Témoignages : 9 récits sur la force de l’entraide

Ces neuf histoires étonnantes de bonté et d’entraide, racontées par des gens remarquables à travers le Canada, vous donneront envie de croire en la force du partage.

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L'entraide peut aussi prendre la forme d'un engagement écologique.
Stella Bowles, AARON McKENZIE FRASER

Pour l’amour d’un fleuve

Upper Lahave (Nouvelle-Écosse)

En cette époque de crises environnementales, rien d’étonnant à ce que Stella Bowles en ait découvert une dans sa propre communauté. Ce qui étonne davantage, c’est sa détermination à vouloir la résoudre.
Le fleuve La Hève serpente sur une centaine de kilomètres entre le comté d’Annapolis et l’Atlantique, traversant au passage Upper LaHave – où vit Stella –, sur la côte sud de la Nouvelle-Écosse. En 2015, on jugeait son eau impropre à la baignade, et Stella a voulu savoir pourquoi. La fillette, alors âgée de 11 ans, a été bouleversée d’apprendre que la pollution de ce joli cours d’eau venait des eaux usées qu’y déversaient certains de ses voisins sans épuration préalable. « J’étais dégoûtée », dit Stella.

Dans le cadre de son projet de science de 6e année, elle s’est attaquée au problème. Avec l’aide d’un médecin à la retraite, elle a appris à analyser l’eau pour constater que le taux de contamination fécale du fleuve dépassait les normes canadiennes. Son projet a remporté une médaille d’argent lors d’une expo-sciences pancanadienne en 2017. Mais ses concitoyens, y compris son propre frère, continuaient à naviguer sur le fleuve, ignorant qu’il grouillait de bactéries, de virus et de parasites dangereux.

Soutenue par sa mère, Andrea Conrad, Stella a créé une page Facebook et a commencé à sensibiliser la population au problème. Très vite, elle a fait les manchettes du journal local et mis la pression sur les politiques.

On ne peut toujours pas y plonger sans risque, mais comme une centaine de tuyaux d’égout en sont retirés chaque année, les futurs élèves de 6e d’Upper LaHave devraient pouvoir le faire. Aujourd’hui âgée de 14 ans, Stella continue à réclamer des mesures plus rigoureuses pour protéger le fleuve. Cette année, elle a fait le tour de sa province pour mobiliser d’autres jeunes. Quelque temps auparavant, le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et l’administration municipale sont convenus de retirer tous les tuyaux d’égout encore en usage en Nouvelle-Écosse d’ici 2023 et d’investir 15,7 millions de dollars dans l’analyse et la protection des cours d’eau de la province. En août, Stella a reçu le prix Éco-Héros international, récompense honorant l’engagement écologique des jeunes. « Je n’aurais jamais pensé que ce projet me mènerait jusque-là », avoue l’adolescente, qui envisage une carrière en droit de l’environnement.

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L'entraide a permis à Jean-Philippe LaRose de survivre malgré un arrêt cardiaque.
Gracieuseté Jean-Philippe LaRose

Sauvetage en équipe

Longueuil (Québec)

Debout devant le filet en ce 10 décembre 2017, Jean-Philippe LaRose est concentré, les yeux fixés sur la rondelle qui, après la mise au jeu, file vers l’autre bout du gymnase. Il ne reste que 15 minutes à la partie de hockey cosom hebdomadaire à laquelle il se livre avec ses amis depuis plus de 10 ans. Soudain, le jeune père de famille de La Prairie se sent étourdi.

« Je pensais éprouver un coup de chaleur, se souvient-il. J’ai demandé à faire une pause. » Mais il s’effondre et perd connaissance. L’homme de 37 ans vient de subir un arrêt cardiaque.

Né sans valve pulmonaire, Jean-Philippe a déjà subi deux opérations à cœur ouvert et fait l’objet d’une surveillance annuelle. Deux mois plus tôt, sa cardiologue n’a rien trouvé d’anormal et, aujourd’hui encore, la cause de son arrêt cardiaque est inconnue.

« Il a fallu un moment avant qu’on se rende compte que la situation était vraiment sérieuse, raconte un joueur de l’équipe, François Giroux. Lorsqu’on a compris qu’il était inconscient, il y a eu un effet de panique. » Trois de ses coéquipiers retirent son équipement de gardien. La respiration de Jean-Philippe devient pénible puis, après quelques secondes, cesse complètement.

Ses lèvres se teintent de bleu. Un ami, qui préfère garder l’anonymat, prend alors la situation en main. Il entame un massage cardiaque pendant que d’autres partent en courant appeler une ambulance. C’est tout à fait par hasard qu’ils découvrent que l’école est dotée d’un défibrillateur.

La commission scolaire vient en effet tout juste d’en munir ses établissements. « Mon ami a quand même eu à défoncer des portes pour le trouver. Mais je ne serais pas là aujourd’hui sans cette décharge », soutient Jean-Philippe.

« C’est la première fois que j’en voyais un, raconte François. Mais notre ami savait exactement quoi faire. Il a ouvert la machine et celle-ci nous a indiqué la marche à suivre : Massage – Arrêt – 3-2-1 – Choc électrique, etc. »

Les ambulanciers arrivent peu après. « Dès qu’ils ont arraché les ventouses pour placer leur propre appareil, Jean-Philippe s’est levé d’un coup comme dans les films. Il n’avait aucune idée de ce qui se passait et nous a demandé le score de la partie », ajoute-t-il dans un éclat de rire.

Les deux amis sont catégoriques. L’incident aurait pu être fatal sans la présence d’un défibrillateur dans l’école. « Pour moi, cet appareil devrait tenir la même place qu’un extincteur d’incendie, car il peut sauver des vies. On apprend à l’utiliser dans les cours de premiers soins, mais on n’en trouve pas dans les édifices publics. C’est une aberration », conclut Jean-Philippe.

Près d’un an après les événements, Jean-Philippe n’en revient toujours pas d’être en vie. « C’est arrivé au bon moment, dit-il, avec les bons outils et les bonnes personnes. J’aurais pu être en train de passer la tondeuse seul dans ma cour, ou pire, en train de garder mes enfants. C’était mon jour de chance. »

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L'entraide a permis de sauver un renard piégé sur un iceberg.
Le renard arctique avant et après son sauvetage, gracieuseté MALLORY HARRIGAN

Renard à la dérive

Saint Lewis (Terre-Neuve-Et-Labrador)

Un matin de juin, trois pêcheurs de crabe de Saint Lewis font une bien étrange découverte en mer : un renard arctique coincé sur un iceberg en forme de champignon, à environ sept kilomètres au large de leur port d’attache.

Mallory Harrigan, Alan Russell et son père Cliff veulent sauver l’animal en détresse, mais n’arrivent pas à s’en approcher suffisamment pour le saisir. Ils prennent donc la décision de briser l’iceberg avec leur embarcation et de repêcher le renard avec une épuisette. L’opération ayant réussi, l’animal grelottant est séché et gavé de saucisses.

De retour au port, l’équipage garde le renard dans un chenil quelques jours pour évaluer son état avant de le relâcher. Depuis, sa silhouette argentée a été repérée une ou deux fois aux alentours de William’s Harbour. Il semble en parfaite santé.

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Rebecca Schofield a transmis des messages d'entraide qui ont inspirés des milliers de personnes.
Becca Schofield et son chien Benny, gracieuseté d'Annie Schofield.

Appel à la compassion

Riverview (Nouveau-Brunswick)

Il y a deux ans, Rebecca Schofield a appris que ses tumeurs au cerveau étaient inopérables et qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre. Elle avait 17 ans. Elle a alors dressé la liste de ce qu’elle tenait à faire de son vivant : sécher les cours de mathématiques, jouer à des jeux de société en famille, déguster ses plats préférés — dont le macaroni au fromage de son papa — et inciter ses semblables à faire preuve de bonté.

Becca a lancé l’idée sur sa page Facebook. Elle ne demandait pas des actes spectaculaires, mais de petits gestes spontanés qui illumineraient la journée d’une autre personne. Des milliers de gens ont répondu à son appel, racontant sous le mot-clic #BeccaToldMeTo qu’ils avaient tenu une porte ou offert un café à un inconnu, ou encore distribué des barres de céréales à la salle d’entraînement.

Becca Schofield est décédée le 17 février, à 18 ans, mais son dernier cadeau, #BeccaToldMeTo, lui survit. « Chaque jour, on me le rappelle », dit sa mère Anne Schofield.

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L'entraide a permis à deux accidentés de la route de survivre.
Vitpho/Shutterstock

Héros de l’autoroute

Toronto (Ontario)

Frank Vieira, un chauffeur de poids lourds de 48 ans, estime qu’il a fait presque 10 millions de kilomètres en 32 ans de métier, sans un seul incident. Le matin du 24 août 2017, en allant de Toronto à Hamilton, le bruit d’une violente collision lui fait lever le pied et se ranger sur la bande d’arrêt d’urgence. Dans la voie qui va dans l’autre sens, un VUS a embouti l’arrière d’un poids lourd pris dans un ralentissement.

Il s’approche de la voiture. Un bout du volant fracassé a transpercé le cou du conducteur. De sa main droite, Frank appelle les secours pendant que de sa gauche il applique une pression sur le cou du blessé pour endiguer le saignement. Le chauffeur du poids lourd accidenté, venu à son tour vérifier ce qui s’est passé, s’évanouit immédiatement. Frank pousse alors du pied la jambe étendue de son collègue pour la mettre à l’abri des véhicules qui circulent tout autour.

Le service de sécurité incendie l’informera par la suite que le conducteur se remet de ses blessures. En mars, le camionneur a reçu le prix Héros de l’autoroute de Goodyear pour son sauvetage. Il reste modeste : « J’étais au bon endroit au bon moment. »

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L'entraide a permis à un homme de survivre miraculeusement malgré un infarctus massif.
Mike Estepa et Larissa Arthur, COLIN WAY

Un ange sur sa route

Calgary (Alberta)

Dans l’après-midi du 5 août, Mike Estepa est foudroyé par un infarctus massif. Ce cycliste passionné vient de rouler 40 km quand il s’arrête au bord de Springbank Road, non loin de Calgary, pour envoyer à sa famille un texto annonçant son retour dans une trentaine de minutes. Quelques instants après, il gît inconscient dans le fossé.

Avec une amie, Larissa Arthur revient en voiture d’une randonnée. La journée est chaude et ensoleillée. Les deux femmes bavardent lorsqu’une tache jaune attire leur attention.

En s’approchant du corps étendu, Larissa craint le pire : l’homme est couvert de fourmis et ne présente aucun signe de vie. « Ses lèvres étaient bleues, se rappelle-t-elle. Son pouls était imperceptible, et il ne respirait pas. » Pendant qu’un passant appelle les urgences, Larissa, qui est infirmière, commence la compression thoracique. Deux autres conducteurs s’arrêtent peu après et l’aident à pratiquer la RCR pendant les 15 minutes qu’il faut aux ambulanciers pour arriver.

En reprenant connaissance à l’hôpital deux jours plus tard, Mike est stupéfait d’apprendre qu’il a fait un arrêt cardiaque. À 50 ans, il mène une vie active et est en pleine forme. Comment est-ce possible et par quel miracle a-t-il survécu? Il veut absolument rencontrer la femme qui l’a sauvé, son « ange », comme il la surnomme.

La rencontre a eu lieu quelques semaines plus tard, le 3 septembre. Des retrouvailles « très émouvantes » selon l’infirmière. Pour plusieurs raisons d’ailleurs : la randonnée dont elle revenait était dédiée à la mémoire de son père, décédé le 21 août 2017 dans une chute lors d’une balade à laquelle elle devait prendre part, aux environs du lac Louise. « Je n’ai pas pu sauver mon père, mais j’ai eu une chance de sauver quelqu’un. »

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L'entraide est aussi une affaire de charité.
NIKCOA/Shutterstock

Au secours des femmes

Montréal (Québec)

Andrew Harper voulait faire un don à une œuvre de charité pour honorer la mémoire de sa femme Carole et lutter contre la pauvreté à Montréal. En mai, l’homme de 95 ans a choisi Chez Doris, un refuge de jour pour les femmes vulnérables qui fournit plusieurs services : des repas, des vêtements, des douches, un programme éducatif, une clinique juridique et des soins de santé. Ce don inattendu d’un million de dollars n’est pas seulement le plus important des 41 années d’existence de cet organisme ; il change carrément la donne!

« Une pareille somme est banale pour une université ou un hôpital, pas pour une organisation de lutte contre la pauvreté », dit la directrice générale de Chez Doris, Marina Boulos-Winton. Elle précise qu’à Montréal il y a de 70 à 110 lits disponibles en urgence pour les femmes alors qu’elles constituent le quart des sans-abri de la ville. Ce refuge dispose à présent de 20 lits pour les cas d’urgence grâce au nouvel édifice acheté avec l’argent de M. Harper ; la directrice générale estime que le don fournira un refuge à 300 femmes chaque année.

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L'entraide est parfois nécessaire dans des situations d'urgence.
Louis.Roth/Shutterstock

Sur les rails

Toronto (Ontario)

Kyle Busquine, un jardinier-paysagiste de Scarborough, rentre chez lui en métro, ce 28 juin, quand le train s’arrête brusquement et ne repart pas. Le jeune homme de 24 ans passe la tête par la porte du wagon pour voir ce qui cause ce retard et aperçoit sur la voie qui va dans l’autre direction, un homme malvoyant qui appelle à l’aide.

« En l’entendant crier qu’il était blessé, j’ai eu une poussée d’adrénaline», dit-il. Sans savoir si un train va arriver, il saute sur la voie pour secourir le blessé qui semble s’être cassé la jambe. Mais le jeune homme se rend compte qu’il ne pourra pas le soulever seul sans aggraver la fracture. Par chance, deux autres voyageurs – Julio Cabrera, matelot à bord d’un traversier, et Jehangir Faisal, étudiant en génie rejoignent le jardinier et l’aident à soulever l’homme et à le déposer sur le quai. Des employés du service de transport prennent la relève.

Témoin du sauvetage, Julie Caniglia l’a décrit sur Facebook. Sa publication a suscité plus de 7000 commentaires, dont celui-ci : « Les Canadiens savent s’entraider. Voilà les héros dont nous devrions entendre parler. Que Dieu vous bénisse. »

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L'entraide de toute une ville a facilité la vie d'une famille en difficulté.
Ferme des Williams, JEFF BROWN

Tous pour un

Milestone (Saskatchewan)

Milestone compte près de 700 habitants et son maire, Jeff Brown, connaît le nom de chacun.

Le 18 août, il apprend que l’un d’eux, Brian Williams, est décédé des suites d’une brève maladie, laissant une femme, trois fils et près de 260 hectares de blé dur encore sur pied.

« Nous savions que Brian était malade, dit le maire, lui-même agriculteur. Et si une famille est en difficulté, notre communauté se mobilise. » Il envoie un texto à une dizaine de personnes leur demandant un coup de main. La nouvelle se répand vite.

Le lendemain, 20 moissonneuses entrent dans les champs des William et terminent en trois heures une récolte qui aurait demandé plusieurs jours aux fils du défunt. « À l’époque où les machines étaient moins puissantes, les familles s’entraidaient de cette façon-là, observe Jeff Brown. Nous avons ça dans le sang. »

Ces 14 histoires de voisinage témoignent de la générosité des gens. 

Contenu original Selection du Reader’s Digest

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