Héros de la COVID-19: les petits gestes qui changent tout

Il n’y a pas d’âge pour être un héros de la COVID-19. Face à la pandémie, ils ont décidé d’aider, tout simplement.

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Noah Dagenais, héros de la COVID-19, livre ses pains en compagnie de sa mère, Marie-Hélène Laporte.
Maude Chauvin
Noah Dagenais livre ses pains en compagnie de sa mère, Marie-Hélène Laporte.

Boulanger en culottes courtes

17 avril. Noah Dagenais, 8 ans, sort du four avec l’aide de sa maman une brioche fumante qu’ils ont cuisinée pour passer le temps pendant la crise de la COVID-19. Comme tous les enfants, Noah est confiné chez lui, à Lachine, depuis plus d’un mois. «Mon père a trouvé mon pain tellement bon qu’il m’a dit que je devrais le vendre», raconte-t-il.

Bien avant la pandémie, Noah et ses amis étaient justement à la recherche d’une idée d’entreprise de coin de rue pour faire un peu d’argent de poche. «Je voulais absolument une trottinette», raconte le gamin.

Enthousiasmés par l’idée, Noah et sa famille se lancent dans l’aventure. «En 15 minutes, la page Facebook et le logo de la boulangerie Bickerdike étaient créés», raconte sa mère, Marie-Hélène Laporte. Ils envoient le lien aux amis et aux voisins et, dès ce premier week-end-là, reçoivent une quinzaine de commandes. Au cours des semaines suivantes, la demande ne cesse d’augmenter. Pain torsadé au cheddar, pain triple chocolat, pains briochés… Les journées aux fourneaux s’enchaînent.

Très vite, le journal local entend parler de l’initiative. La famille est même invitée sur le plateau de l’émission Salut Bonjour. «On a reçu près de 500 messages sur notre page Facebook, poursuit Marie-Hélène. On s’est demandé si on continuait.» Noah a en effet tous les sous dont il a besoin. Ils ont alors une pensée pour les gens qui n’ont pas leur chance et qui sont affectés par la crise sanitaire. «On connaissait des gens qui avaient soudainement recours aux banques alimentaires.»

La famille se tourne alors vers un partenaire capable de répondre à la demande. La Boulangerie Ange, à Boucherville, accepte de cuire les pains. Deux dollars pour chaque pain de la «fournée de Noah» seront remis à diverses banques alimentaires, dont Le relais populaire, qui offre un soutien alimentaire aux familles démunies. En à peine deux semaines, 1500$ de denrées sont distribués à des Lachinois dans le besoin.

«Je suis vraiment content de pouvoir donner un sourire aux gens en leur apportant du pain frais le matin», souligne Noah. Et en donnant aux autres, Noah découvre une richesse insoupçonnée. «Un jour, maman et moi sommes allés livrer une commande dans une résidence de Lachine. Les résidents étaient tous confinés, mais il y avait un groupe de musique qui jouait sur la pelouse devant l’édifice. Les aînés étaient sortis sur leur balcon pour danser. On pleurait tellement c’était beau de voir qu’ils avaient encore de l’espoir et de la bonne humeur.»

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Dionne et son mari Graham sont des héros de la COVID-19.
Avec la permission de Dionne Warner
Dionne, ici avec son mari Graham, ne sait pas encore ce que lui réserve cette journée.

Défilé contre le cancer

Ayant déjà survécu à neuf cancers, Dionne Warner, de Regina, a cru au miracle en apprenant que les tumeurs disséminées dans tout son corps avaient diminué. Elle aurait voulu fêter la nouvelle, mais elle était en quarantaine avec son mari Graham.

Le dimanche de Pâques, Graham l’a convaincue de faire une promenade malgré le temps froid. Elle a dit oui à condition qu’ils portent des oreilles de lapin. Il a accepté. En descendant l’allée, elle s’est demandé pourquoi toutes les maisons du voisinage avaient des airs de fête. Elle a alors vu approcher la procession de 55 véhicules, dont deux semi-remorques, que Graham avait organisée secrètement en son honneur. Ivre de joie, Dionne a regardé ses voisins défiler en lui criant leurs félicitations et en klaxonnant. «Je n’arrêtais pas de pleurer, se rappelle-t-elle. C’était trop beau.»

Le plus beau, ajoute le couple, c’est que leur quartier du nord-est s’est transformé en une communauté unie dont les membres s’entraident pour mieux traverser la pandémie. «Nous nous parlons comme jamais auparavant », souligne Graham.

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Un masque de protection humide, retiré trop tôt.
JASMIN MERDAN/GETTY IMAGES

Bienfaiteurs masqués

Fin mars, un jeune homme est entré dans l’épicerie de Joe Zhou et Melissa Gu à Saskatoon, Ferr’s Asia Foody, et a déposé 20 masques jetables à la caisse. Client régulier, il avait remarqué que les employés n’en avaient pas et voulait les protéger.

Inspirés par sa bonté, Joe et Melissa ont décidé de donner au suivant. Ils ont pris contact avec un ami qui travaille dans une pharmacie en Chine et se sont procuré 5000 masques chirurgicaux jetables qu’ils ont donnés aux travailleurs de première ligne de leur ville, alors aux prises avec une pénurie de personnel et d’équipement de protection comme partout au pays. «Nous espérons que ça améliore un peu la situation des gens qui sont au front», dit Melissa.

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James Piccoli est l'un des héros de la COVID-19.
Charles Ouimet
Pour aider le personnel soignant, James Piccoli va gravir 100 fois Camillien-Houde.

Grimper pour la bonne cause

Depuis le début de la crise de la COVID, peu de choses ont changé pour le cycliste professionnel montréalais James Piccoli. Chaque jour, il enfourche son vélo et parcourt les rues de la métropole pendant plus de six heures. Lorsqu’il rentre à la maison, il est si fatigué qu’il se glisse sous les couvertures dès son souper avalé.

Il se sent «extrêmement privilégié» de subir très peu d’impacts de la crise sanitaire, mais sait que les gens de son entourage n’ont pas tous la même chance. «Ma copine est infirmière à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Comme la plupart de ses collègues du milieu de la santé, elle travaille 12 heures par jour en permanence.»

Devant un tel dévouement, James Piccoli avoue s’être senti à plusieurs reprises impuissant. «Pendant que je pédale, d’autres sauvent des vies.»

L’idée lui vient alors de ramasser des fonds pour, dit-il, «fournir du matériel médical aux travailleurs de la santé du Québec qui se battent au front.» L’athlète se lance donc un défi pas piqué des vers… une épreuve qu’aucun autre cycliste n’a réussie auparavant : gravir à 100 reprises la voie Camillien-Houde, un chemin abrupt de 1600 mètres situé sur le versant nord du mont Royal.

Tout un exploit lorsque l’on considère que le Grand défi cycliste de Montréal, une course d’une journée considérée comme l’une des plus épuisantes du monde, emprunte la voie à (seulement !) 18 reprises.

C’est donc armé de son inébranlable motivation que James Piccoli entame ses ascensions, le 2 mai au petit matin, sous les encouragements de partisans et amis croisés sur la route. Il faut dire que le défi a de quoi impressionner.

Après 14 heures et 40 minutes, 12 000 calories brûlées, 12,7 kilomètres de dénivelé positif (une fois et demie la hauteur de l’Everest) et près de 330 kilomètres d’effort au compteur, James Piccoli peut enfin crier victoire.

«C’était donc de loin le plus long parcours de ma vie, et j’étais évidemment épuisé, mais ça s’est beaucoup mieux passé que je l’avais imaginé. Le courage des médecins et des infirmières m’a donné une force insoupçonnée.»

Avec sa campagne GoFundMe, le cycliste – qui s’était fixé un objectif de 3000$ – a amassé plus de 20 000$. «Je n’en reviens toujours pas!» La générosité des Québécois lui permettra de distribuer des masques, des désinfectants et des savons dans plusieurs CHSLD ainsi que dans les organismes Dans la rue et Mission Old Brewery, qui viennent en aide aux gens en situation d’itinérance.

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Joignez un club de lecture ou allez à la bibliothèque pour vous faire des amis.
DMYTRO GILITUKHA/SHUTTERSTOCK

Des livres aux vivres

Quand plus du tiers des banques alimentaires torontoises ont dû fermer, à la mi-mars, le réseau des bibliothèques publiques de la Ville a pris la relève, transformant en quelques jours plusieurs de ses succursales en comptoirs alimentaires. Six semaines plus tard, il comptait 13 points de collecte et avait déjà dépanné 10 000 personnes. Il y avait urgence: certaines banques alimentaires torontoises ont vu leur clientèle augmenter de plus de 50% durant la pandémie.

Plusieurs organismes déposent quotidiennement des dons au centre de distribution de la bibliothèque municipale – au cours d’une des premières semaines, ils ont livré 27 palettes. Des employés de la bibliothèque font bénévolement des paniers de pâtes et de conserves de viande, de légumes et de fruits. Une autre équipe les livre aux succursales où les produits périssables comme le lait et les légumes frais sont ajoutés.

Le personnel de la bibliothèque garde ses distances, mais adresse un petit salut à chaque visiteur, lui demandant comment ça va et déposant un livre pour chaque enfant dans le panier. «Ils rendent la chose aussi chaleureuse que possible, raconte Gail MacFayden, la directrice d’un secteur de la bibliothèque. C’est le genre de contact social qui manque aux gens.»

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Ôtez la charpie de la sécheuse pendant votre ménage d'automne.
UB-FOTO/SHUTTERSTOCK

Je nettoie pour vous

Imran Rajpoot, propriétaire du nettoyeur Dolphin Cleaners à Calgary, sait que la lessive prend du temps et ne voulait pas que les travailleurs de première ligne passent leurs précieuses heures de repos à désinfecter leur tenue. En avril, il a donc offert un service de nettoyage aux équipes de santé et d’urgence. En quelques semaines, il a dépanné 300 personnes. «Il y a un temps et un lieu pour chaque chose, a-t-il déclaré à la CBC. Ce n’est pas l’heure de faire des profits, mais de servir l’humanité.»

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N’hésitez pas à vous faire aider si vous choisissez de vieillir chez vous.
SpeedKingz/Shutterstock

Juste retour des choses

En 2016, Robin Stevenson a parrainé les réfugiés syriens Marwa Ataya, Salim Ajaj et leurs quatre jeunes enfants. Quand il sont arrivés à Victoria, en Colombie-Britannique, la Canadienne de 51 ans les a aidés à trouver un logement et à se meubler. Ils sont devenus des amis, et Robin faisait souvent ses emplettes à l’épicerie du couple.

Quatre ans plus tard, c’est Robin qui a eu besoin d’aide. Elle était allée au Mexique avec son conjoint et leur fils adolescent au début de mars. Quand ils sont rentrés, la COVID-19 se propageait rapidement. Ils se sont enfermés chez eux sans avoir la possibilité de faire des courses.

Quelques jours après, Robin a reçu un texto de Marwa: «Je suis devant ta maison.» En ouvrant, elle a trouvé sept sacs d’épicerie sur le pas de la porte et son amie debout sur le trottoir. Les sacs contenaient des produits de première nécessité – viande, sucre, fromage, farine – mais aussi des gâteries, dont de la moussaka et des bonbons. «Son mari et elle tiennent une épicerie et élèvent quatre enfants, dit Robin, mais ils ont trouvé le temps de s’occuper aussi de nous.»

Elle y voit un exemple parmi tant d’autres de la contribution des nouveaux arrivants à la douceur de la vie canadienne. «À la fin de cette pandémie, il y aura une longue liste de réfugiés désireux de s’établir ici. J’espère que des Canadiens seront prêts à les aider.»

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Alain Gauthier et sa femme, Pamela Gabo Scott, sont des héros de la COVID-19.
Maude Chauvin
Alain Gauthier et sa femme, Pamela Gabo Scott, ont littéralement mis la main à la pâte.

Un couple aux fourneaux

Alain Gauthier se trouve chez lui, le vendredi 17 avril, lorsque le téléphone sonne. Au bout du fil, le propriétaire de la résidence Notre-Dame-de-la-Victoire, où il travaille comme homme à tout faire depuis près de 5 ans, lui dit qu’il a un besoin d’aide urgent.

Le cuisinier de la résidence vient de lui annoncer qu’il est atteint de la COVID-19. Le chef, pour sa part, est également en arrêt de travail. Si Alain Gauthier ne trouve pas un traiteur rapidement, les 47 pensionnaires de la résidence n’auront rien à manger.

Depuis le début du mois de mars, la crise de la COVID-19 ravage le Québec. À la résidence Notre-Dame-de-la-Victoire, à Saint-Hubert, comme dans plusieurs établissements de soins de longue durée, de nombreux bénéficiaires ont été infectés. Peu à peu, les préposés, les infirmières et les employés de soutien tombent eux aussi au combat. Cette fin de semaine-là, il ne reste que trois employés sur les vingt que compte habituellement l’établissement.

Alain Gauthier termine tout juste une semaine de congé lorsqu’il reçoit l’appel de son patron. «Trouver un traiteur en moins de quatre heures, c’était mission impossible. J’ai passé plusieurs appels et réussi par miracle à en contacter un qui était prêt à commencer le lundi. Il restait deux jours à combler.»

Pour Alain, il est impossible de laisser tomber ces gens. «Ça aurait pu être mon père ou ma mère. » Pamela Gabo Scott, sa conjointe, accepte au pied levé de cuisiner pour les résidents.

«C’était plus fort que moi, affirme-t-elle. On savait qu’on jouait avec notre vie, mais le besoin d’aider allait au-delà de la peur.»

Pendant toute la fin de semaine, Alain et Pamela cuisinent et servent tous les repas, cumulant près de 40 heures de travail en à peine plus de deux jours. Aux fourneaux, Pamela concocte sandwichs, œufs farcis, gâteaux, poudings, pâtés chinois et «la plus grosse salade de pommes de terre que j’ai jamais cuisinée de ma vie.»

Abraham Kaufman, propriétaire de la résidence, n’a pas été surpris de la générosité de son employé. «Alain a toujours à cœur le bien-être de tous. Quand il a offert de préparer les repas pour le week-end avec Pamela, c’était un geste exceptionnel dans une circonstance exceptionnelle.»

S’ils retiennent quelque chose de cet acte de bravoure et de générosité, ce sont la force, la résilience et la générosité des gens qui gèrent cette crise en première ligne. «Je leur lève mon chapeau, s’exclame Pamela. Ils travaillent comme des fous, sans perdre leur sollicitude envers leurs patients. C’est admirable.»

Vous serez surpris d’apprendre que ce couple a sauvé son mariage en cuisinant.

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Min Lee est l'un des héros de la COVID-19.
Virrage Images/Shutterstock

Au repos du guerrier

En raison de la pandémie, les haltes routières ont fermé partout au pays, si bien que les chauffeurs de poids lourds ne disposaient plus de lieux où faire leur toilette au terme d’un long trajet. Min Lee, directeur du Morris Stampede Inn, un hôtel à environ 45 minutes de Winnipeg, a résolu ce problème en leur ouvrant gratuitement les chambres inoccupées pour se doucher et se reposer tout en faisant leur lavage. Plusieurs douzaines de chauffeurs reconnaissants en ont profité. Sa générosité a fait des émules parmi les motels et hôtels canadiens. «Ces chauffeurs risquaient leur vie pour nous approvisionner, dit Min Lee. Nous voulions les remercier.»

Amateur de témoignages, ces récits de bonté, de compassion et de bravoure vont vous plaire!

Contenu original Selection du Reader’s Digest

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