Docteur, mon enfant n’a pas d’appendicite aiguë, mais en a tous les symptômes

En explorant la cavité abdominale à l’aide d’une caméra, les médecins voient une énorme quantité de pus… mais pas d’appendicite: en fait, l’appendice est d’aspect tout à fait normal.

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Daniel présente des symptômes similaires à l'appendicite.
Roman Yanushevsky/Shutterstock

Pas d’appendicite, mais une simple gastroentérite?

Le patient: Daniel (les détails biographiques ont été modifiés), garçon de trois ans
Les symptômes: maux de ventre s’intensifiant et fièvre
Le médecin: Dr Saar Hashavya, directeur des urgences pédiatriques au centre médical Hadassah à Jérusalem, en Israël

Les parents de Daniel n’ont pas été surpris d’entendre leur petit garçon se plaindre de maux de ventre. Nous sommes en mars 2019, peu de temps après Pourim, une fête juive au cours de laquelle le petit de trois ans s’est gavé de bonbons. Mais quand Daniel refuse de manger et a des vomissements, ses parents le conduisent à la clinique. Le médecin y voit les symptômes d’une gastroentérite et assure que l’enfant sera rétabli en trois jours. Il recommande le repos et beaucoup de liquide.

Si cela vous arrive, sachez quoi faire après un excès de sucre pour limiter les dégâts.

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Appendicite: les parents de Daniel l'amènent aux urgences pédiatriques.
Corrado Baratta/Shutterstock

Les symptômes empirent

Mais au matin du quatrième jour, la douleur s’intensifie. Plutôt que de s’amuser avec ses jouets, Daniel, fiévreux, reste prostré. Il touche à peine à son assiette et n’arrive pas à déféquer. Inquiets, ses parents l’emmènent aux urgences pédiatriques du centre médical Hadassah, du campus Ein Kerem.

«Pour les pédiatres, la différence entre un enfant qui se porte bien et un autre qui va mal est très claire, explique le Dr Hashavya. Le tableau du petit garçon qui ne va pas bien se dégage d’un ensemble de détails – le teint, la posture, sa façon de s’adresser à vous.» Il se doute bien que Daniel ne souffre pas d’une simple gastroentérite.

Une sensibilité dans le quadrant inférieur droit de l’abdomen est un autre signe de l’état sérieux de l’enfant. Un virus intestinal ne provoque pas ce genre de symptôme. L’hémogramme a révélé le nombre élevé de globules blancs et de marqueurs inflammatoires, signe d’infection.

Assurez-vous de ne jamais toucher ces choses à l’hôpital.

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Pour les médecins, tous ces signes et symptômes mènent à une appendicite aiguë.
Marcin Balcerzak/Shutterstock

L’appendicite soupçonnée

Pour les médecins, tous ces signes et symptômes mènent à une appendicite aiguë, une inflammation infectieuse de l’appendice – une fine poche creuse rattachée au côlon – due à une obstruction. C’est plutôt rare chez un enfant d’âge préscolaire, mais ça arrive. Il faut procéder à l’ablation de l’appendice. «Nous étions abasourdis et inquiets, se souvient Adam, le père de Daniel. Nous imaginions le pire.» Si l’appendice infecté se rompt, les bactéries envahissent l’abdomen.

Une échographie confirme le diag­nostic. Incapable de bien voir l’appendice – en raison de la présence de gaz il n’est pas toujours facile de repérer ce minuscule organe –, le technicien note toutefois une grande quantité de fluides, signe d’une inflammation de l’intestin.

«Tout conduisait à l’appendicite, poursuit le Dr Hashavya. Il était difficile d’imaginer autre chose.» Il y aurait maintenant des antibiotiques pour éviter l’appendicectomie. C’est l’une des nouvelles études sur la santé qui vont changer votre façon de vivre!

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Des examens plus approfondis n’étaient pas requis, car les médecins étaient sûr que Daniel souffrait d'une appendicite.
S_L/Shutterstock

Des examens plus approfondis n’étaient pas requis

Une tomodensitométrie aurait donné un meilleur aperçu de l’intérieur de l’abdomen, mais exposer l’enfant à des radiations inutiles n’aurait rien changé à la nécessité d’une intervention chirurgicale d’urgence. «Nous savions que quelque chose n’allait pas et il fallait agir vite.»

Moins de trois heures après son arrivée à l’hôpital, Daniel est en salle d’opération. Les chirurgiens pratiquent une petite incision dans son abdomen et y glissent une caméra pour trouver l’appendice infecté. Or, en explorant la cavité abdominale, ils voient apparaître à l’écran une énorme quantité de pus. De manière tout à fait inattendue, ils repèrent des adhérences – certains tissus sont littéralement soudés les uns aux autres – avant de constater que l’appendice est d’aspect tout à fait normal.

La suite est encore plus étrange. En poursuivant l’exploration à la caméra, les chirurgiens découvrent un amas de petits objets sphériques dans les intestins. Ils sont lisses et brillants, et de couleurs différentes – rouge, violet, bleu et vert. Ce sont donc ces jolies petites billes qui font des ravages dans l’abdomen de Daniel!

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Appendicite: Daniel a avalé 18 billes magnétiques.
Daniel Zuckerkandel/Shutterstock

18 billes magnétiques

À l’insu de ses parents, environ une semaine avant l’apparition des premiers symptômes, un camarade de Daniel a apporté un jeu d’aimants à la maternelle pour le montrer à ses camarades. Pour un enfant qui adore les bonbons de Pourim, ces billes magnétiques colorées avaient de quoi séduire. Il n’a pas pu résister à la tentation d’y goûter.

Une seule bille serait entrée et sortie de l’organisme sans causer de dégâts, mais Daniel en a avalé 18. Les billes aimantées ont formé deux amas qui se sont logés dans deux parties de son système digestif – le premier dans le duodénum, en haut de l’intestin grêle, et le second plus bas, dans le gros intestin. L’attraction magnétique a réuni les deux amas séparés par des tissus délicats, lesquels, enserrés et privés de leur apport sanguin, ont fini par se perforer.

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Ce qui ressemble à une crise d’appendicite peut très bien être une perforation.
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Similitudes entre appendicite et perforation

Daniel souffre d’une forme du syndrome de Valentino, où l’on observe une rupture exceptionnelle du duodénum avec des manifestations et des symptômes semblables à ceux d’une appendicite aiguë. Cette condition survient généralement après la complication d’un ulcère gastroduodénal et doit son nom à Rudolph Valentino, l’idole du cinéma muet des années 1920, qui en est mort. «Comme dans le cas qui nous occupe, les médecins ont voulu procéder à l’ablation de l’appendice de Valentino avant de découvrir qu’il était normal, raconte le Dr Hashavya. C’est une mise en garde pour tous nos étudiants en médecine: ce qui ressemble à une crise d’appendicite peut très bien être une perforation.»

Les chirurgiens retirent les billes et suturent les tissus endommagés. Ce genre d’infection sévère ne guérit pas toujours parfaitement et il n’est pas rare qu’un patient développe une fistule postchirurgicale. Heureusement, la cicatrice tient bon. Daniel prend des antibiotiques une semaine et retrouve lentement l’appétit. Il lui faudra environ deux mois pour reprendre une vie normale, et ses parents ne noteront aucun effet persistant.

«Il se sent très bien, maintenant», dit son père. Avant d’ajouter: «Mais nous étions loin d’imaginer que des aimants pouvaient représenter un tel danger pour les enfants.»

Contenu original Selection du Reader’s Digest

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