, mais un excellent mariage. Elle et son mari, Bill, riaient tous les jours et avaient deux enfants qu’ils chérissaient. Bill partageait les tâches et l’éducation des enfants, planifiait des voyages en famille et lui écrivait souvent des poèmes. Après 17 ans de mariage, ils avaient encore des rapports sexuels réguliers.

Mais l’année dernière, les choses ont brusquement changé. Son mari, attentionné jusque-là, s’est mis à aller plus souvent en voyages d’affaires et, lorsqu’il était à la maison, à être distant et à passer du temps à texter.

Elle soupçonnait qu’il entretenait une relation et l’a interrogé à ce sujet à plusieurs reprises. Il a toujours nié.

Il l’a accusée d’être paranoïaque, ce qui l’a amenée à demander conseil pour faire face à ce qu’elle croyait être de la jalousie. « Il m’avait convaincue que c’était dans ma tête, » dit Sandra Barrett, infirmière de 51 ans d’Ottawa.

Puis, elle a trouvé la lettre d’amour, écrite par son mari à une femme, qu’il avait connue autrefois et avec laquelle il avait renoué. Enfin, son mari a avoué : il avait une liaison depuis six mois. Il aimait cette femme, qui était aussi mariée et voulait vivre avec elle dès que celle-ci aurait quitté son mari. Entre-temps, il a proposé de vivre au sous-sol jusqu’à ce qu’ils aient réglé les détails de la séparation. « Il voulait garder sa liaison secrète et a essayé de me convaincre que ce serait mieux pour les enfants. » Mais Sandra Barrett n’a rien voulu entendre. Elle lui a dit de partir, ce qu’il a fait.

Les trois mois suivants ont été l’enfer. Sandra Barrett pouvait à peine manger ou dormir. La conséquence de l’infidélité, elle l’a vite comprise, est l’obsession. « Vous remettez en question votre mariage et perdez le sens de la réalité. »

Par une nuit sombre, des pensées suicidaires se sont glissées dans sa tête. Mais elle n’a pas cédé. Barrett savait qu’elle devait suivre le conseil qu’elle avait donné à ses patients dévastés par une infidélité : prenez soin de vous, d’abord. Elle a pris des antidépresseurs pour faire face à la tristesse et des somnifères pour dormir. Elle s’est mise à la course et à la méditation, a tenu un journal quotidien et a demandé de l’aide professionnelle, pour elle et ses enfants.

Parce qu’elle était préoccupée par la douleur émotionnelle de l’échec du mariage, elle a diminué son travail. « Je me sentais affectée sur le plan cognitif et je savais que je risquais de commettre une erreur avec mes patients. » Elle a pris congé pendant un mois, pour ensuite travailler à mi-temps pendant plusieurs mois et a concentré son attention sur ses enfants : prendre soin d’eux lui a permis de traverser l’épreuve, dit-elle.

Et parler l’a aidé. Parce que ses amis et sa famille savaient ce qui s’était passé, d’autres femmes lui ont narré leurs propres histoires et elle s’est sentie moins seule. Après un an, Sandra Barrett estime que le pire est passé.

Réflexion après avoir vécu l’infidélité: « C’est en prenant enfin soin de moi et en me respectant que j’ai pu guérir.»

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« Notre mariage est désormais plus fort que jamais. »

« Notre mariage est désormais plus fort que jamais. »

Lorsqu’Emily Ross* a épousé son mari, Brian, il y a 18 ans, elle lui a dit qu’elle le quitterait s’il la trompait. Puis, il y a cinq mois, Emily Ross a reçu un courriel d’une femme qui avait une liaison avec son mari depuis deux ans. En fait, Brian venait de rompre et cette femme voulait se venger de lui en révélant la liaison à Emily Ross.

Emily Ross, conseillère à la banque de 43 ans, à Vancouver, et mère de deux enfants, admet que son mariage était malheureux depuis des années. Elle assume sa part de responsabilité : son enfance malheureuse lui a laissé un regard sombre sur la vie. « Je n’étais pas heureuse et notre mariage s’en est ressenti. J’ai reconnu que j’avais besoin d’aide. »

Quelques mois avant de découvrir la liaison de son mari, elle s’était inscrite à un week-end intensif de transformation pour les femmes : cela lui a permis d’évacuer la colère et les blessures des trahisons passées et de l’échec de sa relation matrimoniale. « Cela m’a libérée du poids de mon passé et a stimulé mon estime de moi. Pour la première fois, j’ai commencé à me sentir bien dans ma peau. » Sa nouvelle attitude a aussi amélioré son mariage, ce qui a incité Brian à rompre avec sa maîtresse.

« Je crois que si je n’avais pas participé à cette session et obtenu la guérison dont j’avais besoin, la liaison de mon mari m’aurait détruite », dit Emily Ross.

Désireux de préserver leur union, le couple s’est inscrit à un week-end pour couples avec le même conseiller, à qui ils accordent le crédit de les avoir rapprochés. « Brian s’est réengagé avec moi. J’ai pardonné, même si j’ai encore besoin de temps pour guérir complètement. » Le couple a ramené la tendresse dans leur vie quotidienne : ils échangent un câlin à la porte quand ils rentrent du travail, s’envoient des courriels aimants et préparent une croisière à deux, sans leurs adolescents.

Leur vie sexuelle, faible depuis des années, est maintenant plus active. « Brian est plus attentif que jamais. Il a appris à mieux communiquer et moi aussi. »

Réflexion après avoir vécu l’infidélité: « Je comprends que je ne savais pas exprimer mes émotions, ce n’était pas permis quand j’étais enfant. J’ai vécu 18 ans avec cet homme et construit une vie avec lui. Nous avons deux enfants, il est un bon père de famille et une bonne personne, mais, tout comme moi, comme tout le monde, il a ses défauts. L’important est qu’il connaisse ses défauts et assume ses erreurs. Cela a rendu ma décision de rester avec lui plus facile. »

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