Comment le jeu contribue au développement de l’enfant ?
Le jeu recèle des avantages essentiels au développement de l’enfant.
VOUS CROYEZ QUE LE GARÇON de six ans qui saute dans les flaques d’eau perd un temps qu’il devrait plutôt consacrer au piano ? Vous avez tort. Des recherches menées depuis la fin des années 1970 ont démontré que le jeu non organisé (bâtir des châteaux de sable, se déguiser, dessiner, etc.) développe toutes sortes de compétences utiles, notamment les fonctions cognitives comme la capacité de lire et de résoudre des problèmes.
Les activités organisées (dont les leçons de piano) procurent aux enfants de précieuses chances d’apprendre, mais on ne devrait pas sous-estimer l’importance de jouer juste pour le plaisir. En 2014, la revue Frontiers in Psychology a publié un rapport affirmant que les enfants qui jouent librement deviennent plus aptes à se fixer des objectifs et à les réaliser que ceux qui se livrent presque uniquement à des activités organisées, comme les sports.
« Les enfants ont besoin de temps libre pour développer leurs facultés cognitives, créatrices et sociales », affirme le Dr William Ammons, psychologue clinicien pour jeunes à Bowmanville, en Ontario. Quand on leur demande d’exécuter une tâche, poursuit-il, ils se concentrent sur ce seul but. Ceux qu’on n’encadre pas, en revanche, doivent apprendre à évaluer les possibilités, à prendre des décisions et à entrer en relation avec les autres s’ils veulent jouer. « On doit leur laisser du temps pour réfléchir tranquillement et flâner. Rien à voir avec les lancers au panier. »
Le jeu instruit
Comme les enfants aiment instinctivement jouer, ils n’ont pas besoin de grand-chose pour stimuler leur imagination. D’un simple morceau de tissu, ils tireront un jeu de rôle qui nourrira leur développement psychologique. En apprenant à écouter, à attendre leur tour, à partager leurs idées, ils font plus que jouer aux sorciers ou aux astronautes, ils s’identifient aux autres. L’empathie et la sensibilité qu’ils acquièrent ainsi leur seront utiles plus tard. L’expérience ludique enrichit leur connaissance du monde et d’eux-mêmes.
Les parents devraient éviter de trop s’inquiéter si leur enfant sacrifie parfois ses devoirs au profit de ses jeux et jouets. Selon Ken Gardner, psychologue et directeur du Rocky Mountain Play Therapy Institute à Calgary, une clinique de thérapie par le jeu, on est en train de démontrer que la richesse des possibilités de jeux va de pair avec la maîtrise de la lecture. « En troisième année, c’est un meilleur indicateur du succès scolaire futur que la réussite en classe », précise-t-il.
Le jeu guérit
Le jeu fait aussi beaucoup de bien à l’âme. Au Rocky Mountain Institute, les thérapeutes s’en servent pour aider les jeunes patients à résoudre des problèmes et à surmonter des traumatismes. Les enfants qui ont peut-être du mal à décrire leurs expériences verbalement sont invités à utiliser jouets, matériel d’artiste, musique ou mouvement pour les exprimer. La plupart du temps, ils passent par le langage, mais le jeu les aide à communiquer autrement.
« Le jeu leur permet de mieux comprendre et dominer leurs émotions, note M. Gardner. Il a une fonction d’autoguérison. Les enfants qui jouent ce qu’ils ont vécu en retirent le sentiment d’être maîtres de leur vie. »
Savoir les imiter
S’il est important de laisser aux enfants du temps pour s’amuser librement, les adultes qui veillent sur eux ne doivent pas s’interdire de participer à leurs jeux. L’expérience devient alors plus enrichissante, car les enfants, se sentant privilégiés, s’attachent davantage et communiquent plus facilement.
Les adultes doivent toutefois résister à la tentation de transformer le jeu en leçon, prévient le psychologue. « Suivez plutôt l’exemple de l’enfant afin de bien sentir ce qu’il attend de vous ; c’est ainsi que la relation gagnera en force. »